Retraites : journée test pour le gouvernement et les syndicats

Des centaines de milliers de personnes attendues dans la rue, des grèves et leur cortège de perturbations à l'école et dans les transports : les syndicats donnent jeudi le coup d'envoi d'une mobilisation qu'ils espèrent assez « puissante » pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites. Le gouvernement appelle les syndicats à ne pas bloquer le pays, alors que les syndicats du secteur de l'énergie font monter la pression.
(Crédits : GONZALO FUENTES)

Trains à l'arrêt, écoles fermées, syndicats dans les rues. La France se prépare à une journée de grève massive jeudi contre la réforme des retraites. Une journée test pour l'exécutif, Emmanuel Macron en tête qui joue sa crédibilité réformatrice, et les syndicats, moins influents qu'autrefois, qui espèrent transformer le mécontentement de la population à l'égard non seulement de ce projet et aussi à la baisse du pouvoir d'achat, en un vaste mouvement social qui se prolongerait et ferait céder le gouvernement. Une sorte de « remake »de 1995. « Inflation, conditions de travail, retraites... Y en a ras-le-bol et c'est pour ça qu'on pense que ce sera très suivi », a déclaré Simone Legendre, membre du syndicat CFE-CGC.

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La police table sur 550.000 à 750.000 manifestants, les syndicats sur plus d'un million

Des rassemblements sont attendus dans 215 à 250 villes, selon les sources syndicales, qui espèrent une mobilisation dépassant « le million »de manifestants. Cette jauge symbolique aiderait le mouvement à s'inscrire dans la durée. La police met sans surprise la barre moins haut : des sources sécuritaires tablent sur une fourchette de 550.000 à 750.000 manifestants. Le 5 décembre 2019, au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806.000 manifestants en France. Pour la CGT, ils étaient 1,5 million. Plus de 10.000 policiers et gendarmes, dont 3.500 à Paris, seront mobilisés pour sécuriser les manifestations, selon le ministère de l'Intérieur qui s'attend à « un petit millier » de manifestants « qui pourraient être violents » dans la capitale.

La crainte des blocages

Aux yeux des syndicats, ce jeudi « noir » marque un point de départ avant de nouvelles grèves et manifestations nationales. Alors qu'ils se retrouveront dans la soirée pour décider de la suite à donner au mouvement, plusieurs syndicats, dans l'énergie notamment, ont déjà pris date. La CGT du pétrole a déjà fait part en effet de son intention de se remettre en grève le 26 janvier pour 48 heures, et le 6 février pour 72 heures. La CGT Mines-Energie a elle aussi annoncé une grève reconductible à partir de jeudi, tandis que les agents d'EDF ont procédé mercredi, dans les barrages, à de premières baisses de production d'électricité.  Le secrétaire général Sébastien Menesplier CGT Mines-Energie a créé la polémique en affirmant vouloir « s'occuper » des élus qui soutiennent la réforme en coupant l'électricité de leur permanence. Des menaces jugés « inacceptables » par le gouvernement, qui appelle à ne pas « bloquer le pays », à quelques jours de la présentation du texte en Conseil des ministres.

Dans ce contexte tendu, le gouvernement continue de défendre son projet Hier, Elisabeth Borne a défendu son projet de réforme des retraites « porteur de progrès social », lors d'une intervention surprise dans une réunion publique dans le Val-de-Marne. « On n'engage pas une réforme des retraites à la légère. Je suis parfaitement consciente que c'est un sujet très délicat, très sensible, qui pose forcément beaucoup de questions à tous les Français », a déclaré la Première ministre.

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Les syndicats de l'énergie chauds comme la braise

Les agents de l'électricité et du gaz entendent mener « bataille » contre le projet de réforme des retraites, alors que des conflits durs, parfois lourdement sanctionnés, ont émaillé ces derniers mois la vie des entreprises du secteur. Dernier épisode en date : la menace brandie par la CGT énergie de couper le courant des élus qui soutiendraient cette réforme. Dans le secteur, dominé par les géants EDF et Engie, cela fait de nombreux mois que le climat se tend. Cette tension a atteint son paroxysme avec le placement en garde à vue début octobre de quatre agents du gestionnaire des lignes à haute tension RTE, dans les locaux des services anti-terroristes de la DGSI. Ces agents sont soupçonnés d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique en juin et juillet derniers. Licenciés, ils sont convoqués le 28 février devant le tribunal correctionnel de Paris.

« Criminalisation du droit de grève », accuse la CGT, dont le secrétaire général Philippe Martinez a interpellé la Première ministre Elisabeth Borne.

RTE, qui se défend d'avoir voulu faire un exemple, dénonce de son côté une « réelle intention de nuire » à l'entreprise, outrepassant le droit de grève.

D'autres conflits ont fini devant la justice : la CGT Energie Paris a déposé deux plaintes contre X, en juillet et décembre, arguant avoir découvert des caméras utilisées pour « espionner » les salariés, respectivement de GRDF et d'Enedis. Des accusations réfutées par Enedis, alors que GRDF évoque une caméra « entre deux sites ».

Concernant l'affaire de RTE, une source syndicale extérieure à la CGT évoque à l'AFP « une tension générale sur le secteur de l'énergie, avec un climat anxiogène » lié à un hiver difficile, marqué par des centrales nucléaires à l'arrêt et des tensions sur l'approvisionnement énergétique.

Mais pour Sébastien Ménesplier, ce sont les plans de réorganisation d'EDF et Engie qui ont mis le feu aux poudres, bien avant la crise de l'approvisionnement hivernal : « le climat social s'est tendu depuis 2021, avec la bataille contre le projet Hercule et le plan Clamadieu », dit-il, évoquant les plans de réorganisation chez EDF et Engie, synonymes pour les syndicats de démantèlement du service public.

Pour lui, ces « luttes gagnantes », notamment le retrait du projet Hercule, donnent « un peu plus d'élan » pour la bataille contre la réforme des retraites. Le représentant syndical se déclare ainsi prêt à assumer « pleinement » les retards qu'entraîneraient les grèves pour le redémarrage très attendu de plusieurs réacteurs nucléaires.

 (AFP)

Commentaires 4
à écrit le 19/01/2023 à 14:39
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c'est parti et je crainds que se soit qu'une mise en bouche Manu veut jouer les fanfarons ill faut bien qu'il pense qu'il a ete elu par defaut et que la majoritee des Français n'est pas derriere lui s'il etait si brave il interrogerait avec un ref...

à écrit le 19/01/2023 à 9:25
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il faut regler ce pb en coupant l'electricite a tous ces syndicats milliardaires, avec leurs gras chateaux et leur patrimoine ( immobiliert entre autres) decale de la realite! et apres il faudra financer les retraites avec les 30 milliards de la for...

à écrit le 19/01/2023 à 9:02
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SNCF, RATP, écoles, lycées... : comme d'habitude, c'est le public qui fait suer le privé...

à écrit le 19/01/2023 à 9:01
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A "écouter" les médias c'est une recherche permanente de division et de diversion, cela parle et répète jusqu'à saturation !

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