Comment le « soft power » de Macron façonne l'avenir de l'Europe et de Renew

OPINION. L'Europe traverse une période marquée par d'importants défis géopolitiques, influençant profondément son paysage politique et sécuritaire. Ces enjeux incluent la crise ukrainienne, les tensions avec la Russie, l'ascension du populisme, les défis migratoires. Dans ce cadre complexe, les dirigeants européens, œuvrent à maintenir la stabilité et consolider l'unité de l'Europe. Cette tribune vise à explorer l'impact significatif du « soft power » développé par Emmanuel Macron depuis son élection en 2017, soulignant comment sa diplomatie proactive a solidifié sa stature en tant que pilier central pour la stabilité et la paix en Europe. Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association Renew Europe France Paris, déléguée chargée de la communication.
(Crédits : DR)

Le 26 février, le Président Emmanuel Macron a convié les alliés de l'Ukraine à l'Élysée pour une conférence de soutien, faisant écho à la signature, le 16 février d'un accord de coopération en matière de sécurité. À l'issue de cette conférence, le Président a affirmé, dans le but d'assurer la « défaite » de la Russie, qu'il n'écartait pas l'option d'un déploiement de troupes occidentales.

Cette annonce a rapidement suscité une vague de réactions critiques, tant au niveau national qu'européen. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est fermement opposé à cette idée, tout comme le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon et le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui tous deux qualifient cette démarche d'« irresponsable » et de preuve d'« inquiétante légèreté présidentielle ».

Le même jour, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale à Washington déclarait qu'aucune troupe américaine ne serait déployée en Ukraine, position rapidement rejointe par le Royaume-Uni.  En exhortant les alliés de Kiev à un "sursaut", le Président Macron a employé une stratégie de « soft power » (*) mobilisant la diplomatie face à une problématique relevant du « hard power » (**), illustrant ainsi un contraste frappant entre l'usage de méthodes fondées sur l'attraction et la persuasion et l'exercice du pouvoir militaire.

L'unité de l'Europe à l'épreuve

Depuis l'escalade du conflit en Ukraine, plusieurs formations politiques populistes ont adopté des positions ambiguës comme le souligne le rapport de l'European Council on Foreign Relations (ECFR). Dix partis européens, y compris le Rassemblement national, ont manifesté une opposition modérée à la Russie appelant à des négociations sans pour autant condamner explicitement l'acte d'agression.

En février 2022, les élus du Rassemblement national et de la France insoumise ont décliné le soutien du plan d'aide à l'Ukraine mettant en péril la solidarité de l'Union européenne.

Des partis tels que le Rassemblement national en France ou la Léga en Italie gagnent en influence, en déployant des arguments eurosceptiques et en capitalisant sur le mécontentement généré par diverses crises - économique, migratoire et climatiques.  Un sondage réalisé par OpinionWay révèle que les groupes Identité et démocratie (ID) et Conservateurs et réformistes européens (CRE) pourraient arriver en tête du prochain scrutin de juin.

Alors que l'année 2024, marquée par 76 élections à travers le monde, s'annonce exceptionnelle du point de vue électoral, elle sera également témoin de disparités démocratiques selon les pays ; la réélection anticipée du Président russe Poutine pourrait accentuer les clivages au sein de l'Europe, dans un contexte de poursuite de l'invasion russe en Ukraine et d'ascension des partis populistes.

Le soft power d'Emmanuel Macron

L'approche du « soft power » adoptée par Emmanuel Macron a été remarquée depuis l'escalade du conflit en Ukraine. Le chef de l'État s'est positionné à la pointe des efforts diplomatiques en Europe, prônant la défense de l'ordre international, et appelant à une résolution pacifique du conflit. Ses efforts se sont notamment traduits par de multiples entretiens avec le président russe Vladimir Poutine, visant à la médiation et à la désescalade de la crise, ce qui témoigne de son engagement résolu en faveur de la diplomatie.

Parallèlement, le soutien militaire apporté par la France à l'Ukraine, souligne l'attachement d'Emmanuel Macron aux principes de souveraineté et d'intégrité territoriale. Le président français a également joué un rôle prépondérant dans l'orchestration de la réponse européenne et internationale collaborant étroitement avec les partenaires de l'Union européenne et de l'OTAN pour imposer des sanctions économiques à la Russie. En 2023, d'après l'indice de « soft power » publié par Brand Finance, la France a réalisé une avancée notable sur le pilier relations internationales dans le classement mondial de « soft power ». Cette progression illustre l'efficacité et l'impact de la stratégie diplomatique.

L'impératif du « soft power » d'Emmanuel Macron à l'approche des scrutins européens est indéniable

En positionnant la crise ukrainienne comme un tournant crucial pour l'Europe, le Président Macron aspire à cristalliser l'attention des électeurs sur la conviction que l'unité européenne est essentielle pour garantir la paix et la stabilité. Sa posture résolue en faveur de l'Ukraine pourrait catalyser un élan de soutien envers les partis résolument pro-européens lors des prochaines élections.

Les enjeux majeurs du « soft power » d'Emmanuel Macron, particulièrement en perspective des élections européennes imminentes, incluent − la consolidation de l'influence du groupe politique Renew Europe, confronté à l'ascension des forces populistes et eurosceptiques − la faculté de déployer dans la durée une diplomatie active et de préserver la cohésion de l'Union européenne et la capacité à fédérer un soutien suffisant autour des propositions.

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(*) Concept du théoricien Joseph Nye, se définit par la capacité d'un Etat ou acteur à influencer et à orienter les relations en sa faveur par un ensemble de moyens autres que coercitifs.

(**) Désigne l'utilisation de moyens coercitifs

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Commentaires 3
à écrit le 12/03/2024 à 19:13
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Jacques Delord avait une autorité et vision de l'Europe mais aucun de ses successeurs n'a eu la capacité de continuer l'œuvre entreprise au niveau politique il n'y a plus que des technocrates obsédés par des règlements !!!

à écrit le 12/03/2024 à 9:24
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On peut toujours sortir quelque chose des décombres avec un peu d'imagination, on récupère et on le détourne de sa destination ! C'est souvent ainsi après les guerres !

à écrit le 12/03/2024 à 8:39
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"les dirigeants européens, œuvrent à maintenir la stabilité et consolider l'unité de l'Europ" Voilà c'est pour ça que Van Layen d'ailleurs veut rester à son poste ! Pour construire et stabiliser l'UE ! lol ! ^^

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