Les PME et TPE françaises redoutent « un refroidissement » de l'économie en 2024

Le moral des dirigeants de PME et TPE sur les perspectives de 2024 a perdu encore deux points sur un an et s'éloigne de sa moyenne de long terme selon la vaste enquête menée par BPI France auprès de 5.000 entreprises. La construction et les transports sont particulièrement affectés. Pressées par des conditions financières plus dégradées, les entreprises pourraient revoir leurs investissements à la baisse.
Grégoire Normand
Dans la construction, les dirigeants interrogés sont particulièrement pessimistes pour 2024 (photo d'illustration).
Dans la construction, les dirigeants interrogés sont particulièrement pessimistes pour 2024 (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

L'horizon économique reste encore assombri deux ans après le début de la guerre en Ukraine. Entre l'enlisement du conflit, les tensions géopolitiques partout sur la planète, des échéances électorales cruciales et le durcissement de la politique monétaire, l'économie tricolore reste embourbée dans une activité atone. Dans ce contexte défavorable, les dirigeants ont de la peine à se projeter avec optimisme dans les mois à venir.

Le moral des dirigeants de PME et TPE sur les perspectives perd deux points (pour s'établir à 4 points) pour s'éloigner véritablement de sa moyenne de long terme selon la dernière vaste enquête réalisée par BPI France à la fin de l'année 2023. « Il y a clairement un refroidissement. Les indicateurs se replient tous assez nettement », a déclaré Philippe Mutricy, directeur de l'évaluation et des études, lors d'un point presse ce mardi 16 janvier.

La construction, le bâtiment et les transports dans le rouge

Sans surprise, la construction et le bâtiment sont particulièrement pessimistes sur les prochains mois. Le resserrement de la politique monétaire de la BCE et le durcissement des conditions d'octroi des crédits ont plongé l'activité dans la crise. Confrontés à une baisse drastique des carnets de commande, les acteurs sont en grande difficulté. « L'indicateur prévisionnel d'activité chute de respectivement 13 (construction) et 11 points (bâtiment) par rapport à novembre 2022 (prévisions pour l'année 2023) à −16 et −12, des niveaux très inférieurs à leur moyenne de long terme et à ceux observés dans les autres secteurs », soulignent les auteurs du baromètre. Dans les autres secteurs, l'activité devrait globalement se stabiliser.

Coup de frein sur l'emploi

Résultat, la plupart des entreprises prévoient d'appuyer sur le frein des embauches. La baisse est « nettement plus marquée dans la construction (−7 points, à +3) et, plus encore, les transports (−14 points à −8, un niveau très en-deçà de la moyenne de long terme du secteur de +6), en cohérence avec des perspectives d'activité plus dégradées dans ces secteurs », résume la banque publique.

Sur le front de l'emploi, le chômage pourrait poursuivre sa hausse en 2024 comme le prévoit l'Insee et la Banque de France dans leurs dernières projections. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement qui compte bien sur l'objectif du plein emploi pour redonner du souffle à l'économie tricolore.

Lire aussiLa promesse de plein emploi s'éloigne, le chômage devrait encore grimper en 2024 selon l'Insee

Des craintes sur la trésorerie

Les dirigeants ont également fait part de leurs craintes sur leur trésorerie en ce début d'année 2024. L'opinion des chefs d'entreprise est en baisse de 7 points pour s'établir à 12 points, soit un niveau bien inférieur à la moyenne de long terme (-4 points). Le solde d'opinion est néanmoins supérieur à celui enregistré à la fin de l'année 2022 en pleine crise énergétique. « Nous ne sommes pas dans les niveaux de 2008-2009. Ce n'est pas un arrêt de la croissance. La France n'est pas en récession », a insisté Philippe Mutricy. Quant aux craintes sur les prêts garantis par l'Etat (PGE), elles sont relativement faibles. « 4 % craignent de ne pas être en mesure de le rembourser, une proportion stable depuis mai dernier, et en légère baisse sur un an (5 % en novembre 2022) », souligne l'enquête.

Méthode : cette étude se base sur les réponses de 4.999 TPE-PME (1 à 249 salariés), reçues entre le 9 novembre et le 5 décembre 2023

Grégoire Normand
Commentaires 11
à écrit le 18/01/2024 à 1:04
Signaler
"La cigale ayant chante tout l'ete se trouva fort depourvue quand la bise fut venu". Vous y etes, ca va etre long encore trois ans ....

à écrit le 17/01/2024 à 17:04
Signaler
Ah non, je ne suis pas d'accord. Le prophète Bruno Le Maire, lui, reste optimiste contre vents et marées🤡

à écrit le 17/01/2024 à 15:51
Signaler
Je trouve FABULEUX de lire dans un article du 17 janvier 2024, un phénomène que tout chef d'entreprises bien connecté / avec du réseau et en région parisienne voit et se discute entre nous depuis juillet 2023... Il est ETONNANT d'être informé aprè...

le 18/01/2024 à 10:01
Signaler
@sam botte Ton pseudo me rappelle une bande dessinée italienne érotique des années 70/80 Sam Bot que l'on trouvait dans les caisses planquées derrière l'étalage des bouquinistes sur les marchés.On peut la retrouver sur le net.

à écrit le 17/01/2024 à 14:37
Signaler
Cela est la juste réalité de ce qui se passe ! comme l'information est dépendant de groupes multinationaux ou de milliardaires, ben l'impression est sensation et non réalité. Dans les faits, les pmes et autres n'ont jamais été l'objectif du politi...

à écrit le 17/01/2024 à 10:15
Signaler
Avec moins de consommation il n'y a pas de miracle, soit les entreprises saignent soit elles ont un réseau leur permettant de capter de l'argent public sous une des millions de formes qu'il propose, c'est ça le "dynamisme entrepreneurial" en UE, avoi...

le 17/01/2024 à 11:17
Signaler
L Europe n a pas fini avec sa caste «  aristocratique » toujours le même entre soi.. l Europe d aujouf’dhui n a plus rien à voir avec celle des années 60 -70 ou l’ ascenseur social pouvait fonctionner si on s en donner les moyens… aujourd’hui barrag...

le 17/01/2024 à 11:40
Signaler
Le problème de l'Europe est que les pays excédentaires (surtout au niveau de la balance de payments) comme l'Allemagne, les Pays Bas et en partie l'Italie, ne consomment pas assez et que la France s'endette pour consommer. D'ailleurs en Allemagne, ga...

le 17/01/2024 à 12:23
Signaler
En resume, les francais survivrent, pour l'instant, uniquement grace les pays nordics.

le 17/01/2024 à 16:00
Signaler
@ dossiier 51 - Se constituer un réseau est de tout temps. C'est même la base des affaires.

le 17/01/2024 à 19:05
Signaler
Se le constituer oui mais ils l'ont déjà le réseau, ce qui change tout car faussant beaucoup trop la donne.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.