À quoi pourrait ressembler la loi Macron 2 ?

Emmanuel Macron a esquissé les contours d'une loi pour « la croissance, l'activité et les opportunités économiques » lors de sa conférence de presse à l'Elysée mardi soir. Neuf ans après la première loi Macron au bilan mitigé, Bercy doit plancher sur un nouveau texte destiné à « mettre fin aux normes inutiles, réduire les délais, faciliter les embauches, augmenter les seuils de déclenchement d'obligation». Cette nouvelle vague de libéralisation de l'économie et du marché du travail devrait renforcer la politique de l'offre du gouvernement confronté à une croissance atone et un chômage en hausse. Mais les pistes de travail avancées par le chef de l'Etat pourraient passer à côte de des problèmes de demande signalées par les entreprises et les ménages.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse donnée à l'Elysée mardi 16 janvier.
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse donnée à l'Elysée mardi 16 janvier. (Crédits : Reuters)

Le chef de l'Etat est désespérément à la recherche d'un nouveau souffle pour son second quinquennat. Après sa longue conférence de presse donnée mardi soir dans la salle des fêtes du Palais de l'Elysée, Emmanuel Macron s'est rendu ce mercredi 17 janvier au sommet de Davos en Suisse. Devant un parterre de grands dirigeants du monde entier, le président a vanté ses ambitions en matière de « réarmement économique ».

À quelques mois des élections européennes, le quadragénaire veut profiter de ce grand raout pour mobiliser les troupes du nouveau gouvernement Attal autour de l'attractivité de l'Hexagone, un de ses thèmes de prédilection. Critiqué pour être « le président des riches », Emmanuel Macron pourrait une nouvelle fois s'exposer à de violentes remarques avec cette nouvelle opération de communication.

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Le Rassemblement national (RN) en tête dans les sondages a déjà démarré sa campagne européenne et vise un meilleur résultat qu'en 2019. Dans cette rude course électorale, Emmanuel Macron a annoncé un acte 2 des réformes devant les 200 journalistes présents lors du point presse mardi soir à une heure de grande audience. « La France doit produire davantage [...] Ce sera l'objet d'une loi pour la croissance, l'activité et les opportunités économiques », a-t-il annoncé sur Twitter.

Confronté à un essoufflement de la croissance et des taux élevés, Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle série de réformes. Mais la tâche du nouveau gouvernement Attal pourrait encore virer au casse-tête. Embourbée dans une polémique à rallonge, la nouvelle ministre de l'Education Amélie Oudéa Castera est déjà sous le feu des critiques moins d'une semaine après son arrivée rue de Grenelle. Et l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale risque une nouvelle fois de compliquer l'équation parlementaire du nouveau Premier ministre fraîchement arrivé à Matignon.

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Une loi croissance aux contours encore flous

Emmanuel Macron a donné relativement peu de précisions sur ce futur texte de loi destiné à booster la croissance. « Nous devrons mettre fin aux normes inutiles, réduire les délais, faciliter les embauches, augmenter les seuils de déclenchement d'obligation », a-t-il énuméré. Dans la droite ligne de 2017, ces objectifs fixent un cap de libéralisation et de déréglementation de l'économie tricolore. S'agissant des normes, la CPME a fait ses propositions dans un épais catalogue dévoilé cette semaine.

Au ministère de l'Economie, l'administration a également réalisé une consultation des entreprises sur les pistes de simplification dont les résultats doivent encore être précisés.  Confirmé à la tête d'un ministère de l'Economie renforcé avec le portefeuille de l'énergie, Bruno Le Maire risque de porter ce texte dans les mois à venir.

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En 2015, une loi Macron « fourre-tout »

Déjà en 2015, lorsqu'il était ministre de l'Economie sous François Hollande, Emmanuel Macron avait déjà proposé une loi pour « la croissance, l'activité, l'emploi et l'égalité des chances ». A l'époque ce texte « fourre-tout » avait assoupli les règles d'ouverture des magasins le dimanche, permis la libéralisation des professions réglementées, le développement des cars de transports de voyageurs ou encore la réforme des tribunaux de commerce et de la justice des prud'hommes. Mais le bilan de ce texte de loi aux 200 articles était plutôt mitigé selon un rapport parlementaire de 2018.

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En 2015, c'est principalement le ministère de l'Economie qui avait planché sur ce vaste chantier. Or, de nombreuses mesures concernaient le secteur des transports, le droit du travail, la justice, le permis de conduire. Ce qui avait suscité de vives critiques chez les syndicats et les juristes spécialisées. Sur le plan macroéconomique, cette loi travail avait provoqué un sursaut de la croissance de 0,3 point de produit intérieur brut (PIB) en dix ans, avait évalué l'OCDE dans une note remise au gouvernement de Manuel Valls.

Cette loi n'a pas permis dans tous les cas de contrebalancer les effets de politique budgétaire restrictive menée sous François Hollande. L'OFCE avait évalué que la politique budgétaire de consolidation, instituée en Europe après la crise des dettes souveraines de 2012, avait amputé la croissance annuelle de 0,8 point en moyenne sous le quinquennat Hollande. « En 2017, le PIB aurait été plus élevé de 4,2% si la politique budgétaire avait été neutre », expliquent les économistes.

Un acte 2 la réforme du marché du travail

Lors de son intervention devant les journalistes, Emmanuel Macron a également confirmé une nouvelle réforme du marché du travail. « Le gouvernement incitera à la création et la reprise d'un emploi avec, dès le printemps prochain, un acte deux de la réforme du marché du travail lancée en 2017 », a-t-il déclaré. Sans apporter beaucoup de précisions, il a annoncé « qu'il y aura des règles plus sévères quand des offres d'emploi sont refusées et un meilleur accompagnement de nos chômeurs par la formation mais aussi l'accompagnement à l'emploi sur des choses très concrètes comme le logement ou les transports ».

À charge pour la nouvelle ministre du Travail issue des rangs de la droite, Catherine Vautrin, de faire des propositions. En fin d'année, Bercy a notamment proposé de réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi seniors de plus de 55 ans et de les aligner sur les autres catégories d'âge. Cette proposition d'un durcissement a déjà suscité de vives critiques dans les rangs des syndicats actuellement en discussion avec le patronat sur le sujet sensible des seniors.

Un pari risqué pour les économistes

Les options mises sur la table par le chef de l'Etat interrogent les économistes. « Le contexte a changé depuis la mi-2023 » rappelle à La Tribune, Eric Heyer, directeur des prévisions à l'OFCE. « Auparavant les entreprises gardaient le moral en raison de bons carnets de commande malgré la guerre en Ukraine et l'inflation. Depuis six mois, les carnets de commande se vident. La demande est devenue le principal frein d'activité des entreprises, poursuit l'économiste. Il y a un risque d'amplifier le choc de demande ». L'expert estime que « faire une réforme de l'assurance-chômage au moment où les entreprises vont moins embaucher n'est pas très efficace » sur le plan économique. « Réformer l'assurance-chômage dans ce contexte, c'est se tromper ». Autant dire que le pari économique du gouvernement est risqué pour 2024.

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Grégoire Normand
Commentaires 17
à écrit le 19/01/2024 à 8:04
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a-quoi-pourrait-ressembler-la-loi-macron-2? reponse a rien comme tout ce qu'il entreprend a part enrichir ceux qui ne savent plus ou planquer leur argent tellement ils se gavent.

le 19/01/2024 à 18:30
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"a-quoi-pourrait-ressembler-la-loi-macron-2? reponse a rien" C'était pour faire avancer le schmilblick

à écrit le 18/01/2024 à 10:24
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A l'idéologie qu'il port, ne néo pétainisme ! la connaissance de l'histoire en particulier de la seconde guerre mondiale ! il parle avec les mots de lepen et zemmour, ben comme il n'est pas explicite, du coup pas difficile de comprendre ces idées ! ...

à écrit le 18/01/2024 à 10:05
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Faire une réforme de l'assurance-chômage au moment où les entreprises vont moins embaucher, c’est absurde. Les gens vont devoir accepter des petits boulots et devenir des travailleurs pauvres, dans un modèle à l'anglo-saxonne,

le 18/01/2024 à 10:53
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il faudrait aussi que m macron stop la déblatération de mme rousseau sur les personnes quel soit er ministres et autres artistes ou quidam surtout venant d'une personne qui a falsifie des documents pour se presenter au législatives

le 18/01/2024 à 12:18
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Non pour son idéologie ! comme il a repris les assedics, c'est juste un moyen des faire des économies d'échelle ! quant a l'image des us et de l’Angleterre, c'est le but mais il n'assume rien, donc il n'assumera pas cela !

à écrit le 18/01/2024 à 8:58
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Il nous prépare, surtout, les motifs d'une annulation des prochaines élections présidentielle et législative, avec sa bande de mondialiste ! ,-)

le 18/01/2024 à 12:22
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je lisais le monde. ( qui fait le point sur les principales affaires ayant touché 26 membres du gouvernement et proches collaborateurs du président depuis 2017 ). l exemplarité ! ? et maintenant

à écrit le 18/01/2024 à 8:01
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6.5 millions seulement de spectateurs les gars, vous faites des caisses sur le premier président de la république française que nous sommes en train d'oublier pendant son mandat en cours ! Alors oui c'est pour ça je suppose et vous avez peut-être ra...

à écrit le 18/01/2024 à 6:35
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Bonjour, pour répondre a la questions, A rien du tout... Mr ma ron n'as pas de majorité, n'y au parlement et encore moins en france... Donc pour faire simple qu'ils continuent a voler la france et la française.. Honte a cette homme ....

le 18/01/2024 à 9:22
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@Rogger - Vous accusez de vol...les preuves?

le 18/01/2024 à 12:18
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Oui, l'argent de l'électricité !

à écrit le 17/01/2024 à 23:23
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Quand un cadre de 57 ans est licencié tous ce fratras ne sera à rien … c est pas la formation ou la culpabilité qui vont lui faire trouver un boulot .. aucun employeur le recrutera pour un poste moins technique et moins payé….à moins que le but du ...

le 18/01/2024 à 9:34
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@futur ex- cadre - On compatit...mais c'est la vie . Les entreprises évoluent en fonction de leurs débouchés. Les décisions des directions et la pression des actionnaires ne sont pas le fait du gouvernement. L'économie dirigée c'était l'URSS, la R...

le 18/01/2024 à 10:13
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@Valbel89. [Les décisions des directions et la pression des actionnaires ne sont pas le fait du gouvernement] Ah bon? Ben vous m'en direz tant sur le phénomène andémique des rachats d'actions propres (sortit du contexte de leur vocation première et p...

à écrit le 17/01/2024 à 20:30
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La psychologie fondamentale est difficile à expliquer, mais regardez-la de cette façon : imaginez qu’un enfant gâté soit gardé sous contrôle par ses parents dans les salles immaculées d’un musée délicat. Le tout-petit peut avoir des crises, des cris ...

le 18/01/2024 à 11:08
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@Raymond. On ne peut faire une demonstration aussi claire tout en etant metaphorique. Malgre cela, certains esprits bornes ne comprendrons toujours pas l'objet de cette demonstration.

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