Retraites : l'impact de la mobilisation sera limité sur le transport aérien

La mobilisation du secteur aérien ce 19 janvier contre la réforme des retraites sera loin de celle du ferroviaire. Si certains corps de métier devraient participer au mouvement, l'absence de préavis chez les principaux syndicats de contrôleurs aériens et de pilotes va en limiter l'effet. Seul Orly sera véritablement touché avec un vol sur cinq annulé de façon préventive.
Léo Barnier
Les vols internationaux à Roissy ne devraient pas être perturbés par la grève du 19 janvier.
Les vols internationaux à Roissy ne devraient pas être perturbés par la grève du 19 janvier. (Crédits : Reuters)

Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, ne pensait sans doute pas à l'aérien lorsqu'il a annoncé un « jeudi de galère » en prévision de la journée de grève contre la réforme des retraites du 19 janvier. Alors que le trafic s'annonce très perturbé à la SNCF et à la RATP, le trafic aérien ne sera que modérément impacté. A l'heure actuelle, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) n'a demandé aux compagnies aériennes d'annuler préventivement qu'un vol sur cinq à l'aéroport de Paris-Orly. Le hub de Paris-CDG est lui épargné.

Cette réduction de 20 % du programme des vols prévus entre 5h00 et 22h30 le 19 janvier est essentiellement destinée à absorber la grève d'une partie des contrôleurs aériens dans le cadre de cette journée de mobilisation nationale. Une partie des syndicats de la profession s'est ralliée à l'appel des centrales syndicales, mais ce n'est pas le cas du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), majoritaire. A titre de comparaison, lorsque ce dernier avait appelé à la grève le 16 septembre, la DGAC avait appelé à réduire de moitié l'ensemble des vols en France.

Non affilié, le SNCTA défend sa propre feuille de route afin de « faire valoir les spécificités des contrôleurs aériens ». Bien qu'il affirme poursuivre son travail sur certains points précis, le syndicat estime disposer de garanties sur des enjeux comme l'âge limite de départ à 59 ans ou le complément individuel temporaire (CIT) qui permet de rattraper les éventuels trimestres manquants pour disposer d'une retraite à taux plein.

Bien que la DGAC fixe le niveau d'annulation de vols en coordination avec l'ensemble des compagnies et opérateurs, c'est la mobilisation des contrôleurs aériens qui est le facteur majeur pour déterminer la perturbation effective du trafic. Pourtant, les appels à la grève se sont multipliés dans le reste du secteur.

Mobilisation chez Air France

C'est le cas chez Air France où le principal syndicat de personnels au sol, Force Ouvrière, a rejoint le mot d'ordre de sa centrale. Et la mobilisation pourrait être forte à en croire son secrétaire général, Christophe Malloggi. S'il ne dispose pas encore d'éléments chiffrés, il affirme que de nombreux salariés se sont renseignés pour la première fois pour savoir comment faire grève, et s'ils étaient couverts. S'il n'a pas déposé de mot d'ordre spécifique, le responsable syndical explique qu'en plus du recul de l'âge de départ à la retraite, les salariés sont inquiets sur les questions de pénibilité. C'est notamment le cas pour les horaires décalés qui ne sont pas pris en compte.

Chez les personnels navigants commerciaux, le Syndicat des navigants du groupe Air France (SNGAF) appelle à la mobilisation, mais a décidé de ne pas déposer directement de préavis de grève. Son secrétaire général, Sébastien Portal, justifie cette position par le fait que son organisation - également non affiliée à une centrale - à vocation à traiter des questions spécifiques à Air France et non des sujets interprofessionnels.

Cela ne l'empêche pas de noter plusieurs points d'oppositions à la réforme gouvernementale. Sébastien Portal signifie ainsi son étonnement sur le fait que la Caisse de retraite du personnel navigant (CRPN) n'ait pas été inscrite parmi les régimes spécifiques exemptés, contrairement à celui des avocats ou des marins. Il indique également que si Clément Beaune s'est apparemment engagé à préserver l'âge de départ des PNC à 55 ans, le recul de l'âge au sein du régime général va poser des problèmes de financement pour la CRPN. Cette caisse autonome assure le « raccordement » entre le départ au régime spécifique à 55 ans et l'arrivée dans le régime général à 62 ans. Avec le passage à 64 ans, ce sont deux ans de plus à financer.

Lire aussi : Réforme des retraites : le télétravail va-t-il atténuer les effets de la grève ?

Les pilotes observent encore

Bien que les personnels navigants techniques (PNT) soient tout aussi concernés par la CRPN, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) n'a pas déposé de préavis de grève. Il s'est néanmoins joint aux syndicats d'hôtesses et de stewards SNPNC-FO et UNSA PNC pour alerter Clément Beaune sur le « caractère très conflictuel » qu'une remise en cause de leur régime spécifique pourrait engendrer.

Karine Gély, nouvelle présidente du SNPL France Alpa, estime qu'il est encore prématuré de s'engager sur un mouvement de grève - d'autant que les compagnies aériennes françaises ont déjà beaucoup souffert ces dernières années - et qu'il reste des discussions à mener. Plusieurs lignes rouges établies en 2019, lors du projet de réforme pour la mise en place d'un régime universel de retraite, semblent toujours en vigueur comme le maintien de l'âge de départ à 60 ans pour les pilotes et le caractère autonome de la CRPN.

Léo Barnier

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