Pas question de céder à la sinistrose en cette rentrée. Alors que l'hexagone enregistre pourtant une hausse des prix qu'elle n'a pas connue depuis plus de trente ans, - 6,1% d'inflation sur un an, en juillet- , Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie promet « de soulager le porte-monnaie des Français ». Et d'être à leurs côtés.
La France dans son pic d'inflation
Dans une interview de rentrée au journal Sud-Ouest, le ministre de l'Economie vante l'ensemble des mesures prises pour aider les Français. Au premier rang, la ristourne sur le carburant. De 18 centimes d'euros le litre, elle passera dès la semaine prochaine, le 1er septembre à 30 centimes d'euros par litre.
Une augmentation non négligeable, votée cet été par les parlementaires dans le cadre de la loi Pouvoir d'achat, qui devrait éviter à la France, selon les prévisions de l'Insee, de dépasser les 7 % d'inflation cet automne. Ce qui permet au locataire de Bercy d'assurer que la France connaît actuellement « son pic d'inflation ».
Mais alors que la guerre en Ukraine s'enlise, que la situation économique de la Chine se dégrade, la décrue est-elle certaine ? pas si sûr. Mais, Bruno Le Maire fait preuve d'optimisme. Pour lui, la France fait le nécessaire pour éviter la flambée des prix.
Ainsi, dans son entretien, le ministre rappelle-t-il le dispositif pris, il y a déjà quelques mois, pour bloquer le prix du gaz, celui de l'électricité, ou encore revaloriser les pensions de retraite.
Enfin, son intention de faire pression sur les entreprises, pour qu'elles participent à l'effort, reste intacte. Très vite, il promet de réunir la filière banques et assurances, afin de lui demander de ne pas augmenter les frais et les primes. Ces groupes sont invités à faire un geste vers les consommateurs.
Un gouvernement soucieux
Chaque année à cette époque, la crainte d'être confronté à une rentrée sociale tendue ressurgit dans l'exécutif . Reste que 2022 est particulière, avec ce contexte de hausse du coût de la vie.
La semaine dernière à l'occasion du 78 e anniversaire de la Libération à Bornes-les-Mimosas, Emmanuel Macron s'était montré plus grave que son ministre de l'Economie en demandant aux Français « d'accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ».
Et pour cause, les tensions sur les prix de l'énergie restent vives. La souveraineté énergétique sera d'ailleurs un des sujets prioritaires du Conseil des ministres qui se tiendra mercredi.
Il n'empêche, pour éviter de nourrir les contestations, Emmanuel Macron promet un changement de méthode. Preuve en est, le 8 septembre prochain, il réunira un Conseil national de la refondation ( CNR), avec des associations, partis politiques, et partenaires sociaux. Le dispositif reste encore flou, et suscite le scepticisme des syndicats, mais il vise à créer le dialogue et la concertation. Selon, François Hommeril à la tête de la CFE-CGC, le syndicat des cadres, « ira même s'il n'attend pas grand chose de ce rendez-vous ».
Pour l'heure, en France, il n'y a pas de hausse de la conflictualité dans les entreprises, mais les autorités sont vigilantes. Le traumatisme des « Gilets jaunes » est encore présent.
Le cas du Royaume-Uni dans toutes les têtes
Si le gouvernement français est aussi attentif, c'est aussi parce que la situation Outre -manche peut avoir des allures d'avertissement. Le Royaume-Uni connait depuis jeudi dernier, une nouvelle salve d'importants débrayages dans des secteurs clefs de l'économie. Ports, transports, postes, justice, ... les grèves s'enchaînent, menaçant un blocage de l'ile. Le mot d'ordre de cette contestation sociale est partout le même : le pouvoir d'achat des Britanniques alors que l'inflation dépasse les 10 %. Les travailleurs demandent des hausses de salaires. Et ce d'autant plus, que selon la Banque d'Angleterre, l'inflation devrait encore progresser pour atteindre plus de 13 % à l'automne.
Avec le paquet gouvernemental, la France devrait rester relativement protégée. Elle fait partie des pays où l'inflation est la moins forte. Pour exemple, la hausse des prix en Estonie dépasse les 23 % et la moyenne de la zone euro, selon Eurostat, est plutôt autour de 10 %.
Mais, si l'exécutif a choisi de compenser l'envolée des tarifs afin de préserver le consommateur, c'est en creusant la dette. Et il y a des risques qu'à l'avenir, ce soit le contribuable - et les générations futures- qui règle la facture. Par ailleurs, est-ce que ce « package » de mesures sera suffisant pour éviter une contestation sociale cet automne ? Aujourd'hui, personne n'a la réponse.