Entre les actifs de moins et de plus de 30 ans, le rapport au travail n'est finalement pas si différent. C'est ce que montrent l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) et le think tank Terra Nova dans une étude conjointe publiée ce jeudi 1er février, basée sur les réponses de plus de 3.000 jeunes actifs de moins de 30 ans et plus de 2.000 actifs de 30 à 65 ans..
« On entend souvent que le rapport au travail des jeunes aurait évolué, qu'ils seraient moins fidèles à l'entreprise et moins attachés à la valeur du travail, que leurs rêves et leur imaginaire du travail se seraient déplacés. Ce n'est pas ce que nous observons dans la présente étude. Ce qui saute aux yeux, c'est la continuité des réponses, bien davantage que la rupture générationnelle attendue », souligne Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, dans un communiqué.
Ainsi, selon l'enquête, aînés et jeunes partagent le même top 3 sur « leurs attentes fondamentales envers le travail ». La rémunération arrive en tête, suivie de près par l'intérêt du travail. L'équilibre de vie, souvent perçu comme central pour la jeune génération, arrive en troisième position. Une préoccupation pour laquelle ils accordent « légèrement moins d'importance » que leurs aînés : 34% des jeunes actifs le citent dans leurs priorités principales contre 45% des 45-65 ans.
Plus à même de quitter un emploi
Plus d'un jeune actif sur deux (52%) entretient même un rapport positif au travail et le vit comme une passion, un plaisir ou une manière de se réaliser. 47% le juge même « important » (dont 36% « plus que tout le reste ») quand ils sont 36% chez les 45-65 ans (et à peine 3% à le placer au-dessus de tout).
« Ce qui caractérise cette génération, c'est sa capacité à quitter un emploi qui ne répond pas à ses aspirations dont ne disposait pas la génération précédente », estime Gilles Gateau, économiste et directeur général de l'Apec.
Selon lui, les jeunes sont ainsi plus « enclins à se prendre en main, et à changer d'entreprise lorsqu'ils ne se sentent pas écoutés. Une exigence, caractérisée par les spécificités du début de carrière, que les entreprises devront considérer pour les fidéliser ».
Les jeunes se démarquent sur un autre point bien précis par rapport à leurs aînés : leur désir fort de progresser et de saisir les opportunités qui s'offrent à eux. Chiffre particulièrement évocateur, près d'un jeune actif sur deux (48 %) se dit prêt à avoir moins de temps libre pour gagner plus d'argent, contre 24% pour les actifs âgés entre 45 et 65 ans.
Ils sont par ailleurs 89% à exprimer l'envie de devenir plus autonome au travail, 69% d'exercer plus de responsabilités professionnelles et même 50% à devenir manager pour ceux qui ne le sont pas. Ils sont aussi 41% à ne pas envisager de rester plus de 3 ans au même poste.
Pas un mais des jeunes
Il reste néanmoins difficile de faire des généralités. « Il n'existe pas « une » jeunesse au travail mais bien plusieurs », précise l'étude. L'Apec et Terra Nova ont ainsi identifié six socio-types parmi les jeunes actifs, « au regard de leur ressenti, de leur appartenance sociale et de leur projection dans le futur ».
Plus d'un jeune sur deux appartient aux catégories des « ambitieux » (39%) et des « satisfaits » (14%) : ils ont un rapport globalement positif au travail et sont majoritairement cadres. Les autres se répartissent entre « combatifs » (20%) et « découragés » (10%) - ceux pour qui l'activité est surtout perçue comme « une nécessité, voire une contrainte » - ou « attentistes » (11%) et « distanciés » (6%), pour qui le travail est associé à l'idée de « routine ».
De quoi tordre le coup à certains stéréotypes, qui sont toujours vivaces aujourd'hui. Ainsi, 93% des managers de tous âges estiment que les jeunes ont un rapport au travail « différent de celui de leurs aînés ». Et 66% des actifs de 45 à 65 ans estiment que les jeunes professionnels sont moins investis au travail que leurs aînés. Cette étude fera peut-être changer des avis.