Veolia exclut de prolonger son offre à Engie, Suez réclame "quelques semaines"

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Veolia exclut de prolonger son offre a engie, suez reclame quelques semaines[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Veolia a exclu mercredi de prolonger au-delà du 30 septembre son offre à Engie sur l'essentiel de sa participation dans Suez, qui estime pour sa part avoir besoin de "quelques semaines" pour soumettre une contre-proposition.

Interrogés successivement par les membres de trois commissions de l'Assemblée nationale, les dirigeants de Suez puis de Veolia se sont réciproquement accusés de vouloir les uns "dépecer" et les autres "démanteler" Suez face à des députés soucieux des conséquences d'une éventuelle fusion sur l'emploi et sur la concurrence en France, les deux groupes étant prestataires de nombreuses collectivités locales.

Veolia a proposé fin août à Engie de lui racheter 29,9% de Suez avant de lancer une offre sur l'ensemble du capital de son concurrent. Le numéro un mondial du traitement de l'eau et des déchets a donné à Engie jusqu'au 30 septembre pour répondre à son offre et son PDG Antoine Frérot a refusé mercredi de repousser cette date butoir.

"Non, je ne repousserai pas la date de validité de mon offre et je réponds oui il y a urgence à décider", a dit Antoine Frérot devant les députés, reprochant à Suez l'accélération de sa politique de cessions face à l'offre de Veolia.

"Chaque jour qui passe, Suez vend une nouvelle activité (...) il y a donc urgence à arrêter cette hémorragie et cette politique de la terre brûlée", a-t-il ajouté, accusant les dirigeants de Suez de mener un "début de dépeçage" de leur groupe pour le soustraire à l'appétit de son concurrent.

SUEZ A SAISI L'AMF

Antoine Frérot a défendu son offensive sur Suez en rappelant qu'Engie avait lui-même décidé fin juillet de se séparer de sa participation.

"Le statu quo n'existera plus. Le Suez tel qu'il est aujourd'hui (...), ce n'est plus qu'une illusion. Il va y avoir un nouveau projet quel qu'il soit", a-t-il dit, en plaidant en faveur d'un rapprochement franco-français plutôt qu'un basculement de Suez dans le giron d'un groupe chinois ou de fonds d'investissement.

Accusant Veolia de mener une action "hostile", Suez s'efforce quant à lui de réunir des investisseurs à la fois français et étrangers pour reprendre la part d'Engie à son capital mais son président Philippe Varin a reconnu devant les députés qu'il lui fallait "quelques semaines" pour y parvenir.

"Nous avons besoin simplement d'un peu de temps pour préparer des offres alternatives", a-t-il dit. "Pour nous il s'agit de trouver des investisseurs qui sont prêts à venir prendre cette part (...) mais il ne faut pas le faire dans l'urgence en deux semaines, ce n'est pas possible."

Philippe Varin a en outre annoncé que Suez avait saisi en début de semaine l'Autorité des marchés financiers (AMF) et discutait avec les services de la concurrence de l'Union européenne au sujet de l'offre de Veolia, dont la structure en deux temps pose "beaucoup de questions" selon lui.

"Cette proposition ne respecte pas l'égalité de traitement des actionnaires puisqu'Engie est traité d'une certaine manière et les autres actionnaires un jour verront comment ils sont traités", a-t-il dit.

"Il y a beaucoup de questions à se poser quant à sa conformité avec la jurisprudence de l'Autorité des marchés financiers et celle de l'Union européenne", a-t-il poursuivi. "C'est une anomalie pour nous inédite et nous ne pourrons en rester là."

L'AMF a refusé de s'exprimer sur le sujet.

(Bertrand Boucey, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse)