Une majorité de Français soutient la mobilisation contre la loi Travail

La bataille sur la loi travail entre dans le dur mardi à l'Assemblée avec son examen en commission, sous la pression de la rue, et notamment d'une partie de la jeunesse, qui entend manifester à nouveau ce jour-là contre un projet jugé "toxique". Une majorité de Français soutient la mobilisation, selon un sondage.

La bataille sur la loi travail entre dans le dur mardi à l'Assemblée avec son examen en commission, sous la pression de la rue et notamment d'une partie de la jeunesse, qui entend manifester à nouveau ce jour-là contre un projet jugé "toxique". Les syndicats opposés à la réforme les soutiennent et appellent à une grande mobilisation samedi 9 avril.

L'exécutif ne veut pas reculer sur cette réforme controversée, qui sera sans doute la dernière d'ampleur du quinquennat. Pourtant, une majorité de Français soutient la mobilisation contre le projet de loi travail, qui s'est manifestée dans la rue le 31 mars notamment, et pense que le texte devrait être retiré et "entièrement réécrit", selon un sondage BVA pour Orange et i-TÉLÉ publié dimanche.

La journée d'action de jeudi approuvée par 56% des Français

Selon cette enquête, 56% des Français disent "approuver" la journée d'action de jeudi à l'appel de syndicats de salariés et organisations de jeunesse pour réclamer le retrait du projet de loi El Khomri, contre 43% qui ne l'approuvent pas. 51% des personnes interrogées souhaitent que le texte soit "retiré et entièrement réécrit", 29% révisé "partiellement" et 18% seulement "maintenu en l'état". Le soutien au mouvement "décroît avec l'âge", note BVA: 72% des moins de 35 ans, contre 32% chez les 65 ans et plus. Les ouvriers (70%), les moins diplômés (65%) et les personnes issues des foyers les moins aisés (68%) y sont plus favorables que les cadres (55%), les plus diplômés (53%) et les ménages les plus aisés (40%), détaille le sondage. La mobilisation est particulièrement soutenue à gauche: 95% d'approbation chez les partis à gauche du PS, mais aussi 53% chez les sympathisants socialistes. A droite, les sympathisants la rejettent à 66%. Enfin, les trois quarts des Français (77%) considèrent que François Hollande a "plus à perdre qu'à gagner" en proposant cette réforme.

La commission des Affaires sociales, qui compte quelque 70 députés de tous bords, aura pour mission d'amender jusqu'à la fin de la semaine les 52 articles de la loi, avant les débats dans l'hémicycle à partir du 3 mai. Les députés travailleront en l'absence de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, conformément à une "tradition" de la commission, selon son cabinet. Vendredi soir, 769 amendements avaient été déposés, selon une source parlementaire. D'autres peuvent encore venir du gouvernement et du rapporteur.  La présidente de la commission, Catherine Lemorton (PS), a dit s'attendre à un climat "relativement serein et constructif". Mais, a-t-elle souligné à l'AFP, il y aura "des problèmes sur lesquels on va s'arrêter", avec notamment une bataille attendue "ferme" sur les critères des licenciements économiques.

Le projet reste très contesté malgré les remaniements

Avant même d'arriver à l'Assemblée, le projet a dû être remanié face à la contestation sociale et politique. Si l'initiative a apaisé une partie des socialistes et syndicats "réformistes" (CFDT, CFTC et CFE-CGC), le projet reste très contesté, comme l'a été la loi Macron, adoptée avec le 49-3. Un outil que l'exécutif aura, cette fois, du mal à utiliser, vu les réactions déclenchées par sa simple menace, selon une source parlementaire.

Dans la rue, la mobilisation s'est amplifiée jeudi (390.000 à 1,2 million de personnes, selon les sources). L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL, UNL), qui a écrit aux présidents des groupes à l'Assemblée pour leur demander de "rejeter" le texte, prévoit une nouvelle journée d'action le 9 avril. Mardi, les jeunes - que Manuel Valls a tenté d'apaiser vendredi en se disant prêt à regarder leurs propositions -, manifesteront aussi.

Selon un ténor socialiste, l'exécutif est dans "une logique proche de la fameuse allégorie du cycliste "Si on ne pédale pas, on tombe" et ne veut "pas rater l'occasion de plier le match sur l'emploi". S'il défend un texte "équilibré", le gouvernement est donc prêt à certaines évolutions.

Parmi les mesures qui devraient bouger: le fameux article 30 sur les motifs de licenciements économiques et la réduction au périmètre français de l'évaluation des difficultés des groupes.

Encore beaucoup de "points durs" à droite comme à gauche

Le rapporteur, Christophe Sirugue (PS), veut aussi des changements sur les heures supplémentaires ou les accords dits "offensifs" qui pourront entraîner, si un salarié le refuse, un licenciement pour motif non économique. Il plaide aussi, comme Mme Lemorton, pour "des mesures mieux ciblées" pour les petites entreprises.

La présidente de la commission s'attend par ailleurs à des amendements pour améliorer le Compte personnel d'activité (CPA) et des débats sur "des articles pas mis en avant" comme le "droit à la déconnexion" ou la représentativité. "L'inversion de la hiérarchie des normes", avec l'idée de faire primer l'accord d'entreprise en matière de durée de travail, devrait aussi faire débat.

Reste que "la question d'une majorité va très vite se poser", selon un député PS "frondeur". Son courant, qui a présenté une contre-réforme, portera quelques amendements "symboliques", notamment sur les "points durs", et défendra une autre philosophie. Le Front de gauche réclame le retrait de la loi, comme une partie des écologistes.

A droite, l'UDI se dit déçue et les députés LR réclament, en écho au patronat, le retour des dispositions supprimées, comme sur les indemnités prud'homales pour licenciement abusif, faute de quoi le texte ne peut "être votable", selon leur chef de file Christian Jacob. Jugeant que, sur le terrain parlementaire, "on ne sait pas à cette étape ce que le débat va provoquer", un ténor PS mise, pour la rue, sur les vacances, propices à "casser toute mobilisation centrale".

AFP

Commentaires 34
à écrit le 05/04/2016 à 10:30
Signaler
Dans les commentaires négatifs combien de leurs auteurs ont eu à faire vivre et développer une entreprise en France ? Marre qu'il y ait toujours 5 millions de chômeurs en France, marre de voir nos jeunes partir à l'étranger pour pouvoir exercer leurs...

à écrit le 05/04/2016 à 8:48
Signaler
Debout, même la nuit… Face à cette médecine qu’on dégrade Face à cet enseignement qu’on brade Face à ce niveau de vie qu’on baisse Face à cette dignité qu’on rabaisse Face à ce capital qu’on valorise Face à ce salaire qu’on dévalorise Face à c...

à écrit le 04/04/2016 à 17:35
Signaler
Une majorite de retraite souhaite la reforme. Comme on les comprends. Des retraites bien genereuses pour la plupart, de l'epargne,de l'immobilier bref de quoi rendre la vie plus sereine l'electorat de la droite republicaine veut des reformes "courage...

à écrit le 04/04/2016 à 16:32
Signaler
C'était une erreur psychologique de s'attaquer au stock de CDI existant. On le savait dès le départ. D'ailleurs Renzi ne l'a pas fait : il a simplement créé de nouveaux contrats subventionnés. Maintenant il ne reste plus qu'à ranger cette loi au plac...

à écrit le 04/04/2016 à 14:11
Signaler
les français qui dans ces jours manifestent dans les routes pour défendre leurs droits, sont les mêmes qui défendent idéologiquement la monnaie unique, en ne comprenant pas que celle-ci est la logique conséquence de la dévaluation interne du travail...

à écrit le 04/04/2016 à 11:54
Signaler
ON NE CREES PAS D EMPLOIE EN LICENCIENT PLUS FACILEMENT? MAIS EN GARNISSANT LE CARNET DE COMMANDE DES EMTREPRISES ? LES GROS PATRONS EXPORTENT LEURS EMTREPRISES A L ETRANGER POUR ETRE PLUS RENTABLE ET PERSONNES EN PARLE? CEUX QUI RESTE EN SUBISSENT L...

le 05/04/2016 à 2:38
Signaler
L'italie et L'Espagne ont passé la loi et des emplois ont eté crees, c'est un fait.En France,90% des contrats de travail sont fait en CDD, Posez vous la question pourquoi?

à écrit le 04/04/2016 à 11:14
Signaler
Finalement les français ne sont pas tant victimes du chômage que ça pour refuser que l'on essaie de nouvelles solutions pour lutter contre.

le 04/04/2016 à 12:31
Signaler
tes superbes solutions existent déjà dans d'autres pays d'Europe, qui n'ont comme tu peux le voir fait aucun miracle. Alors, les essais ...

le 04/04/2016 à 15:01
Signaler
Tu peux toujours montrer l'exemple à titre personnel.

à écrit le 04/04/2016 à 11:10
Signaler
L'autre jour je regardais à St Malo une petite bande de lycéens braillards défilant dans le centre, pas nombreux, quelques meneurs , une police en auto à l'avant et à l'arrière. Du goguenard, quoi...C'est triste parce que je suis certain que beaucoup...

à écrit le 04/04/2016 à 10:30
Signaler
"Une majorité de Français soutient la mobilisation contre la loi Travail" Et la minorité est ici apparemment, est-elle au moins concernée par ces 52 mesures , pas sur.

à écrit le 04/04/2016 à 10:27
Signaler
" les 52 articles de la loi " Et seulement quatre ou cinq ,toujours les mêmes évoqués à la TV ou la plupart des journaux.

à écrit le 04/04/2016 à 10:22
Signaler
"contre 32% chez les 65 ans et plus". Ce sont pas déja les mêmes dans les sondages qui veulent que l'âge de départ en retraite soit repoussée pour les générations suivantes ? Bien egoiste cette génération d'ex-peace and love ayant bien profité du...

à écrit le 04/04/2016 à 10:10
Signaler
Il faut réformer mais correctement mais sûrement pas à la-va-vite, en bricolant ici et là. La France est plombée par ces politiciens (de tous bords) qui pensent avant tout, à leur avenir plutôt qu'au devenir de la France, des français et de const...

à écrit le 04/04/2016 à 9:50
Signaler
1916, chair à canon 2016, chair à patrons....

le 04/04/2016 à 19:04
Signaler
Excellent.

à écrit le 04/04/2016 à 9:00
Signaler
En fait, les français aimeraient bien le chomage !!! Il faudrait cependant voir la question ,et surtout combien ont connaissance du texte !!! Je ne parle pas de l'avoir lu, mais d'en connaître autre chose que les slogans débiles des pancartes dans la...

à écrit le 03/04/2016 à 21:34
Signaler
Les ministres ne sont sans doute pas d'accord entre elles : l'une veut encourager le communautarisme dans les entreprises, l'autre veut lutter contre les lignes de vêtements islamiques pourtant promises à un grand avenir grâce à cette loi "Travail".....

à écrit le 03/04/2016 à 20:24
Signaler
C es incroyable, la réforme était faite pour les jeunes (baisse des privilèges des cdi - aujourd hui les vieux, pour augmenter la création de cdi - pour les jeunes ) et ces imbéciles profonds préférent le chômage.

le 04/04/2016 à 14:11
Signaler
Tout à fait d'accord !!! Ils suivent un étudiant perpetuel en sociologie !!! Avant de devenir apparatchik du PS !!! Sûrement, leur avenir !!! Pauvres gosses !!!!

le 04/04/2016 à 19:01
Signaler
75 % des salariés ont ces soi-disants CDI privilégiés, soit leur écrasante majorité. Donc cette réforme faciliter les licencieùents et cie va dégrader les conditions de vie de la majorité des gens qui représentent le coeur de la classe moyenne frança...

le 04/04/2016 à 19:02
Signaler
Ah j'oubliais, c'est de la part de quelqu'un qui a été en CDD et cie jusqu'à l'âge de 33 ans. Je ne suis pas sûr que cela a été votre cas.

à écrit le 03/04/2016 à 19:43
Signaler
Très belle photo des incapable les incorruptibles des nouvelle génération poli triche les intellectuelle il êtres?

à écrit le 03/04/2016 à 18:59
Signaler
Ce pays est sclérosé jusqu'à la moëlle. Les gouvernants parlent sans cesse de réformes, la population aussi, mais dès qu'on passe aux choses sérieuses, c'est la levée de boucliers. Le dernier slogan à la mode est "on ne va pas gâcher sa vie à la gagn...

le 04/04/2016 à 14:14
Signaler
Pourquoi vous en prenez-vous au pays ??? Cela n'a rien à voir avec une poignée d'activistes qui confond les époques !!! Le pays n'a rien de sclérose, c'est même l'un des plus innovants, mais peut-être est-ce vous-même finalement ?

à écrit le 03/04/2016 à 17:19
Signaler
Faut arrêter l'enfumage y a plus rien dans cette loi . Qu'ils fassent comme Chirac : on la vote mais on la promulgue pas . Ils nous dérangent pour rien . Sun ils ne fassent plus rien , ils sont nuisibles à l'économie françaises . Oh mon dieu , encore...

le 03/04/2016 à 19:13
Signaler
Ok vivement mai 2017 et son (sa) remplaçant(e). Mais on met qui à la place?? J'espère qu'on va s'arrêter là avec la politique néo libérale...

le 03/04/2016 à 19:54
Signaler
Si la le gouvernement recule comme Chirac, la droite en 2017 n'osera rien faire non plus. Et il est faux de dire que cette loi ne changera rien. Elle va donner de la souplesse aux entreprises qui pourront licencier en cas de problème économique et pe...

le 04/04/2016 à 8:25
Signaler
Peut-être mais après l'élection présidentielle, les français seront les mêmes qu'aujourd'hui...

le 04/04/2016 à 10:33
Signaler
@ Réponse de @ tico "et permettra aux salariés de décider eux même sans les syndicats". On a vu le vote chez Smart , cadre d'un côté ,ouvrier de l'autre

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.