L'horizon économique reste encore assombri deux ans après le début de la guerre en Ukraine. Entre l'enlisement du conflit, les tensions géopolitiques partout sur la planète, des échéances électorales cruciales et le durcissement de la politique monétaire, l'économie tricolore reste embourbée dans une activité atone. Dans ce contexte défavorable, les dirigeants ont de la peine à se projeter avec optimisme dans les mois à venir.
Le moral des dirigeants de PME et TPE sur les perspectives perd deux points (pour s'établir à 4 points) pour s'éloigner véritablement de sa moyenne de long terme selon la dernière vaste enquête réalisée par BPI France à la fin de l'année 2023. « Il y a clairement un refroidissement. Les indicateurs se replient tous assez nettement », a déclaré Philippe Mutricy, directeur de l'évaluation et des études, lors d'un point presse ce mardi 16 janvier.
La construction, le bâtiment et les transports dans le rouge
Sans surprise, la construction et le bâtiment sont particulièrement pessimistes sur les prochains mois. Le resserrement de la politique monétaire de la BCE et le durcissement des conditions d'octroi des crédits ont plongé l'activité dans la crise. Confrontés à une baisse drastique des carnets de commande, les acteurs sont en grande difficulté. « L'indicateur prévisionnel d'activité chute de respectivement 13 (construction) et 11 points (bâtiment) par rapport à novembre 2022 (prévisions pour l'année 2023) à −16 et −12, des niveaux très inférieurs à leur moyenne de long terme et à ceux observés dans les autres secteurs », soulignent les auteurs du baromètre. Dans les autres secteurs, l'activité devrait globalement se stabiliser.
Coup de frein sur l'emploi
Résultat, la plupart des entreprises prévoient d'appuyer sur le frein des embauches. La baisse est « nettement plus marquée dans la construction (−7 points, à +3) et, plus encore, les transports (−14 points à −8, un niveau très en-deçà de la moyenne de long terme du secteur de +6), en cohérence avec des perspectives d'activité plus dégradées dans ces secteurs », résume la banque publique.
Sur le front de l'emploi, le chômage pourrait poursuivre sa hausse en 2024 comme le prévoit l'Insee et la Banque de France dans leurs dernières projections. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement qui compte bien sur l'objectif du plein emploi pour redonner du souffle à l'économie tricolore.
Des craintes sur la trésorerie
Les dirigeants ont également fait part de leurs craintes sur leur trésorerie en ce début d'année 2024. L'opinion des chefs d'entreprise est en baisse de 7 points pour s'établir à 12 points, soit un niveau bien inférieur à la moyenne de long terme (-4 points). Le solde d'opinion est néanmoins supérieur à celui enregistré à la fin de l'année 2022 en pleine crise énergétique. « Nous ne sommes pas dans les niveaux de 2008-2009. Ce n'est pas un arrêt de la croissance. La France n'est pas en récession », a insisté Philippe Mutricy. Quant aux craintes sur les prêts garantis par l'Etat (PGE), elles sont relativement faibles. « 4 % craignent de ne pas être en mesure de le rembourser, une proportion stable depuis mai dernier, et en légère baisse sur un an (5 % en novembre 2022) », souligne l'enquête.
Méthode : cette étude se base sur les réponses de 4.999 TPE-PME (1 à 249 salariés), reçues entre le 9 novembre et le 5 décembre 2023