BTP : le roi de la canalisation Alain Grizaud élu président de la Fédération Nationale des Travaux Publics

À L'AFFICHE. Connu pour avoir présidé le syndicat national des Canalisateurs de 2012 à 2022, le patron de Cousin Pradère vient de prendre la tête de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP, 8.000 entreprises, 310.000 salariés, 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires). Sa priorité tient en trois mots: la transition écologique. Un sujet qui s'est encore invité à l'agenda politique la semaine dernière...
César Armand
« Alain Grizaud est un homme de terrain qui connaît bien les régions, un gars qui a du caractère. Il arrive avec sa personnalité et ses centres d'intérêt. Certes il lui faudra une petite mise à niveau sur les différents sujets mais je ne doute pas qu'il le fera bien », salue son prédécesseur Bruno Cavagné.
« Alain Grizaud est un homme de terrain qui connaît bien les régions, un gars qui a du caractère. Il arrive avec sa personnalité et ses centres d'intérêt. Certes il lui faudra une petite mise à niveau sur les différents sujets mais je ne doute pas qu'il le fera bien », salue son prédécesseur Bruno Cavagné. (Crédits : DR)

Baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) dans les collectivités territoriales en 2013, manifestation devant l'Assemblée nationale en 2014, attentats en 2015, élection d'Emmanuel Macron en 2017, crise des « Gilets jaunes » en 2018-2019, Covid-19 de 2020 à 2022, guerre en Ukraine... En l'espace d'une décennie, le Toulousain Bruno Cavagné aura vécu « dix ans particuliers » comme président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP, 8.000 entreprises, 310.000 salariés, 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires).

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Priorité à la transition écologique

C'est désormais au tour du Castelsarrasinois Alain Grizaud, président du syndicat national des Canalisateurs entre 2012 et 2022, de lui succéder. Agé de 61 ans, le patron de la PME familiale Cousin Pradère vient d'être élu, ce 29 juin, pour un mandat de trois ans et communique déjà sur trois priorités : la transition écologique, l'image et l'attractivité des travaux publics et l'animation syndicale dans les territoires.

Pour lutter contre le dérèglement climatique dans le secteur des canalisations, du rail, de la route, des ponts et des voies ferrées, Alain Grizaud se fixe déjà trois objectifs : faire entrer la transition écologique dans toutes les entreprises, réaffirmer le rôle incontournable de toutes les infrastructures et anticiper l'impact du changement sur le patrimoine français. Conformément à la loi, les travaux publics doivent en effet réduire leur empreinte carbone de 40% d'ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.

« Je ne suis pas un écologiste de la première heure, mais collectivement, nous avons vu la montée en puissance de la transition écologique et la prise de conscience du changement climatique », affirme aujourd'hui son prédécesseur Bruno Cavagné.

Dès 2021, la Fédération nationale des travaux publics a ainsi mandaté le cabinet de conseil Carbon4, l'agence Utopies ainsi que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pour mesurer son empreinte carbone. Résultat : les travaux publics représentent 3,5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays... et près de 50% en comptant les flux de biens, d'énergie et de personnes qui empruntent ces infrastructures.

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Un sujet qui s'est encore invité à l'agenda politique

Lors des « Assises des Finances publiques », la semaine dernière, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a d'ailleurs annoncé vouloir réduire les tarifs réduits d'accises sur le gazole non-routier non-agricole [principal carburant des engins] « pour mettre nos actions en cohérence avec nos engagements climatiques ».

« Nous ne nous accrochons pas à notre avantage, mais que mettons-nous à la place ? L'électrique et l'hydrogène ne suffiront pas. Nous en discutons avec le cabinet de Bruno Le Maire pour voir les différentes marches », déclare Bruno Cavagné.

Cet habitué des notes de quatre pages pour les membres du gouvernement milite donc auprès de l'exécutif pour flécher les carburants liquides bas-carbone vers les machines. « S'il y a de la volonté politique, les entreprises pourront investir dans la transition écologique et organiser un marché », insiste-t-il.

En parallèle, la Fédération nationale des travaux publics vient de lancer avec Onepoint un travail de modélisation sur l'adaptation et la résilience des infrastructures au dérèglement climatique. L'intercommunalité du Grand Chalon (Saône-et-Loire), le département de la Corrèze et la région Normandie sont les pilotes de cette expérimentation, avant une généralisation sur un patrimoine estimé à 2.000 milliards d'euros.

Place aux jeunes et aux entrepreneurs locaux

Retrait-gonflement des argiles (RGA), inondations, vagues de chaleur... Autant d'aléas auxquels sont déjà soumises les entreprises des travaux publics qui doivent, dans le même temps, continuer à recruter, notamment dans les nouvelles générations. « La formation, c'est un énorme chantier », ajoute encore l'ex-président de la FNTP, comme une adresse à son successeur.

« Il faut comprendre les enjeux, se servir des gens compétents autour de vous, se mettre au niveau, ne rien lâcher, y mettre de l'énergie... », liste Bruno Cavagné.

Autre défi à relever et non des moindres : les échanges avec les entrepreneurs locaux, qui plus est à l'heure du zéro artificialisation nette (ZAN) des sols et des zones à faibles émissions (ZFE). Sans oublier la responsabilité élargie des producteurs (REP) sur les produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB) qui concerne également les travaux publics.

« Alain Grizaud est un homme de terrain qui connaît bien les régions, un gars qui a du caractère. Il arrive avec sa personnalité et ses centres d'intérêt. Certes il lui faudra une petite mise à niveau sur les différents sujets mais je ne doute pas qu'il le fera bien », salue Bruno Cavagné.

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 Lui-même a déjà trouvé un point de chute : il s'apprête à présider SMAvie BTP, la mutuelle d'assurances du bâtiment et des travaux publics.

César Armand

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