Les Français poussés à partir à la retraite à 64 ans dès 2025

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Les francais pousses a partir a la retraite a 64 ans des 2025[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) - L'âge qui permettra aux actifs de partir à la retraite avec un équivalent du taux plein sera fixé à 64 ans en 2025 lors de l'instauration du futur régime universel, puis décalé en fonction de l'espérance de vie, a fait savoir jeudi le Haut-commissaire à la réforme des retraites.

Jean-Paul Delevoye a remis au Premier ministre Edouard Philippe un rapport sur les mécanismes précis que pourrait mettre en place le nouveau système qui unifiera les 42 régimes existants pour apporter plus de lisibilité et limiter les inégalités du système actuel, s'attirant un accueil favorable du Medef, mitigé de la CFDT et hostile de la CGT et de FO.

Le gouvernement souhaite remplacer le régime général à prestations définies par un régime par points, comme pour les complémentaires du privé, par lequel il serait possible de cotiser sur l'ensemble de la carrière, et non plus sur les 25 meilleurs années (système général) ou les six derniers mois (système public).

Les assurés auront dans ce nouveau régime la liberté de partir à 62 ans, conformément à la promesse d'Emmanuel Macron, peut-on lire dans le dossier de presse. Une référence au "taux plein", avec un âge pivot, sera toutefois maintenue pour inciter les Français à partir plus tardivement à la retraite.

Cet âge sera fixé à 64 ans pour 2025, âge moyen auquel la génération de 1963, première concernée, devait partir à la retraite, hors départs anticipés, selon les projections du Conseil d'orientation des retraites (COR).

Il sera assorti d'une décote ou de surcote qui réduira ou augmentera la pension de retraite d'environ 5% par an pour chaque année travaillée en moins ou en plus. (Voir l'ENCADRE sur les grandes lignes du régime )

"Nous avons voulu apporter une solution qui, socialement, nous paraît juste, budgétairement et financièrement solide, et qui conforte la liberté (...) de chacun de choisir le moment de son départ à la retraite", a déclaré Jean-Paul Delevoye lors d'une conférence de presse.

L'âge pivot évoluera en fonction de l'espérance de vie de la génération à laquelle l'assuré est attaché, de façon à ce que deux tiers de la vie de l'assuré soient passés en activité et un tiers à la retraite. Selon les projections actuelles, le décalage serait d'un mois par génération, a dit à Reuters une source gouvernementale.

EN FONCTION DE L'ESPÉRANCE DE VIE

Une règle d'or d'équilibre sera par ailleurs mise en place pour garantir la pérennité de la trajectoire financière du système. Cette règle devra garantir un solde cumulé positif ou nul par période de cinq années.

Le gouvernement a fait du retour à l'équilibre du régime une condition "sine qua non" de la mise en place du nouveau système. Or, le besoin de financement du système actuel devrait se situer entre 0,3 et 0,6% du PIB (autour de 10 milliards d'euros) en 2025, selon le COR.

Des concertations vont donc s'ouvrir avec les partenaires sociaux pour décider des meilleurs outils à utiliser pour rééquilibrer les finances. L'une des hypothèses envisagées est d'accélérer, plus que ne le prévoit déjà la réforme Touraine de 2014, l'allongement de la durée de cotisation.

Dans un communiqué, le Premier ministre a dit confirmer "l'engagement du gouvernement à construire un nouveau système de retraite, plus juste et plus lisible", qui "préserve un haut niveau de solidarité", et se trouve "financièrement à l'équilibre à l'horizon 2025, pour redonner confiance aux Français dans sa pérennité".

Les organisations patronales, Medef et CPME, ont appuyé le projet de réforme, qui "s'ancre", selon elles, dans la réalité et apporte une pérennité financière au système. Elles disent rester vigilantes quant à la gouvernance qui sera mise en place.

Force ouvrière et la CGT, hostiles à la mise en place d'un régime par points, ont dénoncé un "enfumage", qui ne règle en rien "un certain nombre de problèmes qui sont liés au manque d'emploi", et ont dit craindre une baisse systématique de la valeur du point. (voir l'ENCADRE réactions

Elles ont chacune appelé à se mobiliser, le 21 septembre pour la première et le 24 septembre pour la deuxième, journée qui sera consacrée à "l'urgence sociale et climatique".

La CFDT, qui plaidait pour la mise en place d'un régime par points, note des points positifs, comme l'extension des droits familiaux dès le premier enfant et des points de vigilance, concernant la prise en compte de la pénibilité notamment.

Dans tous les cas, le rapport du Haut-commissaire montre bien que "la mise en place d'un régime universel est possible", a déclaré son secrétaire général, Laurent Berger, à l'issue de la rencontre.

Les concertations avec les partenaires sociaux s'ouvriront dès la semaine prochaine pour recueillir leurs réactions. Le projet de loi de la réforme devrait être présenté à la fin de l'année au plus tard pour un vote en 2020.

(Edité par Yves Clarisse)