Comme à son habitude, l'interview d'Emmanuel Macron a réuni de très nombreux téléspectateurs. Au total, c'est 8,9 millions de personnes qui se sont postées devant leur télévision pour regarder le Président s'expliquer au sujet de la guerre en Ukraine, ont indiqué les chaînes vendredi, en citant les chiffres de Médiamétrie. Elle a réalisé une part d'audience de 41,3%. Cela signifie que 4 personnes sur 10 qui étaient devant la télévision à ce moment-là la regardaient.
Dans le détail, cette interview de près d'une demi-heure diffusée dans leur journal de 20h00 a été suivie par 4,8 millions de téléspectateurs sur TF1 et 4,1 millions sur France 2.
Une audience dans la moyenne des allocutions présidentielles
Cette audience est dans la norme de celles réalisées par le président de la République ces derniers mois dans ce format, l'interview par des journalistes sur plusieurs chaînes. A chaque fois, ce type d'interventions avait attiré entre 6 et 11 millions de téléspectateurs.
Dans un autre format, sa conférence de presse du 16 janvier avait été suivie par un total d'un peu plus de 8,7 millions de téléspectateurs sur l'ensemble des huit chaînes qui la diffusaient. Avant cela, le 20 décembre, près de trois millions de téléspectateurs avaient écouté ses deux heures d'interview sur une seule chaîne, France 5, dans l'émission « C à vous ».
Les interventions du chef de l'Etat qui sont les plus suivies sont celles qui prennent la forme d'une allocution exceptionnelle. Ainsi, 13,3 millions de téléspectateurs toutes chaînes confondues avaient regardé celle diffusée en octobre 2023 après l'attaque du Hamas en Israël, et 15,1 millions mi-avril 2023 après la promulgation de la très contestée réforme des retraites.
Une interview sur la guerre en Ukraine...
Jeudi, le sujet au centre de l'interview était celui de l'engagement de la France dans la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron a notamment affirmé que, pour lui, la guerre en Ukraine est « une guerre existentielle pour l'Europe et la France », qui se déroule « à moins de 1.500 kilomètres de Strasbourg ».
« Toutes les options sont possibles » et « le seul à avoir une responsabilité sera le Kremlin (...) « Pour avoir la paix, il ne faut pas être faible », a déclaré Emmanuel Macron. « Ce début d'année 2024 doit être celui du sursaut (...). Je souhaite que la Russie cesse cette guerre et se retire (...). Nous ferons ce qui est nécessaire pour atteindre nos objectifs (...) Nous serons prêts à prendre les décisions pour que la Russie ne gagne pas », a-t-il précisé.
Et d'ajouter : « si la Russie devait gagner, la vie des Français serait amenée à changer car nous ne serions plus en sécurité. La sécurité de l'Europe et des Français serait menacée » et la « crédibilité de l'Europe sera réduite à zéro ». Car pour Emmanuel Macron, Vladimir Poutine ne « s'arrêtera » pas à l'Ukraine si elle gagne la guerre. « La Russie est une puissance qui déstabilise ».
A l'approche des élections européennes
Cette intervention marque aussi de facto l'entrée en campagne du chef de l'Etat, après le premier meeting de son camp samedi dernier à Lille. Emmanuel Macron a pris la parole dans la foulée du premier grand débat des européennes, sur Public Sénat, avec toutes les têtes de liste à l'exception du favori Jordan Bardella, représenté au nom du Rassemblement national par Thierry Mariani, un eurodéputé réputé proche de Moscou. Le camp présidentiel entend notamment axer sa campagne sur le soutien à l'Ukraine, accusant le RN, largement en tête dans les sondages, et La France insoumise d'entretenir des positions prorusses.
Pour le chef de l'Etat, ceux qui posent « des limites » à l'engagement pour soutenir l'Ukraine face à l'invasion russe « ne font pas le choix de la paix mais font le choix de la défaite ». « Ils font le choix de l'abandon de souveraineté parce qu'ils font le choix dès maintenant de dire : nous, nous avons des limites », a déclaré Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron a été accusé de « souffler sur les braises » de la guerre par les oppositions de droite comme de gauche, à l'issue de son interview télévisée. « Veut-il faire la guerre à la Russie ou occuper l'espace politique en pleine campagne des européennes », s'est ainsi interrogé sur X le patron des Républicains Eric Ciotti. Ajoutant, à trois mois du scrutin : « Soutenir l'Ukraine, oui. Souffler sur les braises d'un potentiel conflit mondial à des fins électorales, non ». De son côté, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a mis en garde : « Si on alimente la guerre, on finit par la faire soi-même. Ceux qui veulent la paix préparent la paix. Lui non ».
(Avec AFP)
