
Ces assises sont comme « une première pierre... ce rapport nous sera utile, aujourd'hui c'est une des briques » du futur texte Plein Emploi. C'est en ces termes qu'Olivier Dussopt, le ministre du Travail, a commenté la remise de ce rapport qui se veut une synthèse de plusieurs mois d'échanges, y compris en région, avec des acteurs du monde du Travail, des partenaires sociaux etc.
Les Assises du travail ont été lancées le 2 décembre dernier, avant le conflit sur les retraites. Elles donnent lieu à un rapport de soixante-dix pages, rédigé et coordonné par Jean-Dominique Senard, le président de Renault et Sophie Thiéry, présidente de la commission Travail et emploi du Conseil économique, social, et environnemental, (CESE) et remis au ministre. Dix-sept recommandations en découlent.
Un pacte employeurs-travailleurs
« Concilier les objectifs économiques et le bien-être des actifs », « Remettre le travail au cœur du débat public », « Repenser le travail et toutes ses conséquences en termes de qualité et de santé »... Le ministre du Travail, qui n'a pas caché sa satisfaction de passer à autre chose après la violente bataille contre la réforme des retraites, a répété son intention de répondre aux aspirations des Français en matière d'emploi. Aussi, ce rapport vise-t-il à aider à la création d'un pacte employeurs-travailleurs.
Si le ministre s'est félicité qu'il n'y ait pas de grande démission en France, il souhaite répondre aux attentes des actifs dont la quête de sens au travail est de plus en plus forte, selon lui. Notamment depuis la crise sanitaire.
Il prend note aussi d'un enseignement important qui ressort de ces Assises du travail : l'aspiration à plus d'autonomie, notamment chez les plus jeunes. L'une des recommandations est d'ailleurs de favoriser la formation des managers.
Parmi les mesures phares : un Compte épargne temps universel
Permettre de garder les jours de congés non pris pour les utiliser plus tard quand on en a besoin : c'est l'une des principales recommandations de ces Assises du travail. L'idée serait de mettre en place un système de portage extérieur à l'entreprise, comme le compte personnel de formation, lequel permettrait, en cas de changement d'entreprise ou même de statut, de bénéficier au fil de sa carrière des jours de congés non pris. Ce compte existe déjà dans certaines entreprises, l'idée serait donc de le généraliser. Une suggestion qui se rapproche de celle de la CFDT qui milite depuis plusieurs années pour une banque du temps.
Vers la semaine de 4 jours ...
Le principe, c'est de travailler 4 jours au lieu de 5, sans baisse de rémunération, en condensant les heures de travail sur moins de jours. Plusieurs expérimentations sont actuellement en place dans les services publics. Et le ministre veut encourager la négociation dans chaque entreprise. Tout comme le télétravail, autre aspiration importante mise en lumière par ce rapport. Le ministre s'est dit favorable à son extension, quand c'est possible, mais tout en veillant à la déconnexion, avec la signature d'une charte, qui soit applicable.
Favoriser une culture de la prévention partagée
Face aux défis de la transition écologique, mais aussi des futurs métiers, les actifs doivent faire preuve d'adaptation. Mais cela ne peut se faire sans accompagnement. L'objectif étant d'éviter les absentéismes. Mais aussi les accidents du travail. « La question de la santé mentale s'impose comme une priorité... notamment en matière d'usure professionnelle », a souligné le ministre.
Et si le sujet de l'emploi des seniors n'est pas spécifiquement abordé dans le rapport, Olivier Dussopt a toutefois précisé que ce sujet serait, conformément à ce qu'a promis le chef de l'Etat, traité dès que les syndicats accepteront de revenir à la table des discussions. Autrement dit, les mesures retoquées par le conseil constitutionnel comme le CDI de fin de carrière ou l'index senior ne seront pas abandonnées. Loin de là.
Pas un mot sur les salaires
Parmi les 17 recommandations, peu promettent de révolutionner le monde du travail. Elles font office de bonnes intentions.
On pourra toutefois regretter que les salaires ne soient pas traités, alors qu'en période de forte inflation, les questions de pouvoir d'achat sont aujourd'hui prioritaires pour les Français. « Ce n'était pas l'objet de rentrer dans ce sujet qui relève de la liberté des entreprises », s'est défendu Jean-Dominique Senard. Et le ministre d'ajouter qu'il y aurait, dans la future loi Plein emploi, « une transcription intégrale et fidèle » de l'accord sur le partage de la valeur, signé par les partenaires sociaux, il y a quelques semaines.
On notera également que pour tenter d'apaiser le débat avec les syndicats, ce rapport met au cœur des nombreuses préconisations, le dialogue social. Il appelle les partenaires sociaux à se saisir de ces sujets. Ce lundi après-midi, le ministre a évoqué, à plusieurs reprises, la nécessité de plus d'écoute, de dialogue, de concertation et même de négociation, pour rétablir la confiance. Comme un vœu pieu dans un pays fracturé.