Canicule : comment adapter le travail aux fortes chaleurs ?

Alors qu’un dôme de chaleur s’abat sur l’hémisphère nord, pouvoirs publics et collectivités locales s'activent pour tenter de s'adapter à la canicule. L’évolution potentielle des conditions de travail a une place centrale au milieu de ces réflexions. En effet, les températures élevées représentent un risque pour la santé des travailleurs, notamment ceux qui œuvrent en extérieur, et les employeurs ont l’obligation de garantir la sécurité de leurs employés. Si la loi française prévoit déjà certaines règles, les députés EELV réclament des mesures « d’urgence » pour l’été. D’autres pays européens se penchent également sur la question.
Alors que des températures caniculaires sévissent sur le pourtour méditerranéen, les réflexions se poursuivent sur les moyens d'adapter les conditions de travail afin de protéger les employés de la chaleur.
Alors que des températures caniculaires sévissent sur le pourtour méditerranéen, les réflexions se poursuivent sur les moyens d'adapter les conditions de travail afin de protéger les employés de la chaleur. (Crédits : Reuters)

Alors que les fortes chaleurs deviennent un élément quotidien de la période estivale, la pénibilité et l'inconfort de certains travaux (notamment physiques) s'accroissent. Employeurs, employés, élus et collectivités commencent à s'interroger sur les moyens d'ajuster les conditions de travail afin de limiter les désagréments et risques liés aux épisodes caniculaires.

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Quels sont les risques pour la santé ?

En cas de forte chaleur, l'organisme humain est mis à rude épreuve. Parmi les principaux risques sanitaires en temps de canicule, on note la déshydratation, les coups de chaleur ou même le décès, pour les populations les plus vulnérables personnes âgées, enfants en bas âge, personnes souffrant de pathologie chronique).

Les symptômes sont divers : fatigue, crampes, nausées, maux de tête, fièvre ou encore trouble du sommeil. Ils peuvent parfois être annonciateurs d'accidents graves comme la déshydratation, qui traduit une diminution excessive de l'eau contenue dans les tissus, ou une insolation, après une trop grande exposition au soleil. Le risque le plus grave est le coup de chaleur, qui peut entraîner la mort dans 15% à 25% des cas. Il correspond à une surchauffe de l'organisme avec une température au-delà de 40°C.

En France, quelles sont les règles ?

Pour prévenir ces risques, le gouvernement français a récemment publié un guide de « prévention des risques liés aux vagues de chaleur ». Dans ce guide, sont exposés les bons réflexes et les obligations en cas de températures élevées. Ainsi, les employeurs sont tenus d'assurer sécurité et de protéger la santé des travailleurs. Pour ce faire, ils doivent « aménager si possible les horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes et mettre à disposition de l'eau potable (3 L/jour/travailleur dans le BTP) à proximité des postes de travail ». Un employeur a l'obligation de tenir compte de l'évolution des conditions climatiques et d'adapter les mesures de prévention en conséquence. Il ne doit pas hésiter à faire arrêter le travail s'il considère que ses salariés sont en danger.

Une attention particulière doit être accordée au secteur du BTP (bâtiment et travaux publics) et aux travaux agricoles, car souvent, les travailleurs œuvrent en plein soleil, ou au contraire dans des milieux confinés, et sont donc plus exposés à la chaleur.

En ce qui concerne les employés, ils sont invités à être vigilants pour eux et leurs collègues, à protéger leur peau et leur tête du soleil et à signaler tout inconfort. Parmi les conseils listés sur le site du gouvernement, on note : « réduisez votre rythme et vos efforts physiques, augmentez vos temps de pause, privilégiez les zones ombragées ; portez des vêtements amples et clairs ; buvez régulièrement de l'eau ; évitez les boissons alcoolisées ou caféinées, évitez de manger trop ou trop gras ».

Le gouvernement rappelle qu'en cas de manquement par l'employeur de son obligation de sécurité, le salarié peut saisir les services d'inspection du travail ou bien, selon la taille de l'entreprise, saisir le comité social et économique (CSE) ou le délégué du personnel.

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Les députés verts veulent des mesures « d'urgence »

Mais les conseils sont-ils suffisants ? Mercredi 12 juillet, les élus EELV (Europe Écologie Les Verts) réclamaient la mise en place de « 20 actions essentielles » dès l'été 2023 pour faire face à « l'emballement climatique ». Les députés verts demandent, entre autres, de mieux subventionner les protections solaires, de réguler la circulation automobile dans les métropoles lors des pics de chaleur, ou encore l'interdiction des « mégabassines ». Ils plaident également pour une adaptation des conditions de travail lors des fortes chaleurs et envisagent un « droit de retrait dès 33°C dans le Code du travail ».

Pour Cyrille Chatelain, présidente du groupe, « l'adaptation » au réchauffement climatique « n'est pas un choix, c'est une nécessité ».

Pour financer cette « adaptation », les députés écologistes requièrent 2 milliards d'euros de plus pour le fond vert.

Sieste, arrêts de travail, aménagement des horaires : quelles sont les possibilités ?

En France, certaines mairies ont déjà pris des mesures pour rendre supportable la vie de leurs habitants malgré la chaleur. À Marseille par exemple, le maire Benoît Payan a annoncé la gratuité des piscines municipales « jusqu'à la fin de l'épisode caniculaire », soit au moins jusqu'à vendredi. De son côté, l'association Emmaüs commencera dès jeudi 07h00 à distribuer des gourdes remplies d'eau fraîche pour les sans-abris en haut de la Canebière. Toutefois, pour certains ouvriers des chantiers de la cité phocéenne, l'aménagement des horaires de travail n'est pas d'actualité, malgré les conditions extrêmes. Certaines directions d'entreprise ne veulent pas mettre en place des horaires décalés pour limiter l'inconfort de la chaleur pour des raisons logistiques, mais aussi pour ne pas déranger les riverains au petit matin. Les travailleurs sont à donc l'œuvre entre 7h30 et 16h.

En Grèce, le syndicat des gardiens de l'Acropole d'Athènes et des autres sites archéologiques en Grèce (PEYFA) ont annoncé cette semaine que ces employés allaient bénéficier d'arrêts de travail en raison de leurs conditions de travail très difficiles liées à la canicule. Ces derniers jours, les températures ont dépassé les 45°C, précise le syndicat. La mesure sera appliquée entre 16H00 et 20H00 locales (13H00 GMT et 17H00 GMT) de jeudi 20 à dimanche 22 juillet.

En Allemagne, la sieste est au cœur des débats. « Lorsqu'il fait chaud, nous devrions prendre exemple sur la façon dont les gens travaillent dans les pays du Sud : se lever tôt, travailler de manière productive le matin et faire une sieste à midi », a déclaré mardi 18 juillet le chef de l'Association des médecins des services de santé publique allemands (BVÖGD), Johannes Niessen. Karl Lauterbach, le ministre allemand de la Santé, a soutenu cette proposition sur Twitter, qualifiant cette pause méridienne de « médicalement judicieuse pour de nombreuses professions ». De son côté, la Fédération des associations patronales allemandes (BDA) suggère une réforme du temps de travail permettant plus de flexibilité.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 20/07/2023 à 10:42
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Il faudrait revenir pour l'été prochain sur le décalage horaire au rapport du soleil, et revenir à l'heure solaire, à midi il serait midi (pour le déjeuner) et à 14h il ne serait plus midi pour "travailler". Mais aucune capacité à réagir dans l'UE sa...

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