La loi de programmation (LPM), toute la LPM, rien que la LPM. Pour Florence Parly, l'exécution de la LPM reste sa première priorité parmi l'ensemble des enjeux et priorités pour les mois à venir. Et elle a raison : un ministre des Armées est essentiellement jugé sur sa capacité à obtenir et préserver ses budgets. Jusqu'ici pour Florence Parly, tout va bien. "Cette loi de programmation militaire 2019-2025, c'est notre succès. C'est notre bataille du quotidien. Notre reconquête. C'est dans cet esprit de reconquête que nous l'avons bâtie. Pour redonner à nos armées ce qu'on leur avait pris. Pour mettre fin à toutes ces années de budgets en chute libre, de réductions drastiques des effectifs, de programmes retardés, voire arrêtés - et tout cela alors que, au milieu des menaces qui se multipliaient, la force de votre engagement ne faiblissait jamais", a-t-elle expliqué lors de son discours de rentrée à l'École militaire. Matignon et surtout l'Élysée semblent lui donner les moyens de cette ambition ?
Ainsi, elle présentera prochainement le budget du ministère des Armées pour 2022, qui s'élèvera "à près de 41 milliards d'euros (presque 9 milliards de plus qu'en 2017)", a-t-elle confirmé lors de son discours de rentrée. Un budget sans surprise qui est conforme à la trajectoire financière de la LPM 2019-2025 votée en juin 2018. "Depuis 2017, ce sont 26 milliards de plus qui auront été investis dans notre défense et dans nos armées. C'est considérable. C'est même historique. Et c'était nécessaire", a-t-elle également précisé. Selon Florence Parly, le budget pour 2022 continuera "de servir toutes les priorités de la LPM, et en particulier sa dimension à hauteur d'homme" : livraison des petits équipements et poursuite du plan Famille.
"Quand il s'agit de la remontée en puissance de notre outil de défense, la parole n'a pas la valeur des actes. Le juge de paix, c'est l'action. Ce qui doit donc guider et animer notre équipe pour les prochains mois, c'est l'exécution rapide, efficace et dynamique de cette loi de programmation militaire pour laquelle nous nous sommes battus", a martelé la ministre.
2023-2025, une hausse inédite des crédits de défense
La LPM 2019-2025 est ambitieuse, notamment sur la période 2023-2025. Le respect de la LPM implique sur la période 2023-2025 des hausses annuelles de crédits inédite dans un cadre budgétaire tendu en raison du contexte économique post-covid-19 compliqué (hausse du budget des armées de 3 milliards par entre 2023 et 2025 : 44 milliards, puis 47 milliards et, enfin, 50 milliards). En outre, le Sénat a évalué à 3 milliards d'euros le surcoût correspondant aux trois dernières années de la LPM.
"Certes, nous ne sommes pas encore parvenus à la moitié du chemin, mais une chose est certaine : tout ce qui est fait ne sera plus à faire. Et, comme le renoncement n'est pas une option, il faudra donc continuer à se battre jusqu'au bout de cette loi de programmation militaire qui doit nous emmener jusqu'en 2025", a souligné la ministre. A Bercy, Florence Parly aura le couteau entre les dents pour exiger son budget...
Une trajectoire à 55 milliards par an à partir de 2023 ?
Pour autant, le réarmement sera également nécessaire dans la durée pour combler les lacunes héritées du passé, estime-t-on dans les armées : petits équipements de cohérence, stocks de pièces et munitions notamment dans le cadre du combat à haute intensité souhaité par le nouveau chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, infrastructures technico-opérationnelles... La reconstitution nécessaire des stocks (pièces et surtout munitions) mettra ainsi des années à être réalisée en raison de l'appareil industriel. Aujourd'hui, les armées ne disposeraient que de 15 jours de munitions pour tenir un combat de haute intensité. Ce qui est peu, trop peu.
Le réarmement orienté sur un modèle d'armée complet et souhaité par le chef d'état-major des armées doit avant tout renforcer la souveraineté de la France : dissuasion nucléaire, capacités pour protéger l'Outre-mer et capacités indépendantes d'appréciation des situations (spatial, renseignement technique et humain). Au global, selon des chiffrages qui circulent, les armées estiment leurs besoins à 55 milliards d'euros par an sur la période 2023-2028. Une ambition qui risque de faire grincer les dents à Bercy et à Matignon. Mais aussi à certains candidats à la présidentielle, dont certains rêvent déjà de couper dans ce budget.
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