Assurance-chômage : pourquoi le gouvernement frappe fort

Le gouvernement a dévoilé ce lundi 21 novembre les détails de sa nouvelle réforme de l'assurance chômage, votée en fin de semaine dernière par le Parlement. Elle entrera en vigueur dès le 1er février prochain et durcit les règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi. Et le gouvernement n'a pas eu la main qui tremble. Explications
Fanny Guinochet
la réforme de l'assurance chômage devrait entrer en vigueur dès février 2023
la réforme de l'assurance chômage devrait entrer en vigueur dès février 2023 (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La réforme est sans précédent. Dès le mois de février prochain, le système d'indemnités chômage va connaître un changement en profondeur. En effet, les règles d'allocation seront modulées en fonction de la conjoncture économique, comme cela se pratique aux Etats-Unis ou au Canada. Si le marché de l'emploi est favorable pour retrouver facilement un travail, les conditions d'indemnisation sont moins généreuses, et inversement.

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Après avoir fait voter la semaine dernière le principe de la réforme, Olivier Dussopt le ministre du Travail, en charge du dossier, a présenté, ce lundi aux partenaires sociaux, les curseurs retenus.

Le gouvernement a opté pour le seuil de 9% de taux de chômage au sens du Bureau international du Travail pour faire varier la durée d'indemnisation. Celle-ci est aujourd'hui appliquée selon le principe un jour travaillé, un jour indemnisé. Un maximum de 24 mois est appliqué pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53-54 ans et 36 mois pour les 55 ans ou plus. Mais le coefficient est modifié. Et avec la réforme, cette durée sera ramenée à 27 mois pour ces derniers.

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Et pour les autres demandeurs d'emploi, quel que soit leur âge, il faut s'attendre à une baisse de 25 % de leur durée d'indemnisation. Un plancher minimal de six mois sera préservé mais lorsqu'ils arriveront en fin de droits, si l'état du marché du travail est au « rouge » - un taux de chômage au-dessus de 9% ou en progression de 0,8 point sur un trimestre-, alors leur durée d'indemnisation reviendra au niveau d'aujourd'hui. Le taux de chômage est actuellement de 7,3%.

Si, pendant trois trimestres de suite, le taux de chômage revient sous les 9% et ne connaît pas de progression supérieure à 0,8 point, la situation repassera au « vert » et la durée d'indemnisation sera réduite de 25%.

100 à 150 000 personnes de plus

Avec cette réforme, le ministre du Travail, Olivier Dussopt espère « 100.000 à 150.000 retours à l'emploi » supplémentaires en 2023. L'objectif du gouvernement, tel qu'Emmanuel Macron l'a affiché pendant la campagne, n'a pas changé : il est d'atteindre le plein emploi d'ici à 2027, soit 5 % à la fin du quinquennat.

Le gouvernement ne doute pas que ces nouvelles règles correspondent aux attentes de l'opinion publique.  "Il n'y aura personne pour pleurer sur ceux qui profitent du système ", c'est en ces termes qu'un ministre de premier plan évoque d'ailleurs la réforme.  « Les gens qui travaillent se disent toujours que les autres, qui sont à Pôle emploi, qui sont vus comme des assistés, s'en sortent mieux qu'eux ». C'est selon lui, un terreau d'ancrage du Rassemblement national.

Personne ne défend les chômeurs

Les syndicats de salariés l'ont aussi constaté à leurs dépens. Les Français ne sont pas tendres avec les demandeurs d'emploi. Alors qu'une fois n'est pas coutume, tous les syndicats sont unis et vent debout contre ce changement des règles, ils n'ont même pas cherché à mobiliser les Français. « On savait hélas que c'était peine perdue... en général, les gens ne descendent pas dans la rue pour défendre les demandeurs d'emploi. Dans ce contexte inflationniste, encore moins que d'habitude ... », reconnaît un leader d'une importante centrale.

Par définition, les chômeurs restent un corps social assez éparpillé..., ce qui ne facilite pas les mobilisations.

Sûr de son fait, mais pas téméraire, le gouvernement a, toutefois, pris soin de laisser de côté les intermittents, ou les dockers... Seules véritables catégories susceptibles de déclencher des mouvements sociaux, elles ne sont pas concernées par la réforme.

« Si l'opinion publique est aussi favorable à ce que l'on resserre les droits, c'est aussi parce qu'elle entend les patrons dire qu'il y avait des postes à pourvoir à foison, dans différents secteurs - comme la restauration, le commerce etc...- et que la grande difficulté consiste à trouver des candidats », rappelle par ailleurs un ministre. Le patronat s'est d'ailleurs réjoui ce lundi du durcissement des règles.

Enfin, dernier signe : le texte à l'Assemblée nationale est passé comme une lettre à la poste, presque sans débat la semaine dernière. Le gouvernement n'a pas eu besoin de dégainer un 49.3. Malgré l'opposition de la gauche, et de l'extrême droite, il a trouvé les voix suffisantes, notamment celles des Républicains, pour obtenir une majorité.

Une attente de Bruxelles

Si le gouvernement n'a pas la main qui tremble aussi pour durcir les droits des demandeurs d'emplois, c'est aussi parce que cette réforme correspond à une attente forte de nos partenaires internationaux, notamment européens. A plusieurs reprises, les Allemands ont fait savoir à la France qu'il serait bienvenu qu'elle réforme son marché du Travail, nos voisins outre-Rhin ayant adopté, il y a vingt ans, les célèbres réformes Hartz.

Ce lundi, le FMI a lui aussi appelé la France à redresser sans attendre ses finances publiques. Certes, l'institution internationale conseille au gouvernement de mieux cibler ses aides face au choc énergétique mais il lui demande aussi d'engager dès l'an prochain des réformes structurelles pour diminuer les dépenses et réduire le déficit. Parmi elles, l'assurance chômage est en haut de la pile, car susceptible de faire économiser 4 milliards d'euros rapidement au régime.

Reste la réforme des retraites...Cette dernière, en revanche, promet d'être plus difficile à faire passer dans l'opinion. Le gouvernement le sait bien. Il n'a pas prévu d'y renoncer et souhaite la faire adopter dès l'an prochain.

Fanny Guinochet
Commentaires 29
à écrit le 22/11/2022 à 11:54
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Je comprends de moins en moins les français, Qu'attendent ils tous pour faire une énorme grève générale et virer (voir comme avant guillotiner) tout ces politiciens qui détruisent nos vies,

le 23/11/2022 à 11:24
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A la révolution: on a pas abolit les privilèges, on les a démocratisés. Tout le monde veut des réformes, mais bronca quand ça le concerne personnellement

le 23/11/2022 à 13:34
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Justement cette réforme concerne tout les travailleurs qui veront leur usine/entreprise fermer un jour ou l'autre; pourtant tout le monde fait comme si ça le concernait pas. Là je le rapelle un salarié qui démissionne a pas droit a ce chômage... Déjà...

à écrit le 22/11/2022 à 11:17
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"Si le marché de l'emploi est favorable pour retrouver facilement un travail, les conditions d'indemnisation sont moins généreuses, et inversement." Le gouvernement pourra toujours piper les chiffres du marché de l'emploi pour mettre des condition...

le 22/11/2022 à 12:20
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Sauf que le "inversement" n'existe tout simplement pas. Les conditions sont inchangées si le taux de chômage augmente. Pile tu perds, Face, c'est pareil.

le 23/11/2022 à 13:37
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Contrairement à ce que vous dite le contraire est pas réciproque, si il y a plus de travail il n'y aura plus de chômage après 2 ou 3 ans en fonction de votre âge... Non la seule chose de faite par ce gouvernement est de détruire ces droits et avantag...

à écrit le 22/11/2022 à 2:11
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@revanchard, cette situation n'est pas anormale, mais tout à fait logique : l'hôtellerie-restauration est un métier ayant de longue date des problèmes d'attractivité et les événements ont tendance à les accentuer : les réformes de l'assurance chômage...

le 22/11/2022 à 15:26
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Ils y en a qui attendent les bateaux avec impatience : "Les restaurateurs et les hôteliers sont dans les starting-blocks. On attend maintenant du gouvernement qu’il donne des papiers à ces personnes. La formation, le boulot, on est là pour le f...

à écrit le 22/11/2022 à 2:10
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@revanchard, cette situation n'est pas anormale, mais tout à fait logique : l'hôtellerie-restauration est un métier ayant de longue date des problèmes d'attractivité et les événements ont tendance à les accentuer : les réformes de l'assurance chômage...

à écrit le 21/11/2022 à 23:30
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Les entreprises françaises devraient - comme ça se fait chez certaines de leurs homologues européennes- payées plus cher les licenciements de seniors … au fait un senior est à 60 ans non 50 …. Bref ça sert à rien si les boites ne sont pas contraintes...

à écrit le 21/11/2022 à 23:29
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Les entreprises françaises devraient - comme ça se fait chez certaines de leurs homologues européennes- payées plus cher les liv’ce ciekzbts de seniors … au fait un senior est à 60 ans non 50 …. Bref ça sert à rien si les boites ne sont pas contraint...

à écrit le 21/11/2022 à 22:52
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Une fois de plus le gouvernement Macron montre son peu de courage politique et tape toujours sur les mêmes ! Les cotisations ne baisseront, les indemnisations oui ! Et il sera facile de décréter que la conjoncture est bonne et que tous ces fainéants ...

à écrit le 21/11/2022 à 21:35
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Et les cotisations, elles vont baisser aussi? De l'arnaque totale cette réforme. On paye toujours plus cher, pour avoir toujours moins en retour.

à écrit le 21/11/2022 à 19:46
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45 ans de travail , dur dans le btp , pas connu de chômage. Peut on prétendre à une prime. Pourquoi pas .

à écrit le 21/11/2022 à 19:38
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Plutôt que de tapper sur ceux qui n'ont plus de boulo, le gouvernement pourrait faire du protectionnisme, comme les Américains et les Chinois, pour ramener l'emploi en France...mais pour ça faut des c...

le 21/11/2022 à 20:40
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Ramener de l'emploi dans un pays où personne ne veut plus travailler est une idée très brillante

à écrit le 21/11/2022 à 19:33
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Réformez ma maison mère: garder le système d' indemnisations ( l'inscription complète se fait déjà en ligne), supprimer Pole Emploi qq milliards d'€ de fonctionnement économisés à remplacer par une intelligence artificielle (AI) pour l'envoi des offr...

à écrit le 21/11/2022 à 19:25
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Une bonne réforme antisociale. Une de plus. En plus présentée par un type qui est accusé de conflit d'intérêt.

le 21/11/2022 à 20:42
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Dans un système ultra-social comme le notre cette reforme n'est qu'une très petite modération des éxcés

le 21/11/2022 à 22:52
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ça modère rien et ça attisera encore et encore les extrêmes surtout.

à écrit le 21/11/2022 à 18:15
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Le gouvernement tape fort...dans le porte monnaie des français. 25 % d'allocations chômage en moins soit mais donc je suppose que les cotisations ont baissé du même taux ? Quand à pôle emploi, l'organisme qui ne sert que ses propres intérêts quelle u...

à écrit le 21/11/2022 à 17:41
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Je connais une personne d'origine chinoise installée dans le département de la Loire qui vit tranquillement du RSA depuis 10 ans et qui pourrait travailler. Sera t-elle concernée par cette "réforme" ?

le 21/11/2022 à 19:57
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Tranquillement: il mange des nouilles ? Ach ! la France occupée ( de vichy),nostalgie.

à écrit le 21/11/2022 à 17:30
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Tout cela permet de virtualiser toutes les données et de faire dire ce que l'on désire aux chiffres, où en sommes-nous des travailleurs détachés ?

à écrit le 21/11/2022 à 16:14
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C'est un bon moyen pour lutter contre "LA FLEMINGITE AIGUE" dont souffrent les Français, notamment les jeunes Français qui ont le choix de plus en plus avéré entre "Mouiller sa chemise" et "sécher son maillot de bain". Le covid a accentué ce manque d...

le 21/11/2022 à 16:41
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@ revanchard. Vous n'avez certainement jamais travaillé dans un bar ou dans la restauration. Moi, si et je peux vous dire que lorsque j'ai pu partir, c'est en courant.

le 21/11/2022 à 17:50
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Ce gouvernement nt n'est capable que de demander des efforts aux plus faibles, en les accusant de tous les maux... Il est plus facile d'accuser les autres que de faire... Et les plus fainéants et incompétents sont aux premières loges des critiques s...

le 22/11/2022 à 14:39
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Tu as envie de travailler quand tes potes sont en repos pour un salaire un peu plus que le smic ? Perso: non !

le 23/11/2022 à 15:53
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Réponse à Blasé et consorts : j'ai 77ans, ai travaillé dur toute ma vie sans les 35h, les RTT, les 5 semaines de congés et des Ponts en forme de viaduc, vous les jeunes vous avez l'avenir devant vous et l'économie de ce pays aussi, alors faites ce qu...

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