Matières premières : 60% des entreprises frappées par la flambée des prix

L'explosion du prix des matières premières ces derniers mois a pesé sur la trésorerie de nombreuses entreprises dans l'agriculture, la restauration ou encore l'artisanat selon l'enquête annuelle d'Initiative France, un réseau d'associations destinées à accompagner les entreprises, présidé par l'ex-PDG de la SNCF Guillaume Pépy.
Grégoire Normand
Dans la boulangerie, les coûts ont explosé.
Dans la boulangerie, les coûts ont explosé. (Crédits : Reuters)

L'onde de choc de la guerre en Ukraine continue de se propager à l'ensemble des secteurs économiques. Près d'un an après l'invasion de la Russie sur le territoire ukrainien, beaucoup d'entreprises subissent de plein fouet les effets dévastateurs de ce conflit majeur aux portes de l'Europe.

Dans l'étude annuelle menée par le réseau Initiative France dévoilée ce jeudi 2 février, 58% des entrepreneurs interrogés se disent affectés par la flambée des matières premières. Pour rappel, l'Ukraine est une source importante et un pays de transit de matières premières pour l'économie mondiale dans de nombreux domaines (blé, pétrole, gaz, titane).

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En 2019, l'Hexagone importait d'Ukraine énormément de métaux ferreux (47 milliards de dollars), de bois (37 milliards d'euros) ou encore de minerais (27 milliards) selon de récents chiffres de l'ambassade ukrainienne en France. « Après le choc Covid, le choc macroéconomique de la guerre en Ukraine a frappé les entreprises, » a déclaré lors d'un point presse ce jeudi 2 février Guillaume Pepy, président d'Initiative France, un des plus vastes réseaux d'accompagnement d'entreprises dans l'Hexagone.

Parmi les autres principaux facteurs de difficultés cités dans l'étude, arrivent la hausse de l'énergie (45%), les ruptures d'approvisionnement (26%), ou encore les difficultés de recrutement (21%). A l'opposé, les changements des comportements post-covid (1%), la conjoncture économique (1%) ou encore la baisse du pouvoir d'achat (2%) sont relégués en bas de tableau.

L'agriculture, les hôtels-cafés et restaurants et artisans en première ligne

Sans surprise, quelques secteurs sont en première ligne face à l'explosion des prix des matières premières et ceux de l'énergie. Ainsi, 86% des agriculteurs se disent affectés par l'augmentation des matières premières. Dans l'hôtellerie et la restauration, 80% des gérants affirment qu'ils sont particulièrement touchés par ces hausses. Enfin, les professionnels dans l'artisanat et l'industrie font également part d'un grand désarroi. 69% d'entre eux déclarent être concernés par cette envolée des prix.

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Au mois de janvier, de nombreux artisans sont descendus dans la rue pour exprimer leurs difficultés à payer les factures. Le prolongement de cette crise pourrait mettre de nombreux artisans sur le carreau, même si des aides sont déployées (guichet, amortisseur électricité, plafonnement des factures d'électricité pour les très petites entreprises). Au total, près de 40% des dirigeants interrogés anticipent une situation économique de leur entreprise moins bonne (28%) ou fortement dégradée en 2023. A l'opposé, 40% considèrent qu'elle va être stable et 23% pensent qu'elle sera meilleure.

Face à la crise énergétique, les entreprises privilégient les solutions de court terme

Face à l'envolée des prix, certaines entreprises ont dû passer en revue les sources d'économies possibles, notamment à court-terme. Le principal levier mentionné par les répondants est tout simplement la baisse du chauffage (41%). Viennent ensuite la chasse aux dépenses énergétiques inutiles (37%), la sensibilisation des équipes aux mesures de sobriété (28%).

En revanche, très peu de répondants ont évoqué un recours aux énergies renouvelables (1%), un basculement vers un modèle moins énergivore (2%) ou encore un déménagement vers un site moins gourmand en énergie (1%). Enfin, seulement 14% ont installé de nouveaux équipements pour optimiser la consommation d'énergie.

59% des entreprises affirment que l'impact écologique est leur priorité

Autre résultat frappant de cette enquête : 59% des dirigeants interrogés estiment que la prise en compte de l'impact écologique, social et sociétal est aussi important que l'enjeu économique. 6% affirment même que cet impact écologique est plus important que l'enjeu économique.

A l'inverse, 29% indiquent que cet enjeu écologique est moins important que l'économie et 6% répondent qu'il n'est pas important du tout. Sur cette population, deux catégories apparaissent plus préoccupées. Il s'agit des jeunes de moins de 35 ans et des femmes qui affirment en très grande majorité (90%) que l'impact écologique doit être une priorité.

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Parmi les principaux leviers envisagés, figurent en premier lieu le renforcement du tri des déchets et le recyclage (47%), la baisse de la consommation d'énergie et de matières premières (39%), l'utilisation de produits respectueux de l'environnement (37%). Viennent ensuite l'optimisation des déplacements (33%), le fonctionnement en circuit court (32%) ou encore la réduction de l'empreinte carbone de l'entreprise (28%)

En revanche, la mise en place de nouvelles pratiques en matière de gouvernance (7%), de ressources humaines (9%) ou la formation aux enjeux de la transition écologique (10%) sont très loin d'être des priorités pour la plupart des patrons interrogés dans le cadre de cette enquête.

Méthode : enquête nationale réalisée auprès de 1.732 entrepreneurs soutenus par le réseau initiative France entre le 10 novembre et le 13 décembre 2022.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 03/02/2023 à 5:57
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C'est bien l'europe. Inflation, insecurite, guerre. Le pied.

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