Pouvoir d'achat, retraites, salaires, UE, Russie..., les sujets "éco" du débat Macron-Le Pen à la loupe

Pouvoir d'achat, salaires, retraites, UE, position à l'égard de la Russie..., Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont eu de vifs échanges mercredi soir lors de leur débat télévisé à quatre jours du second tour. Revivez les temps forts "éco" de ce moment crucial de la présidentielle.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés mercredi lors du débat de l'entre-deux-tours avec une retenue à rebours de leur joute de 2017, qui n'a pas empêché des accrochages acides sur le pouvoir d'achat notamment, cheval de bataille de la candidate d'extrême droite, et les enjeux diplomatiques du moment, tels le conflit ukrainien et l'avenir de l'UE. A quatre jours du second tour de l'élection présidentielle, pour lequel le président sortant est donné favori, mais avec une dynamique bien moins favorable qu'il y a cinq ans, les finalistes se sont efforcés d'opposer deux registres : celui de la "porte-parole" du peuple qui "souffre" et des plus démunis pour l'une, celui du héraut d'un "pays plus indépendant et plus fort" pour l'autre. Forte des enseignements de son raté de 2017, Marine Le Pen a cultivé une contenance courtoise et souriante, parfois faussement détachée face à son adversaire qui, comme en 2017, s'est employé à confronter la députée RN du Pas-de-Calais aux contradictions et failles présumées de son programme avec un ton parfois condescendant et sentencieux ("vous dites n'importe quoi", "vous mentez"). "Arrêtez de tout confondre, ce n'est possible", a-t-il ainsi lancé au cours du débat. "Monsieur Macron, ne me donnez pas de leçon", a répliqué Marine Le Pen, s'attirant cette réponse: "Je ne vous donne pas de leçon. Je connais le numéro par coeur, ne me le faites pas Mme Le Pen."

"Elle est beaucoup plus disciplinée qu'il y a cinq ans Mme Le Pen", a toutefois ironisé Emmanuel Macron à la fin des échanges. "Je crois qu'on vieillit", a plaisanté la candidate. Rappelant son adversaire à "la vraie vie", Marine Le Pen s'est donné pour priorité, si elle est élue, de "restituer leur argent" aux Français, qui s'"inquiètent", selon elle, "d'un déclassement, d'une sorte de précarité généralisée qu'ils ressent[ent]" au terme de cinq années de présidence Macron marquée par la pandémie de COVID-19.

Bouclier et chèques contre baisse de la TVA

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés sur les méthodes pour protéger le pouvoir d'achat, notamment sur l'énergie, le premier défendant le "bouclier" actuel et son projet de "chèque alimentaire", la seconde prônant une baisse de TVA. Marine Le Pen a expliqué vouloir baisser la TVA sur l'énergie à 5,5% au lieu de 20% ainsi qu'une TVA à 0% sur un panier de produits de première nécessité, "tant que l'inflation est supérieure d'un point à la croissance", ce qui selon elle est le cas.

Une donnée contestée par Emmanuel Macron, qui lui a reproché de comparer à tort la croissance trimestrielle et l'inflation annuelle, alors qu'en termes trimestriels, la croissance est, a-t-il dit, supérieure à l'inflation. "Donc votre mesure ne pourrait pas s'appliquer aujourd'hui", a-t-il dit.

"Il y a un point de différence", a-t-elle répondu. "Oui mais dans l'autre sens", a rétorqué Emmanuel Macron.

Il a aussi souligné qu'elle avait voté à l'Assemblée contre le bouclier énergie. "Pourquoi?" a-t-il lancé à son adversaire qui concédait le besoin de mesures conjoncturelles si nécessaire.

"Je me réjouis que vous soyez pour garder (le bouclier) alors que vous ne l'avez pas voté comme députée, c'est une correction de jugement", a-t-il attaqué.

"La baisse de TVA sera pas une mesure efficace car elle va aller aux grands distributeurs beaucoup plus qu'aux consommateurs" et "elle est injuste car elle n'est pas ciblée et touchera nous quatre qui n'en avons pas besoin" au lieu des ménages qui sont "à l'euro près" pour lesquels "le chèque est le plus adaptés".

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont accrochés mercredi en débat d'entre deux tours sur leurs propositions respectives d'incitations à augmenter les salaires et primes, chacun accusant l'autre de faire croire que les hausses seront "automatiques".

"Vous n'allez pas faire les salaires, Madame Le Pen". "Tout comme vous n'allez pas faire les primes, Monsieur Macron", se sont répondu les deux candidats à la présidentielle, en évoquant la thématique du pouvoir d'achat.

La cheffe de file du Rassemblement national a défendu sa proposition de geler "les cotisations patronales" en cas d'augmentation de "10% des salaires jusqu'à 3 fois le Smic"

"C'est certes un manque à gagner" pour l'Etat mais "ça n'est pas une dépense directe", a assuré Madame Le Pen.

De son côté, Emmanuel Macron est revenu sur le dispositif de prime versée par les entreprises, qui sera défiscalisée jusqu'à 6000 euros.

"Mais dans la vraie vie, quand vous allez chercher un prêt auprès de votre banquier, il vous demande votre salaire et il se moque des primes", a argué Mme Le Pen, "parce qu'il sait qu'un coup, vous aurez la prime et puis peut être un coup, vous ne l'aurez pas".

"Donc on voit bien que la mesure que je propose d'augmentation des revenus est quelque chose qui est capable d'améliorer la vie quotidienne des Français", a-t-elle plaidé.

En retour, Emmanuel Macron a rétorqué que dans sa proposition comme celle de Mme Le Pen existait "une part d'aléa".

"Vous n'augmentez pas les revenus car vous n'administrez pas les salaires", a-t-il souligné.

"Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent qu'avec vous, leur salaire va augmenter de 10%, ce n'est pas automatique", a-t-il insisté.

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Opposition sur l'âge de départ à la retraite

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont également opposés sur l'âge de départ à la retraite, que le chef de l'Etat souhaite porter progressivement à 64 ou 65 ans tandis que la présidente du RN veut rester "entre 60 et 62 ans". Marine Le Pen a assuré qu'avec elle les salariés "partiront à la retraite entre 60 et 62 ans" et que "pour avoir une retraite pleine, il leur faudra entre 40 et 42 annuités".

Elle a aussi défendu un système "progressif" où "ceux qui auront eu un premier emploi significatif avant 20 ans pourront partir à la retraite à 60 ans, après 40 annuités". "Progressivement, au fur et à mesure de l'âge auquel on rentre dans le système, on atteindra maximum 42 annuités 62 ans", a-t-elle assuré.

"C'est évidemment fort différent du projet de monsieur Macron qui veut faire travailler tout le monde jusqu'à 65 ans", a-t-elle ajouté, voyant là "une injustice absolument insupportable".

Car "envisager que plus personne ne puisse avoir une retraite pleine, car plus personne n'arrivera à cet âge-là avec le nombre d'annuités qui va évidemment augmenter" est "profondément injuste" et "absolument pas justifié sur le plan budgétaire", a martelé Mme Le Pen.

"Je veux garder ce trésor qu'est notre système par répartition" a répliqué Emmanuel Macron, selon qui "il n'y a qu'une manière de financer, c'est de travailler progressivement plus" avec d'une part "le plein emploi" mais aussi en "décalant l'âge légal" de départ à la retraite "de 4 mois par an".

Cela signifie porter cet âge "en 2028 à 64 ans, et en 2031 à 65 ans", a-t-il ajouté, en défendant un dispositif de "carrières longues" et un autre de "pénibilité". "Vous vous proposez de supprimer le système de pénibilité, je pense que c'est une mauvaise idée", a assuré le chef de l'Etat.

Il a aussi prôné de passer le montant minimum des retraites "à 1.100 euros" pour "ceux qui ont une carrière complète" et de "supprimer les principaux régimes spéciaux".

Sur ce sujet des retraites aussi Emmanuel Macron a taclé son adversaire: "vous n'expliquez jamais comment vous financez (...) vous n'êtes pas honnête avec les gens" et "soit vous avez des impôts cachés, soit vous allez mettre en péril les pensions des retraités", a-t-il lancé.

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"Le libre-échange tue la planète" (Marine Le Pen)

Marine Le Pen a dénoncé "l'hypocrisie" consistant selon elle à parler de lutte contre le changement climatique sans remettre en cause le modèle de libre-échange.

"Le libre-échange tue la planète", a lancé la candidate du Rassemblement national en dénonçant l'impact des importations sur les émissions de gaz à effet de serre.

Qualifiant sa rivale de "climatosceptique", le président sortant a relevé de son côté "l'incohérence" de Marine Le Pen, qui entend subventionner massivement les énergies fossiles pour limiter la hausse des prix de l'énergie.

"Vous êtes climatohypocrite, vous incarnez le pire de l'écologie punitive", a répliqué Marine Le Pen.

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Duel musclé sur l'Union européenne

Dans la foulée, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont écharpés sur le sujet européen, le président sortant accusant son adversaire de "mentir sur la marchandise", la candidate de l'extrême droite considérant n'avoir "jamais vu les dirigeants français défendre les intérêts des Français" dans l'UE.

"L'Europe, c'est pas tout ou rien, ce n'est pas on prend tout et on ne dit rien ou alors on ne prend rien", a entamé Madame Le Pen, en disant "souhaiter rester dans l'Union européenne", mais "profondément la modifier pour faire émerger une alliance européenne des nations".

"Il y a toute une série de politiques de l'Union européenne avec lesquelles je suis en désaccord", a poursuivi celle qui concourt pour la troisième fois à l'élection présidentielle, en citant "la multiplication des accords de libre-échange où l'on vend des voitures allemandes, en sacrifiant des éleveurs à la concurrence des poulets du Brésil ou du boeuf du Canada", en référence au projet d'accord de libre-échange avec le marché américain.

"Quel poulet du Brésil ?", a demandé Emmanuel Macron rappelant qu'il s'était "opposé" à l'accord de l'UE avec le Mercosur car "quand, nous, on demande à nos agriculteurs des choses, on demande la même chose en face".

"Ce que vous décrivez, ça ressemble à une bande à part", lui a rétorqué le chef de l'Etat, en l'accusant de "mentir sur la marchandise". "L'Europe est une copropriété, on ne peut pas décider seul de ripoliner la façade. Vouloir changer tout seul un club, c'est faire bande à part", a-t-il insisté.

"Vous proposez une alliance avec la Russie, c'est toujours dans votre programme, c'est étonnant", a-t-il encore dit.

"Vous dépendez de Monsieur Poutine

Par ailleurs, alors que le sujet du conflit ukrainien venait d'être abordé, le président sortant a accusé Marine Le Pen  d'être à la solde du pouvoir russe en raison du prêt contracté auprès d'une banque russe par son parti, l'ex-Front national, aujourd'hui rebaptisé Rassemblement national.

"Vous dépendez du pouvoir, vous dépendez de M. Poutine. Vous avez contracté un prêt auprès d'une banque russe", a-t-il lancé à son adversaire.

"Vous ne parlez pas à d'autres dirigeants, vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c'est ça le problème", a-t-il souligné.

"C'est faux", a rétorqué Marine Le Pen. "Nous sommes un parti pauvre, ce n'est pas déshonorant", a-t-elle dit, accusant Emmanuel Macron, alors à Bercy, d'avoir empêché l'ex-FN de contracter un prêt en France.

Au coeur de le controverse, le remboursement d'un prêt d'environ 9 millions contracté en 2014 par le Front national auprès d'une banque russe, la First Czech-Russian Bank.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 20
à écrit le 22/04/2022 à 5:48
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Le sortant fait tout pour déstabiliser et déconsidérer les entrants. Il le fait en sortant aussi de la conception originelle qui a construit la cinquième République ; une République démocratique, laïque et sociale inscrite dans le marbre. Lors des...

à écrit le 21/04/2022 à 16:03
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@vica réponse: c ' est vrai que les collectivités territoriales cherchent a compenser le manque à gagner de la suppression de la taxe foncière sur le dos des contribuables..ras le bol des dépenses somptuaires et pharaoniques dans des médiathèque hass...

à écrit le 21/04/2022 à 14:34
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Pour les riches, tout ira bien, tout va continuer comme avant, quel que soit le candidat élu dimanche.

à écrit le 21/04/2022 à 10:56
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Chaque candidat est très représentatif de son camp et ce débat reflétait bien la division de la France en deux blocs. D'un côté la France des surdiplômés, des gens sûrs d'eux, bien nés, souvent rentiers, à qui tout réussit et tournés vers le monde et...

à écrit le 21/04/2022 à 10:29
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Dans un couple il y a toujours des divergences d'opinions mais l'intérêt familiale prends en général toujours le dessus.

à écrit le 21/04/2022 à 2:52
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L' article ne parle pas de l'indexation des retraites pourtant évoquer par les candidats et qui concerne 16 millions de personnes même si cela fut bref et pas très précis

à écrit le 21/04/2022 à 2:39
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Je vis en Asie, je me suis réveillé à 2H du matin pour voir ce "duel". Bon conclusion, Le Pen s'est améliorée elle dit moins de co******ies qu'il y a 5 ans, mais elle persiste et signe dans la même direction. Elle a, de nouveau, mais avec moins d'évi...

à écrit le 21/04/2022 à 0:51
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Quel looser ce Macron, il ne sait dire que "les autres font comme ça, on a qu'à faire comme les autres" c'est un peu court jeune homme.

à écrit le 20/04/2022 à 23:46
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François Asselineau, "MÊME LE MONDE EST OBLIGÉ DE RECONNAÎTRE QUE LE PEN DIT VRAI ! Le Monde (@lemondefr) a tweeté : #Debat2022 400.000 pauvres en plus sous Emmanuel Macron : Marine Le Pen dit vrai | par les @decodeurs"..

à écrit le 20/04/2022 à 23:41
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Emmanuel Macron répète que la dette est due en grande partie au covid, mais c’est faux. Notre cellule de vérification a fait le calcul #Debat2022 @LCI Marine Le Pen a souligné que son adversaire avait "créé 600 milliards d’€ de dette supplémentaire ...

le 21/04/2022 à 0:54
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600 000 milliards de dette en quatre ans et pas en deux ans ! Chapeau !

à écrit le 20/04/2022 à 23:36
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Ce gars est un menteur pathologique qui va te montrer comment on rétablit l'education qu'il a contribué à detruire

à écrit le 20/04/2022 à 23:15
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François Asselineau, "DÉBAT LE PEN/MACRON Depuis 1h20,Macron joue les professeurs, nie les évidences, interrompt Le Pen sans cesse, élude ses responsabilités et promet. Il n'a visiblement toujours pas compris que les gens le haïssent précisément ...

à écrit le 20/04/2022 à 23:14
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Il a enlevé la taxe d'habitation c'est vrai, mais les taxes foncières ont TRÈS NETTEMENT AUGMENTEES et ce n'est pas terminé Sans compter TOUT LE RESTE NON JE NE VOTERAI PAS MACRON

le 21/04/2022 à 0:16
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La taxe foncière ce dont les communes. D’épatements et regionsbpas l état ou le gouvernement.. s i ces taxes augmentent plaignez vous à boutre maire, communauté de agglomération , conseiller départemental ou régional …

le 21/04/2022 à 0:17
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La taxe foncière ce sont les communes. Departement et régions pas l état ou le gouvernement.. s i ces taxes augmentent plaignez vous à votre maire, communauté de agglomération , conseiller départemental ou régional … la construction d hôtel de régio...

le 21/04/2022 à 8:41
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Réponse à GILLES : la taxe foncière relève certes des collectivités locales mais il en était de même pour la taxe d'habitation et c'est pourtant l'Etat qui a décidé de sa suppression. Et si la taxe foncière augmente, c'est en partie parce que la tax...

le 21/04/2022 à 9:46
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Fin 2021 déjà, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) avait estimé une revalorisation de 3% environ pour cette taxe. La Direction générale des finances publiques (DGFIP) confirme une augmentation supérieure, de 3,4% d...

à écrit le 20/04/2022 à 22:50
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Incroyable de n'avoir pas dit "je pense à cette France que vous avez vouée à l'apartheid, je pense aux humiliés que vous avez suspendus, je pense aux enfants masqués en récréation, je pense aux cancéreux non vaccinés à qui on a refusé les soins, je p...

à écrit le 20/04/2022 à 22:44
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Vivement que cette élection soit terminée . Les journalistes nous ont tellement bassinés avec ce que les candidats allaient dire et se dire ou non, et comment ils se préparaient ou pas, et avec quelles tactiques, qu'on n'a même plus besoin d'écouter...

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