Air France solde son conflit interne avec un accord salarial

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Air france signe un accord salarial avec ses syndicats[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Air France a signé vendredi un accord salarial avec la majorité de ses syndicats représentatifs, soldant ainsi le conflit à l'origine de grèves à répétition et de la démission en mai du précédent PDG de sa maison mère, Air France-KLM.

La compagnie aérienne confirme dans un communiqué avoir proposé des augmentations générales des salaires de 2% pour 2018 avec effet rétroactif au 1er janvier et une hausse de même ampleur au 1er janvier 2019.

La hausse proposée semble très loin des 5,1% réclamés dès cette année par l'intersyndicale à l'origine des grèves qui ont coûté 335 millions d'euros à Air France-KLM et entraîné le départ du PDG du groupe franco-néerlandais Jean-Marc Janaillac, défait lors d'un référendum interne sur les salaires.

Les syndicats comptent cependant sur la prochaine négociation annuelle obligatoire qui sera engagée avec les organisations représentatives de toutes les catégories de personnel en octobre 2019, offrant ainsi un répit au nouveau directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, pour mettre en oeuvre sa stratégie.

Le relèvement de la rémunération minimale annuelle de 23.300 à 23.500 euros, la hausse de 100 euros de la prime annuelle et le fait que la progression ne sera pas inférieure à 50 euros pour les plus bas salaires ont également convaincu l'UNSA de signer, a déclaré à Reuters sa secrétaire générale, Françoise Redolfi.

VICTOIRE POUR L'INTERSYNDICALE MAIS SANS LE SNPL

Sur un salaire mensuel brut de 3.000 euros (qui concerne près de la moitié des effectifs d'Air France), la proposition initiale de l'ancienne direction était une hausse de 228 euros en 2018 et rien en 2019, tandis que l'accord signé vendredi représente une augmentation annuelle de 780 euros cette année et de 795 euros l'an prochain.

"C'est un bon exemple de réussite d'une intersyndicale", a estimé Françoise Redolfi, faisant référence à l'alliance d'une dizaine d'organisations pour porter les revendications tout au long de cette année.

Le Syndicat des pilotes d'Air France (Spaf), deuxième organisation de la compagnie, a lui aussi signé l'accord en attendant en échange l'ouverture de négociations avec la direction sur les conditions spécifiques des pilotes et la rémunération additionnelle qui va avec, a dit son président Grégoire Aplincourt.

"A la direction de montrer sa bonne volonté puisque nous en avons fait preuve", a-t-il déclaré, ajoutant que la compagnie avait d'ores et déjà demandé aux syndicats de pilotes de lui proposer des dates de réunion.

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) n'a en revanche pas signé l'accord qu'il juge "ambigu" concernant les hausses de salaires pour 2019. Il attend pour se prononcer de voir la "photographie globale", c'est-à-dire intégrant les négociations spécifiques avec les pilotes.

"C'est dommage, c'est une occasion manquée car on n'était pas loin de l'unanimité des syndicats", a dit à Reuters son président Philippe Evain.

La CGT a elle aussi refusé de signer l'accord, paraphé par les cinq autres organisations représentatives de la compagnie (CFDT, CFE-CGC/Unac, FO/SNPNC, Spaf et Unsa), qui ont représenté 76,4% des suffrages aux dernières élections.

"Les mesures nous semblent aller dans le bon sens, tant pour 2018 que 2019", a dit Bernard Garbiso, secrétaire général de la CFE-CGC, premier syndicat sur l'ensemble des personnels à Air France.

Malgré cet accord, le titre Air France-KLM a perdu 3,4% à 8,19 euros, pénalisé notamment, comme ses concurrentes, par une note sectorielle négative de l'intermédiaire Mainfirst qui prédit un hiver difficile aux compagnies aériennes.

(Avec Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot et Bertrand Boucey)