Emeutes : le gouvernement veut éviter un « quoi qu'il en coûte » pour les quartiers

Le gouvernement a décidé de prendre une circulaire pour accélérer la reconstruction des bâtiments publics frappés lors des émeutes des derniers jours. Le texte doit permettre de répondre à « 90 ou 95% des situations », selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. S'agissant des annonces à venir, l'exécutif veut à tout prix éviter une hausse des dépenses publiques pour les banlieues.
Grégoire Normand
La Première ministre Elisabeth Borne lors d'une réunion à l'Assemblée le mardi 4 juillet.
La Première ministre Elisabeth Borne lors d'une réunion à l'Assemblée le mardi 4 juillet. (Crédits : Reuters)

À la veille de la fin des « 100 jours », Emmanuel Macron cherche une voie de sortie à la crise qui a frappé de nombreux quartiers en France. Une semaine après la mort du jeune Nahel tué par un policier à bout portant, l'accalmie semble se confirmer. Les émeutes et violences des premiers jours ont laissé place au bilan et la concertation.

« Les violences se tarissent. On observe une baisse des violences depuis dimanche », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lors d'un point presse à l'issue du Conseil des ministres, ce mercredi 5 juillet.

Après avoir reçu plusieurs centaines de maires mardi à l'Elysée, le chef de l'Etat a esquissé quelques pistes pour la reconstruction. Le gouvernement a notamment prévu de faire passer une ordonnance, afin d'accélérer la reconstruction des bâtiments publics.

« Une circulaire a été travaillée cette nuit. Elle permet de répondre à 90% des situations. Toutes les communes qui ont connu de dégradations vont pouvoir reconstruire rapidement », a poursuivi Olivier Véran. S'agissant de la loi d'urgence annoncée par le chef de l'Etat, elle pourrait être présentée « rapidement ».

Le bilan s'alourdit de jour en jour

Au dernier comptage, le ministère de l'Economie a recensé 436 commerces touchés, contre 250 ce week-end. Les banques ont également été la cible de nombreuses attaques, avec 370 agences dénombrées, selon leur fédération. Depuis quelques jours, les estimations sur le chiffrage total des dégâts fleurissent de toute part. Le Medef a évoqué le chiffre d'un milliard d'euros, tout en expliquant qu'il était trop tôt pour évoquer un montant « précis ».

De leur côté, les assurances ont estimé les coûts des premiers dégâts à 280 millions d'euros. Selon Florence Lustman, présidente de France Assureurs, qui s'est exprimée sur France Info lundi, « à date », 5.800 sinistres ont été déclarés. Du côté de Bercy, l'entourage de Bruno Le Maire n'a pas avancé de chiffrage : « C'est trop tôt pour les estimations ».

Les économistes n'ont, pour l'instant, pas avancé d'impact précis sur le produit intérieur brut (PIB) ou l'activité. « L'effet des émeutes sur l'économie ne devrait pas être énorme », a estimé l'économiste responsable de la Recherche macro chez Natixis, Jean-François Robin, lors d'une récente réunion avec des journalistes. « Le coût est plutôt réputationnel sur le tourisme ou les Jeux olympiques », a-t-il ajouté.

A l'étranger, le gouvernement redoute que l'image de la France se dégrade, alors que les touristes commençaient à revenir en nombre dans l'Hexagone depuis la fin du Covid. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a d'ailleurs donné un entretien à la chaîne américaine CNN, mardi soir. Objectif affiché, tenter de rassurer les touristes outre-Atlantique.

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Pas de nouveau « quoi qu'il en coûte »

Après avoir dépensé des milliards d'euros pour faire face aux ravages de la pandémie et de la crise énergétique, le gouvernement veut à tout prix éviter l'option du « quoi qu'il en coûte ».

« Les propositions devront éviter deux écueils. Le premier serait de considérer que les émeutes seraient un appel à plus de dépense publique dans les quartiers. Je crois les citoyens ne les comprendraient pas. Ces mesures seraient ni justes, ni efficaces », a déclaré Olivier Véran ce mercredi.

Sans surprise, le gouvernement veut poursuivre sa politique de réduction de la dépense publique, comme il l'a exposée lors des récentes assises des finances publiques. « Il ne faut pas juste rénover les bâtiments et les MJC », assure toutefois l'économiste de Natixis, Jean-François Robin. « Il va forcément falloir faire un vrai plan banlieue » , ajoute-t-il. Une option pour l'instant écartée par l'Elysée.

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Un guichet unique dans toutes les préfectures

Face aux difficultés des entreprises et des collectivités, l'exécutif a annoncé la présence d'un guichet unique dans chaque préfecture. En outre, les dirigeants pourront bénéficier d'une annulation des charges.

« A titre exceptionnel, pour les commerçants les plus touchés et en grande difficulté, ils pourront bénéficier au cas par cas d'une annulation des cotisations sociales et des prélèvements fiscaux », a indiqué Bercy.

En clair, les organismes de recouvrement, comme les Urssaf, vont devoir évaluer les marges de manœuvre financières de chaque entreprise et leur capacité à régler leurs échéances. Du côté des collectivités, il est encore difficile d'avoir un bilan exhaustif des dégâts. « A ce stade, plus de 500 communes ont connu des scènes d'émeutes », a précisé Olivier Véran.

La planification écologique reléguée

Depuis le début des émeutes, le gouvernement a surtout mis l'accent sur les mesures régaliennes dans l'espace public, ainsi que le numérique. Emmanuel Macron tente de temporiser avant de faire potentiellement d'autres annonces. Lors du compte-rendu du Conseil des ministres, aucune piste de réflexion sur la doctrine du maintien de l'ordre ou la relation troublée entre la police et les banlieues n'a été évoquée.

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Parmi les autres urgences à régler, le chef de l'Etat devait présenter ce mercredi les grandes pistes de la planification écologique, orchestrée par le secrétaire en charge de ce dossier brûlant, Antoine Pellion, depuis un an. Mais le chaos des derniers jours a complètement chamboulé l'agenda de l'exécutif. Interrogé par La Tribune, l'entourage du chef de l'Etat n'a, pour l'instant, pas apporté de nouvelle date sur cette feuille de route. Une réunion au palais de l'Elysée a bien eu lieu en fin de matinée. Aucune annonce officielle n'était toutefois prévue, au grand regret de plusieurs conseillers. Le bilan des 100 jours à l'aube du 14 juillet pourrait s'avérer plus sombre qu'anticipé.

Grégoire Normand
Commentaires 16
à écrit le 06/07/2023 à 11:19
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Les Grandes Fortunes ont commencé leur migration fiscale, les retraités aussi, moins il y aura de contribuables aisés en France, plus il sera impossible de faire payer aux Français "sages" bien élevés et travailleurs, les agissements d'une minorité d...

à écrit le 06/07/2023 à 8:40
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Les dépenses n’ont pas été approuvées, pour 2021 et 2022, ni par l’AN, ni par le Sénat.. Il va bien falloir rentrer dans le rang: les français sont opposés à ces plans Banlieues qui n’apportent aucune amélioration, et peut-être même laissent-ils croi...

à écrit le 06/07/2023 à 7:18
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Ben oui après avoir jeté les centaines de milliards par la fenêtre, ce ne sont même plus des pompiers pyromanes mais bel et bien seulement des pyromanes.

à écrit le 05/07/2023 à 21:54
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Le pompier pyromane Macron qui a créé cette situation entend encore faire casquer les français à grand coup d' argent public..

le 05/07/2023 à 22:49
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Il a rien créé .. ça fait 50 ans que l on laisse pourrir la situation …. C est un parmi tant d autre …il est temps d arrêter le laxisme etatique en la matière .. reprise en main du terrain et tous les délinquants liés aux trafics devront été expulser...

le 05/07/2023 à 22:49
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Il a rien créé .. ça fait 50 ans que l on laisse pourrir la situation …. C est un parmi tant d autre …il est temps d arrêter le laxisme etatique en la matière .. reprise en main du terrain et tous les délinquants liés aux trafics devront été expulser...

à écrit le 05/07/2023 à 20:39
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Pendant ce temps : Polémique autour d'un concert à Paris en soutien "aux familles des jeunes interpellés" Un intitulé "inapproprié"? Quelques jours après la polémique autour de la mise en ligne d'une cagnotte pour le policier auteur du tir mortel s...

à écrit le 05/07/2023 à 19:14
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Imaginez un peu la réaction des agences de notation si elles venaient à découvrir un investissement débridé du gouvernement dans des "ghettos". Ce risque de ghettoïsation, il fallait donc l'anticiper au travers des nombreux gouvernements successifs, ...

à écrit le 05/07/2023 à 17:54
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bien sur que l'on exclu le quoi qu 'il en coute il n'y a plus une tune a part la planche a billets mais on sait ou sa nous emene macron pense que le coup dur est passe moi j'en suis moins sur quand je vois que 400 kg de feux d'artifices ont ete sa...

à écrit le 05/07/2023 à 17:53
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il faut que les jeunes pillent les champs Elysées ! En plein jour avec les touristes ! Lagarde a pillé leurs parents pendant des années comme les gouvernantes politiques des richissimes !

à écrit le 05/07/2023 à 17:50
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Comme je l'explique dans une vidéo sur youtube, les salariés ont été volés par l'alliance des gouvernants (politiques) avec les grandes fortunes. D'ailleurs les grandes fortunes ont toujours eut des gouvernantes... les politiques sont leurs gouvernan...

à écrit le 05/07/2023 à 17:49
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Comme je l'explique dans une vidéo sur youtube, les salariés ont été volés par l'alliance des gouvernants (politiques) avec les grandes fortunes. D'ailleurs les grandes fortunes ont toujours eut des gouvernantes... les politiques sont leurs gouvernan...

à écrit le 05/07/2023 à 16:50
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"l'accalmie semble se confirmer." Certains préparent la suite pour le 14 juillet :Paris : 300 kilos de mortiers d'artifice saisis dans le coffre d'une camionnette ,trois personnes ont été interpellées.

le 05/07/2023 à 19:58
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@Pbechade Je propose que ka police utilise aussi mais X 10 ce genre de mortier. Et en couleur SVP, que tout le monde puisse profiter du feux d'artifice😂

à écrit le 05/07/2023 à 16:25
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Reconstruire trop vite est une incitation à recommencer. Il faudrait attendre 2 ou 3 ans avant d'initier des travaux, pour que ça rentre dans les consciences que rien n'est gratuit, que le pays n'a plus d'argent et que bientôt il finira aussi pour l...

le 05/07/2023 à 16:57
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Pour cela il faut des gouvernants courageux, ce qui n'est plus le cas en France. Que ce soit droite ou gauche les gouvernants ont toujours cédé et amené à l'état de la France là où elle en est aujourd'hui. Et ce n'est pas fini.

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