GRDF envisage de « faire un geste » pour ses clients privés de gaz pendant les grèves

Ce jeudi, Laurence Poirier-Dietz, la directrice générale du gestionnaire du réseau de gaz en France (GRDF) a annoncé que le groupe fera probablement un geste envers les clients pénalisés pendant les grèves de novembre. Pendant quelques jours, 1.500 ont été privés de gaz et 5.000 ont vu leurs raccordements au gaz être retardés.
Les grèves des agents de GRDF ont privé de gaz 5.000 personnes pendant quelques jours en novembre. (image d'illustration d'une manifestation d'agents de GRDF)
Les grèves des agents de GRDF ont privé de gaz 5.000 personnes pendant quelques jours en novembre. (image d'illustration d'une manifestation d'agents de GRDF) (Crédits : Reuters)

« On sera sans doute amenés à faire un geste pour certains ». C'est ce qu'a promis la directrice générale du gestionnaire du réseau de gaz en France (GRDF), Laurence Poirier-Dietz, ce jeudi, devant l'association des journalistes économiques et financiers (Ajef). Le groupe gazier français envisage, en effet, de compenser financièrement ses clients lésés par les grèves qui ont touché GRDF, principal distributeur de gaz en France avec 11 millions de clients, entre septembre et novembre.

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Une période de grèves aux fortes conséquences pour les clients et l'entreprise

Pour demander une hausse de salaire face à l'inflation qui atteignait 6,2% en novembre en France, les salariés de GRDF, suite à l'appel du syndicat CGT, ont cessé le travail et bloqué certains sites. En conséquence, l'entreprise publique a fait face à des allongements de délais de mise en service du gaz pour des clients qui emménageaient en plein hiver, mais aussi à des coupures ponctuelles à Neuilly-sur-Seine, ou encore Perpignan. « On n'avait pas vu ça depuis longtemps », a reconnu Laurence Poirier-Dietz, avant d'ajouter avoir « fait face à un certain nombre d'exactions, des dégradations de sites, des véhicules qui ont eu les pneus crevés (...) Les atteintes à l'entreprise, à son matériel ou ses sites, ce n'est pas acceptable, comme d'ailleurs d'aller couper le gaz à des clients, on a parlé de Neuilly mais il y a eu aussi (d'autres coupures) ça et là, à Perpignan, etc, je le condamne, ce n'est pas dans l'ADN des gaziers. »

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Des coupures inopinées pendant quelques jours et des retards de raccordement au gaz en plein mois de novembre qui concernaient « moins de 5.000 clients », pratiquement tous situés en Ile-de-France, a précisé la patronne de GRDF. Le groupe a donc annoncé des compensations financières, d'un montant non précisé pour les clients qui se manifesteront et prouveront qu'ils se sont trouvés « dans une situation compliquée ».

En outre, si l'entreprise « n'a pas de pénalités avec les clients (...) », « on peut avoir des pénalités avec des promoteurs et des gens à qui on avait promis le gaz et un contrat de raccordement », indique Laurence Poirier-Dietz. Le montant des indemnités que devra payer GRDF est toujours « en cours de chiffrage » a précisé l'opérateur.

Batailles pour des hausses des salaires

À l'origine de ces grèves : des demandes de hausses de salaires. La direction de GRDF avait signé en novembre un accord salarial avec trois syndicats (CFDT, CFE-Energie, FO) prévoyant 2,3% d'augmentation, en complément d'une augmentation du salaire national de base (SNB) obtenue au niveau de la branche. Une hausse inférieure à celle réclamée par la CGT. Mais cette dernière exigeait « plus d'augmentations générales et moins d'augmentations individuelles », selon Laurence Poirier-Dietz. Un accord a finalement été trouvé pour les 12.000 salariés de l'entreprise prévoyant une prime additionnelle en 2023 d'au moins 50 euros et pouvant atteindre 87 euros pour les plus bas salaires, portant la revalorisation pour tous à au moins 200 euros bruts mensuels et mettant ainsi momentanément fin aux contestations.

Une grève à la SNCF

GRDF n'est pas la seule entreprise à connaître des épisodes de grève. C'est par exemple le cas de la SNCF, autre service public, dont la cessation de travail de plusieurs employés a entraîné l'annulation d'environ deux TGV sur cinq et d'un Ouigo sur quatre pour le week-end de Noël. Au total, ce sont 200.000 voyageurs qui ont appris l'annulation de leur train cette semaine. Comme GRDF, la SNCF a, elle aussi, promis un geste pour ses clients. Jean-Pierre Farandou a annoncé le remboursement à hauteur de 200% des billets dont les trains ont été annulés, ce qui est une « première » en France d'après lui. Mais « cela coûtera plusieurs dizaines de millions d'euros, c'est l'argent public, celui des Français », a-t-il souligné. Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a affirmé, quant à lui, sur FranceInfo, que la grève coûterait « sans doute une centaine de millions d'euros à l'entreprise publique », appelant aussi à la reprise des discussions.

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La Samaritaine fait aussi face à des grèves pour augmenter les salaires

Dans le secteur privé aussi, les mouvements de contestation prennent de l'ampleur. Ce jeudi matin, le grand magasin parisien de la Samaritaine a fermé ses portes suite à l'arrivée de grévistes et représentants syndicaux affiliés à la CGT. « Ce matin des manifestants de la CGT Commerce ont forcé l'entrée de la Samaritaine. Dans la quasi-totalité, ces manifestants ne sont pas des salariés de la Samaritaine. Pour des raisons de sécurité, les clients et le personnel ont été évacués. Les revendications salariales portées ne sont pas liées à la Samaritaine », estime la direction dans une déclaration transmise à l'AFP. Ainsi, 200 à 300 « grévistes CGT mais pas seulement des employés du magasin » d'après la CGT, ont investi les locaux appartenant au groupe LVMH.

« On demande un geste, beaucoup de salariés sont au Smic » et les « commissions individuelles sont faibles », a affirmé Jean-Michel Remande, délégué syndical CGT à l'AFP pour justifier ce blocage. « La Samaritaine est un lieu symbolique et de richesse. Beaucoup de salariés qui travaillent ici ne peuvent même pas se permettre d'acheter ce qu'ils vendent. On organise une action coup de poing car on n'a pas d'interlocuteur en face. Le patronat refuse de dialoguer avec nous », explique de son côté à l'AFP Amar Lagha, secrétaire général CGT Services et commerce.

Une grève avait déjà mobilisé une cinquantaine d'employés de la Samaritaine mi-novembre pour les salaires, selon Jean-Michel Remande, qui affirme que la direction a répondu dans un mail que les traditionnelles négociations annuelles obligatoires auraient lieu en janvier. La direction a confirmé la tenue de ces négociations à l'AFP.

 (Avec AFP)

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