Climat : les métropoles sont prêtes à accélérer sur les renouvelables, mais...

EXCLUSIF. Selon le « panorama énergétique des territoires urbains » réalisé par France urbaine, Enedis et GRDF, que La Tribune dévoile, près de la moitié de l'électricité produite par les grandes villes françaises est déjà d'origine renouvelable. En effet, les élus locaux font souvent le pari du photovoltaïque et du biométhane mais ils se heurtent à l'administration et aux réglementations. Explications.
César Armand
Les coûts de l'énergie solaire ont diminué de 85% entre 2010 et 2019, relève le Giec.
Les coûts de l'énergie solaire ont diminué de 85% entre 2010 et 2019, relève le Giec. (Crédits : CD2E)

Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies publie, ce 20 mars 2023, une synthèse de ses neuf dernières années de travaux, France urbaine, Enedis et GRDF viennent de produire un nouveau « panorama énergétique des territoires urbains ». Dans ce document que La Tribune dévoile, l'association d'élus représentant les grandes villes et les métropoles ainsi que les deux opérateurs de réseau de distribution d'énergie se penchent sur la consommation et la production d'énergie de 69 territoires. A eux seuls, ces derniers abritent 45% des Français, les 55% restants vivant dans les villages ruraux ainsi que dans les petites et moyennes villes.

Lire aussiZFE : la réglementation s'accélère, les métropoles décélèrent

Tordre le coup à une idée reçue

Après une première édition publiée en 2019, il ressort de cette nouvelle étude qu'entre 2017 et 2021, les consommations d'énergie ont baissé de 2,2% pour l'électricité et de 4,4% pour le gaz. En parallèle, le nombre de réseaux de chaleurs urbains a augmenté de 20%, alimenté par la biomasse ou les unités de valorisation des déchets.

« Nous voulons tordre le cou à cette idée reçue selon laquelle les territoires urbains consomment ce que les territoires environnants produisent. La question des énergies renouvelables a pris une place importante. Les villes ont en effet tendance à travailler sur un mix énergétique et à garder de la place pour d'autres filières que l'électricité, comme le biométhane », décrypte, pour La Tribune, Philippe Angotti, délégué adjoint de France urbaine chargé de la Transition écologique.

Près de treize mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine et les politiques locales nationales et de sobriété, les communautés d'agglomération, les communautés urbaines et les métropoles ont déjà les yeux rivés sur la loi de programmation énergie-climat (LPEC), dont la présentation en Conseil des ministres est attendue au second semestre 2023.

« Nous sommes encore loin de l'autonomie, mais nous pouvons peut-être nous fixer un objectif de réduction de notre dépendance absolue aux énergies fossiles. Ce serait un but réaliste de même que cela permettrait d'être moins dépendant des fluctuations erratiques des marchés », poursuit le porte-parole des élus urbains.

Près de la moitié de l'électricité produite est déjà d'origine renouvelable

D'autant que près de la moitié de l'électricité produire dans les grandes villes est déjà d'origine renouvelable, selon GRDF et Enedis. Avec le projet de loi visant à accélérer la production des énergies renouvelables, promulgué il y a dix jours, « nous espérons que ce sera encore plus le cas », enchaîne le délégué adjoint de France urbaine.

« Nous essayons de développer des panneaux solaires sur les toitures, mais comme nous l'avons rappelé au gouvernement et au Parlement, cela reste toujours compliqué avec les Architectes des bâtiments de France (ABF)... », témoigne Philippe Angotti.

Alors que l'association d'édiles avait proposé que les ABF donnent un simple avis, leur avis conforme est toujours celui qui prime sur le reste. « Nous aussi sommes attachés au patrimoine et aux paysages qu'il faut préserver, mais nous devrions pouvoir concilier ces intérêts avec la transition écologique et le développement des énergies renouvelables », dit encore le porte-parole des élus urbains.

Autre exemple de cette contradiction entre la volonté politique locale et l'administration, celui de la production des énergies renouvelables qui risque de rentrer en conflit avec la politique de zéro artificialisation nette des sols (ZAN).

Lire aussiQuand le Sénat et l'Assemblée s'écharpent sur la politique « zéro artificialisation nette » des sols (ZAN)

Une circulaire et des directives gouvernementales devraient être données aux Architectes des bâtiments de France (ABF), « mais ils risquent d'avoir encore le dernier mot », pointe Philippe Angotti. Et ce alors que les coûts de l'énergie solaire ont diminué de 85% entre 2010 et 2019, relève le Giec dans sa dernière synthèse publiée ce 20 mars 2023.

Les métropoles misent sur le biométhane

Toujours est-il qu'à défaut d'installations photovoltaïques, les communautés d'agglomération, les communautés urbaines et les métropoles peuvent miser sur le biométhane, ce gaz issu de la méthanisation. A date, la France compte en effet 514 sites de production alimentés à 52% par l'agriculture, à 37% par les stations d'épuration, 9% par les déchets industriels et à 2% par les industries.

« La production a été multipliée par 5 en quatre ans. C'est une source intéressante pour l'aménagement du territoire et notamment pour l'agriculture, mais si la filière veut rester dynamique, il faut lui trouver des débouchés et lui assurer une viabilité économique », conclut le délégué adjoint de France urbaine.

Car là encore, la volonté politique locale ne suffit pas, elle doit également être en adéquation avec les réglementations...

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 21/03/2023 à 9:15
Signaler
Ce qui me dérange un tantinet c'est cette volonté affichée d'expliquer le climat par la météo du moment qui certes pose des questions au niveau de la sécheresse. Il serait souhaitable que nos petites et grandes autorités lisent le bouquin de Steven K...

à écrit le 21/03/2023 à 2:40
Signaler
Ca n'a rien à voir avec le climat. Le climat est fichu depuis longtemps

le 21/03/2023 à 6:52
Signaler
Tout à fait C'est simplement de l'argent dépensée en pure perte.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.