« Le secteur des services à la personne continue de progresser » (Maxime Aiach, président de Domia Group)

ENTRETIEN - Selon le président du groupe Domia (Shiva, Acadomia, Nos Aimés...), le crédit d'impôt immédiat permettra de créer de nombreux postes dans le secteur des services à la personne. Un mécanisme « vertueux » pour atteindre la promesse du plein-emploi.
Fanny Guinochet
Maxime Aiach, président de Domia Group.
Maxime Aiach, président de Domia Group. (Crédits : © Vincent Isore/IP3)

Selon le président de Domia Group, qui regroupe les sociétés Shiva mais aussi Acadomia et Nos Aimés, les créations de postes dans son secteur vont permettre d'atteindre le plein-emploi.

LA TRIBUNE DIMANCHE - Cette année, vous avez massivement recruté. À quoi est-ce dû ?

MAXIME AIACH - Vingt-trois mille personnes pour Shiva spécialisées dans le ménage et 5 000 pour Acadomia, notre enseigne d'éducation et de cours à domicile. Nous recrutons partout en France, car de nouveaux consommateurs, moins aisés, achètent désormais nos services. Nos prestations se sont largement démocratisées.

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Pourtant, avec l'inflation, les Français se serrent la ceinture.

Oui, mais le secteur des services à la personne, lui, continue de progresser: il pèse 20 milliards d'euros. Signe qu'il y a des besoins considérables... Et notre principal concurrent n'est pas la société d'en face, mais le travail au noir, qui apparaît comme simple et avantageux.

Pourtant, il existe un crédit d'impôt qui permet au client d'être remboursé à 50 % du montant de la prestation.

Oui, ce crédit existe depuis les années 1990 et contribue à nous rendre compétitif. Mais il avait un frein : l'avance financière que devait faire le particulier. S'il prenait une heure de ménage à 26 euros, certes cela ne lui revenait au final qu'à 13 euros, mais il devait avancer l'argent et attendre que les impôts lui en remboursent la moitié plusieurs mois plus tard. C'était dissuasif. Ce décalage de trésorerie était une limite considérable à notre activité. Nous l'avons identifiée il y a sept ans et avons cherché une solution pour que le prix de revient soit le prix acquitté tout de suite et que le client n'ait plus à avancer d'argent.

Qu'avez-vous fait ?

Nous avons été quelques-uns à réfléchir à un système de financement du crédit d'impôt par les banques - « la subrogation » - pour ne pas impacter les finances publiques. Mais ça n'a pas été concluant. En 2014, nous avons rencontré Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie... Il y a cru. Nous avons alors travaillé ensemble avec les administrations fiscales et sociales pour mettre en place le système actuel. Le prélèvement à la source se mettait en place, nous avons inclus notre dispositif dans ce système. C'est ainsi que le projet, porté par le politique, a été créé dans le cadre d'une véritable collaboration entre les entrepreneurs de la fédération du service à la personne - la Fesp - et les administrations. Les expérimentations ont duré un an et demi, il a fallu connecter les systèmes d'information.

Concrètement, comment ça marche ?

Si je suis client et bénéficie d'une prestation, une fois celle-ci effectuée, par exemple une heure de ménage à 26 euros, je paie. Mais seulement 13 euros. Je n'ai plus à avancer l'argent du crédit d'impôt comme auparavant. C'est l'Urssaf, gestionnaire du dispositif, qui va régler les 13 euros restants au prestataire.

Quel bilan tirez-vous de cette mise en place?

Le succès dépasse nos espérances. Dès que facialement nous avons baissé les prix, la croissance a été au rendez-vous. Entre juin 2022 - date de mise en place de la mesure partout dans l'Hexagone - et aujourd'hui, 1 million de personnes ont utilisé le dispositif. Aujourd'hui, on estime que ça va booster la croissance du secteur de 30 % et permettre d'accueillir de 300 000 à 500 000 collaborateurs supplémentaires dans les années à venir. Le travail au noir sera éradiqué dans notre secteur. À mon niveau, entre Acadomia et Shiva, nous avons créé près de 30 000 emplois en quelques mois. Nous avons investi en informatique, en formation, recruté, ouvert 150 agences Shiva en un an, etc. Ce qui a aussi permis de mieux rémunérer nos intervenants - 20 % d'augmentation en moyenne chez Shiva. Pour toutes ces raisons, je suis sûr que grâce à ce mécanisme de crédit d'impôt immédiat les créations de postes dans les services à la personne vont permettre d'atteindre la promesse d'Emmanuel Macron : une France au plein-emploi, à 5 % de chômage, à la fin du quinquennat. C'est très vertueux, car par ailleurs l'État est financièrement gagnant : il perçoit des rentrées fiscales et des cotisations sociales. Les études d'impact réalisées montrent que, pour 1 euro de crédit d'impôt, l'État perçoit 1,50 euro de recettes directes et indirectes.

Fanny Guinochet
Commentaires 2
à écrit le 25/12/2023 à 19:58
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La bonne solution pour aider les "vieux", ce serait leur donner la garantie de pouvoir en finir avec une vie qui à partir d' un certain moment n'en n'est plus une. Lorsque la dépendance est un quotidien insurmontable, un désespoir incommensurable.

à écrit le 24/12/2023 à 9:09
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Et il serait temps de mieux rémunérer les personnes qui torchent nos vieux, merci pour elles. Par chez nous il y a 4 ou 5 ans elles ont enfin disposé, au moins, de voitures de fonction, ben les vieux fachos gueulaient parce que bon "elles ne se refus...

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