La prévision optimiste de Thyssenkrupp laisse le marché indécis

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Thyssenkrupp s'efforce de rassurer avec ses previsions annuelles[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff

ESSEN, Allemagne (Reuters) - Thyssenkrupp a annoncé mercredi des prévisions optimistes pour 2019, avec une reprise en vue dans presque toutes ses divisions, ce qui a suscité l'indécision parmi les investisseurs, inquiets de la stratégie du conglomérat allemand depuis l'annonce d'une scission de ses activités.

Le groupe table désormais sur un bénéfice d'exploitation ajusté au-dessus du milliard d'euros pour l'exercice entamé en octobre, contre 706 millions réalisés en 2017-2018, soit une progression de 42%.

Il a aussi dit qu'il écartait l'idée d'une augmentation de capital.

A la Bourse de Francfort, l'action Thyssenkrupp a effacé ses pertes de la matinée mais restait volatile en milieu de journée après la conférence de presse du président du directoire Guido Kerkhoff. Elle gagnait 0,3% en début d'après-midi, à 15,75 euros après avoir touché un plus haut à 16,21 euros et un plus bas à 15,52 euros.

Le titre avait perdu près de 29% depuis l'annonce du projet de scission fin septembre, d'autant que le groupe a lancé le 8 novembre son deuxième avertissement sur résultats de l'année.

Thyssenkrupp a actualisé ses perspectives pour tenir compte de la réalisation attendue d'un projet de coentreprise dans l'acier européen avec l'indien Tata Steel.

Il prévoit que ses flux de trésorerie disponibles s'amélioreront tout en restant négatifs dans ses activités poursuivies et table sur une croissance à un chiffre de son chiffre d'affaires.

Les analystes de Barclays ont jugé ces prévisions "ternes" et estimé que "la croissance du chifre d'affaires (...) semble optimiste compte tenu du contexte macroéconomique actuel".

Un trader en Allemagne a parlé de "perspectives (qui) restent fades et n'incitent toujours pas à acheter" des titres Thyssenkrupp.

THYSSENKRUPP PAS CONTACTÉ DEPUIS JUILLET PAR ELLIOTT

Le conglomérat est engagé dans une vaste transformation. Son projet de scission passe par la création d'une entité regroupant les biens d'équipement (ascenseurs, équipements automobiles et ingénierie industrielle).

L'objectif du groupe, également présent dans la construction navale ou encore le négoce de matériaux, est de simplifier sa structure, jugée trop complexe par une partie de ses actionnaires, mécontents de ses performances.

Thyssenkrupp a précisé mercredi le calendrier de son projet de scission : les documents devraient être présentés lors de sa prochaine conférence de presse annuelle, au dernier trimestre 2019, avant une assemblée générale des actionnaires en janvier 2020 pour voter l'opération.

"Nous avons lancé l'un des plus importants réalignements de l'histoire de l'entreprise", a dit le président du directoire Guido Kerkhoff, propulsé à la tête du groupe après un été tumultueux marqué par les départs successifs de son prédécesseur et du président du conseil de surveillance, sous la pression des actionnaires.

"Dans le même temps, nous avons identifié des sources potentielles d'améliorations supplémentaires dans toutes les activités, que nous étudions désormais de manière systématique."

Thyssenkrupp n'a pas été contacté par le fonds activiste Elliott depuis juillet, a déclaré aux journalistes Guido Kerkhoff.

Elliott avait annoncé en mai une prise de participation de moins de 3% dans le capital du groupe, en estimant que celui-ci avait une grande marge d'amélioration.

Thyssenkrupp, a aussi déclaré Guido Kerkhoff lors de sa conférence de presse, a pour objectif de pourvoir à plusieurs postes vacants, dont celui de directeur financier, dans un avenir prévisible.

(Bertrand Boucey et Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)