Castaner lance une réflexion sur le maintien de l'ordre

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(Crédits : Luc Gnago)

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a lancé lundi l'élaboration d'un nouveau "schéma national du maintien de l'ordre" face à l'irruption croissante de violences lors de manifestations, illustrée par le mouvement des "Gilets jaunes".

Les débordements de ce mouvement aux revendications hétéroclites ont fait du gouvernement la cible de critiques contradictoires, les unes lui reprochant un manque de fermeté, les autres, au contraire, des violences policières et l'usage d'armes comme les lanceurs de balles de défense.

Lors de l'ouverture d'un séminaire réunissant de hauts responsables des forces de sécurité et des experts, Christophe Castaner a de nouveau défendu les forces de sécurité.

Samedi après samedi, elles ont été "des exemples de professionnalisme, de maîtrise et de sang-froid" et "malgré la violence extrême à laquelle elles ont été confrontées, le pire a été évité, la République n'a pas vacillé", a-t-il dit.

Les débordements particulièrement violents des premiers samedis de manifestation des "Gilets jaunes" à Paris et en province ont déjà contraint le gouvernement à réviser la doctrine d'emploi des forces de l'ordre.

Ils ont illustré une évolution à l'oeuvre depuis la fin des années 1990, avec l'émergence de phénomènes comme les "black blocs", des groupes d'ultra-gauche, d'ultra-droite ou de "casseurs" se mêlant systématiquement aux manifestations.

Les manifestants s'affranchissent de plus en plus des règles de déclaration préalable, ce qui rend difficile de trouver des interlocuteurs fiables et plus imprévisibles les formes de contestation les plus radicales.

Le ministère de l'Intérieur note aussi une évolution des cibles de ces violences (personnes, biens, institutions) et leur extension à des villes moyennes jusqu'ici calmes, sur fond d'hypermédiatisation et de rôle croissant des réseaux sociaux.

COMMUNICATION

"La télévision en continu et les réseaux sociaux changent tout. Tout est suivi en direct. Toute les images se valent, même les plus indécentes, même celles, fallacieuses, qui tordent et tronquent la réalité", a déploré Christophe Castaner.

Les termes du "paradoxe" entre nécessité du maintien de l'ordre et protection des libertés "ont changé et il nous faut donc nous adapter", a résumé le ministre de l'Intérieur. "Après les changements à chaud et décembre et de mars, ce temps est celui de la réflexion et de la consultation."

Le futur schéma national devra fixer un nouveau cadre global pour l'emploi des forces de sécurité, précise le ministère de l'Intérieur dans une note de synthèse.

Il met en avant l'amélioration de l'anticipation et du suivi des mouvements de contestation, un recours accru aux mesures de prévention, comme les contrôles d'identité, la fouille de véhicules ou l'interdiction de manifester.

Le ministère insiste sur la nécessité d'une réactivité et d'une mobilité accrues "pour conserver l'initiative" et sur la mise en oeuvre d'une stratégie de dispersion immédiate et d'interpellation rapide et ciblée des fauteurs de troubles, assortie de nouveaux moyens techniques, comme les drones.

Christophe Castaner a également insisté sur l'amélioration de la communication, tant entre le commandement et les forces sur le terrain que vis-à-vis du public, notamment sur le chapitre des "violences policières".

"Ce n'est pas parce qu'il y a blessure qu'il y a faute. Le maintien de l'ordre est une réalité dure. On ne répond pas à des cocktails Molotov avec de bons sentiments. On ne protège pas l'ordre républicain avec des mots doux", a-t-il fait valoir.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)