Surendettement  : le nombre de dossiers a progressé de 8% en 2023, la Banque de France restera « attentive »

Le montant global des dettes des Français ayant déclaré une situation de surendettement s'est élevé à 4,2 milliards d'euros en 2023, un chiffre stable sur un an, malgré une hausse de 8% du nombre de dépôts de dossiers, a indiqué la Banque de France, ce jeudi. Face à l'inflation, les ménages les plus modestes ont réussi à limiter les incidents bancaires en adaptant leurs comportements budgétaires.
Existant depuis 1989, la procédure de surendettement souffre toujours d'une « mauvaise réputation », malgré des évolutions plus protectrices pour le débiteur.
Existant depuis 1989, la procédure de surendettement souffre toujours d'une « mauvaise réputation », malgré des évolutions plus protectrices pour le débiteur.

De plus en plus de Français se déclarent en situation de surendettement. En 2023, la Banque de France a constaté une hausse de 8% du nombre de dépôts de dossiers, par rapport à 2022. Malgré tout, le chiffre est resté stable sur un an, à 4,2 milliards d'euros. Toutes dettes comprises, l'endettement médian s'établit à 18.446 euros.

Les dettes liées aux crédits à la consommation pèsent pour 40% de l'endettement total, une part qui a augmenté de deux points par rapport à 2022. Celle des dettes immobilières est passée à 27% (contre 29% il y a un an).

Les dettes de charges courantes (logement, fiscalité, énergie, téléphonie) sont stables, et comptent pour 33% de l'endettement global. Dans cette catégorie de dettes, celles liées aux factures d'énergie et de communication ont augmenté légèrement en 2023, de 3%, par rapport à 2022, mais cette hausse est « à relativiser », les dettes d'énergie ne représentant « que 2% » de l'endettement global des ménages, a mis en avant ce jeudi Hélène Arveiller, directrice adjointe des particuliers à la Banque de France.

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Les boucliers tarifaires « ont sans doute joué leur rôle en 2023 »

Les boucliers tarifaires, mis en place par le gouvernement pour faire face à l'envolée des prix de l'énergie, « ont sans doute joué leur rôle en 2023 », a-t-elle avancé, lors d'une conférence de presse. Avec la levée progressive de ces aides, la Banque de France restera « attentive » à une potentielle incidence sur les difficultés financières des Français.

Si le nombre de dépôts de dossiers de surendettement a augmenté de 8% en un an, atteignant un total de 121.617 en 2023, cette hausse reste « modérée » et est « sans corrélation immédiate avec l'inflation », a avancé Hélène Arveiller. Pour elle, cette hausse s'explique plus par une « sorte de normalisation » après trois années « extrêmement atypiques » liées au Covid.

Une étude réalisée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) pour la Banque de France, publiée le 22 janvier, avait ainsi montré que face à l'inflation, les ménages les plus modestes avaient réussi à limiter les incidents bancaires en adaptant leurs comportements budgétaires.

Stratégie numéro un relevée par le Crédoc, 77% des plus modestes (74% de l'ensemble) ont cherché à augmenter leurs ressources : 46% des plus modestes (et de l'ensemble) ont puisé dans leur épargne, 22% (30% de l'ensemble) ont cherché à accroître leurs ressources par l'emploi, 25% (14%) par des aides sociales, d'urgence, ou auprès de proches.

Par ailleurs, 41% des ménages modestes (36% de l'ensemble) ont eu recours à au moins un arrangement bancaire ou de paiement. Deuxième stratégie : 71% des ménages modestes (58% de l'ensemble) ont repoussé ou abandonné des dépenses, d'abord les équipements informatiques (48% et 38% de l'ensemble), mais aussi des courses alimentaires (42% et 30%). 26% (17%) n'ont pas payé au moins une facture.

Commentant cette étude, Mark Béguery, directeur des particuliers de la Banque de France, s'était dit alors « prudemment optimiste » : « Nous ne prévoyons pas à ce stade d'explosion des incidents (...), peut-être davantage une légère augmentation. »

Une procédure qui souffre toujours « d'une mauvaise réputation »

Il reste toutefois difficile d'évaluer le nombre de personnes renonçant à déposer un dossier de surendettement, parce qu'ils méconnaissent la procédure, mais aussi par « honte » ou par « peur ». Existant depuis 1989, la procédure souffre toujours d'une « mauvaise réputation », malgré des évolutions plus protectrices pour le débiteur, notait mi-janvier Pauline Dujardin, juriste de la fédération Crésus, qui accompagne les personnes en difficulté financière.

Elle observe que les craintes de « perdre sa maison » ou d'être « interdit bancaire » restent tenaces, et plus largement une « réticence à constater qu'on a besoin d'aide ». « Et c'est à ce moment-là qu'on commence à prendre des crédits pour payer des crédits, à demander de l'argent à droite à gauche, et qu'on se retrouve dans des situations inextricables, » appuie Pauline Dujardin.

Les personnes en grande difficulté franchissent ainsi très tardivement les portes des points d'accueil de Crésus, quand « il n'y a que la Banque de France pour (les) sauver ». « Il faut dédramatiser le surendettement » souhaite la juriste. Même si elle juge « assez improbable » un retour aux niveaux de 2014-2015, ce « décalage » dans le temps entre les premiers impayés et le dépôt d'un dossier pourrait gonfler à venir les chiffres du surendettement.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 09/02/2024 à 8:02
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Les travailleurs sociaux sont débordés, cette hausse des prix est une véritable boucherie plongeant des millions de français dans la pauvreté. Nos dirigeants et leurs opposants sont nuls et c'est tout.

à écrit le 08/02/2024 à 21:11
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La commission de surendettement a du bon elle efface les dettes issues des crédits renouvelables véritables arnaque et rééchelonne les crédits immobiliers afin d'éviter de mettre des gens à la rue .

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