La chute du pouvoir d'achat, un frein à l'activité pour la moitié des TPE

2023 a été une année plus difficile que prévue pour 43% des TPE interrogées par le réseau Initiative France. Pressées par l'envolée des prix de l'énergie et des matières premières, les TPE déclarent que l'inflation est leur principale difficulté (32%). Inquiets pour 2024, 25% anticipent une dégradation de leur activité, selon une récente enquête.
Grégoire Normand
Le commerce de proximité et l'artisanat ont été en première ligne face à l'inflation.
Le commerce de proximité et l'artisanat ont été en première ligne face à l'inflation. (Crédits : Reuters)

L'onde de choc de l'inflation continue de se propager dans les rouages de l'économie. Deux ans jour pour jour après l'éclatement de la guerre en Ukraine, la croissance du produit intérieur brut (PIB) peine à retrouver de l'élan. Après une croissance de 0,9% en 2023, le rythme de l'activité tricolore devrait rester poussif au cours du premier semestre, entre 0,1% et 0,2% selon le dernier point de conjoncture de l'Insee.

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Dans ce contexte troublé, les entreprises françaises continuent d'affronter une crise de la demande. « Le contexte macroéconomique, la conjoncture et la géopolitique n'entament pas la motivation des entrepreneurs. En revanche, l'inflation, le pouvoir d'achat et l'énergie affectent leur activité », estime Guillaume Pepy, président d'Initiative France, un réseau d'entrepreneurs implanté sur tout le territoire, qui s'exprimait lors d'un point presse ce mardi.

L'indice des prix a certes ralenti en 2023 sous l'effet de la hausse des taux d'intérêt, mais il demeure bien plus élevé que lors des deux décennies précédentes. En février, l'inflation est d'ailleurs repassée pour la première fois sous le seuil symbolique des 3%. Et celle-ci pèse sur le pouvoir d'achat des Français. Dans une note très détaillée récemment dévoilée, l'OFCE a, en outre, rappelé que le revenu issu des salaires a décroché dans la dynamique globale de pouvoir d'achat des Français. « Ce n'est pas le salaire qui explique le pouvoir d'achat, mais les créations d'emplois et les revenus du patrimoine », avait également expliqué l'économiste Mathieu Plane, lors d'une audition au Sénat.

Le pouvoir d'achat, premier facteur de la baisse d'activité chez les TPE

Or, interrogés sur les facteurs contribuant actuellement à miner leur activité, les entrepreneurs du réseau associatif citent, justement, en premier lieu, le pouvoir d'achat (49%). L'envolée des prix alimentaires et ceux de l'énergie a freiné les dépenses de consommation des Français les plus modestes en 2022 et 2024. Compte tenu du poids de ces deux postes dans leur budget, beaucoup ont dû faire des choix pour pouvoir boucler leur fin de mois. Cette poussée fièvre a particulièrement frappé les commerçants (60%). « L'inflation a embêté l'activité des commerces de proximité en 2023 », a rappelé Valérie Gonzales, entrepreneuse dans la friperie et l'épicerie installée dans Les Landes. « J'ai vu en 2023 le chiffre d'affaires descendre progressivement. Mais en même temps, j'ai vu une hausse phénoménale de l'activité colis », a-t-elle poursuivi.

Parmi les autres raisons évoquées par les entreprises, arrivent ensuite la hausse du coût des matières premières (39%) et la hausse du coût de l'énergie (34%). Là encore, la guerre en Ukraine a fait grimper les prix de nombreuses matières premières sur les marchés mondiaux. À cela se sont ajoutées les hausses des prix des énergies fossiles et celles des tarifs de l'électricité. Résultat, beaucoup d'entrepreneurs (39%) ont dû rogner sur leurs marges ou ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires (35%). Et 63% des répondants ont répercuté totalement (12%) ou un peu (51%), la hausse des coûts des matières premières sur leurs prix.

L'incertitude pèse sur 2024

Croissance mondiale atone, élections européennes, guerre en Ukraine...les chefs d'entreprise interrogés sont plongés dans un épais brouillard.  « Pour 2024, le mot clé est l'incertitude. Les entrepreneurs ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés », insiste Guillaume Pepy. Sur le total des personnes interrogées, un quart anticipe une situation économique dégradée de leur entreprise. 40% espèrent que cette situation financière va se stabiliser. Enfin, 36% pensent que leur activité sera meilleure cette année.

En dépit de ces incertitudes, 79% déclarent qu'ils ne prévoient pas de fermer leur entreprise. 14% ne savent pas. Et 7% envisagent de baisser le rideau à court ou moyen terme. Les trois principaux facteurs cités sont : la faiblesse de l'activité (18%), de la rémunération (18%) ou du manque d'équilibre vie professionnelle/vie personnelle (17%). S'agissant des priorités, un très grand nombre cite avant tout qu'ils veulent assurer la croissance de leur entreprise. « Malgré le contexte, les entrepreneurs accompagnés veulent continuer de créer des emplois », observe Guillaume Pepy. Une gageure au moment où l'économie française marque le pas.

Méthode : enquête menée en ligne du 23 novembre au 20 décembre 2023, par questionnaire auto-administré et diffusé auprès des entrepreneurs financés et accompagnés par les associations du réseau Initiative France. 2.069 entrepreneurs et entrepreneuses ont répondu à l'enquête.

Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 06/03/2024 à 9:26
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avec la fin de l'heroine de l'argent gratuit, on decouvre la realite, et il faudra en plus ' decouvrir ' les degats causes par le m'enfoutisme.......quand des syndicats d'ultra neo gauche, qui, apres avoir explique qu'on peut jeter l'argent public pa...

le 06/03/2024 à 11:03
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tout à fait d'accord avec vous .....je rajouterai simplement "il faut aussi mettre la France au travail" 35 heures par semaine voir moins pour certains , "on ne fait pas grand chose" ..... les générations précédentes qui ont fait la France travailla...

à écrit le 06/03/2024 à 9:11
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J'ai appris l'économie hein et donc comment fait l'autre moitié pour ne pas s'en inquiéter !? Ils n'ont pas appris l'économie donc eux... ^^

à écrit le 06/03/2024 à 8:54
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Les patrons se rendent enfin compte qu'ils ont besoins de clients pour gagner de l'argent. Et que leurs clients, c'était leurs salariés... Mon patron ayant délocalisé mon poste de travail, j'ai aussi délocalisé mes achats.

à écrit le 05/03/2024 à 20:51
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@ Au rédacteur de l article , ou avez vous trouve une boulangerie qui affiche le prix du croissant en dessous de 1 euros , j ai bondis en voyant cela , cela serait plutôt au alentour du 1.20 , 1.30 euros , ou bien cette photo date qu il y a quelques ...

à écrit le 05/03/2024 à 19:39
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Etonnant que nos " élites " économiques et politiques n' y aient pas pensé avant de prendre des mesures d' aides déclanchant de nouvelles dettes ,elles qui savent pourtant que le P.I.B. en France c' est avant tout la ... consommation d' où l' exce...

le 06/03/2024 à 8:42
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Oui, mais le gouvernement dépend du vote d'inactifs retraités alors que la propension à consommer et à investir décline à partir de 50 ans... Dit autrement, pour gagner les élections, les politiques arrosent du sable...

le 06/03/2024 à 21:17
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Les gens s'attendent à être protégés, l’État est là pour ça, mais tout à un coût, à payer plus tard (l'Etat c'est nous, finalement).

à écrit le 05/03/2024 à 19:14
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Moi je fais comme le gouvernement , je ne suis mis s la diete ! Avec un salaire mensuel de 5200€ net j épargne 50% … suis en retraite ans 10 ans si pas de changement et je compte bien poursuivre cet effort d’ épargne : pas de chaudière paC pas de voi...

le 06/03/2024 à 13:04
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"suis en solidaire des plus humbles" en mettant votre argent de côté, ils ne peuvent pas en profiter, les 'humbles'. Achetons des produits premier prix pour être solidaires des gens humbles, et laisser les artisans péricliter (l'artisanal est cher (v...

à écrit le 05/03/2024 à 17:47
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"estime Guillaume Pepy, président d'Initiative France" Il a réussi à se recaser notre Guillaume.

à écrit le 05/03/2024 à 17:41
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En France, 97% des entreprises font l'entièreté de leur CA dans le marché national, donc fatalement, l'impact d'une baisse de pouvoir d'achat est immédiat...

à écrit le 05/03/2024 à 17:37
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Oh ben mince alors, toute la propagande des "rassuristes" autour de l'inflation et du pouvoir d'achat se délite? Combien de mois que je vous serine en affirmant sue les beaux discours et les données économiques édulcorées ne résistent jamais face au ...

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