La solidarité des hauts revenus s'essouffle par rapport à l'an dernier mais ne flanche pas

Depuis le début de l'année, plus de la moitié des hauts revenus en France ont fait des dons d'argent à des associations ou à des organismes caritatifs, d'après un sondage Ipsos pour les Apprentis d'Auteuil. Si cette proportion est en baisse de 10 points par rapport à mai 2020, 77% des hauts revenus ont néanmoins l'intention de faire des dons d'argent d'ici à la fin de l'année 2021.
Face à la crise, les hauts revenus ont augmenté le montant de leurs dons en 2020, pour venir en aide aux personnes démunies notamment, selon un sondage.
Face à la crise, les hauts revenus ont augmenté le montant de leurs dons en 2020, pour venir en aide aux personnes démunies notamment, selon un sondage. (Crédits : JACKY NAEGELEN)

La crise sanitaire « fait appel à notre solidarité », avait rappelé l'Organisation des Nations Unies (ONU). Un message que les Français ont entendu. En particulier, les plus aisés, c'est à dire les foyers dont le revenu annuel net est supérieur à 120.000 euros. Selon une enquête réalisée en mars 2021 par Ipsos et la fondation des Apprentis d'Auteuil, 68% d'entre eux affirment que la pandémie a renforcé leur volonté d'aider les autres, alors que la crise a fait basculer près d'un million de personnes dans la pauvreté, selon l'Insee. Face à l'urgence, plus de la moitié des hauts revenus ont donné de l'argent à des associations ou à des organismes caritatifs depuis le début de l'année, ajoute le sondage Ipsos publié la semaine dernière. Et si cette proportion est en baisse de 10 points par rapport à mai 2020, les hauts revenus continuent de se mobiliser pour les personnes démunies, la médecine et la jeunesse surtout.

La crise économique, moteur de leur solidarité

Selon l'enquête réalisée du 5 mars au 18 mars, 39% des plus aisés ont indiqué vouloir être plus solidaires en 2021, et 32% veulent même l'être beaucoup plus. 77% ont l'intention de faire des dons d'argent d'ici à la fin de l'année, souligne l'étude. C'est autant qu'en mai 2020. Surtout, près de la moitié (48%) d'entre eux souhaitent donner plus en 2021. Dans le détail, 14% d'entre eux comptent même donner "beaucoup plus" cette année que l'année passée : près d'un tiers de plus. Bonne nouvelle aussi, la part des Français les plus aisés qui souhaitent donner moins que l'année dernière est en baisse. Elle est passée de 19% à 14% en mars, soit 5 points de moins qu'en mai 2020, ajoute l'enquête.

Signe encourageant, l'année 2020 a montré que les intentions étaient suivis d'effet, puisque sur les 82% des hauts revenus qui déclaraient vouloir donner de l'argent début 2020, 77% ont effectivement réalisé des dons. D'ailleurs l'an dernier, le montant moyen a fortement augmenté : il est passé de 2.140 euros en 2019 à 2.463 euros, soit 323 euros de plus, révèle le sondage Ispos. Une modification de la structure des sommes récoltées l'année dernière a été constatée. En effet, la proportion des hauts revenus qui effectuent des dons supérieurs à 1.000 euros est passée de 65% à 43% en 2020, soit une baisse de 22 points, note le sondage. Désormais, plus de la moitié d'entre eux donnent donc des montants inférieurs à 1000 euros.

Lire aussi : Les dons aux associations, victimes de la crise ?

Défiscalisation

Parmi toutes les possibilités d'aides, la volonté d'aider les victimes économiques de la crise constitue l'une des motivations principales. En effet, 43% des plus aisés comptent donner de l'argent pour les plus démunis en 2021, soit une hausse de 5 points par rapport à mai 2020. À l'inverse, ils sont moins nombreux à vouloir donner pour la santé et la recherche : 42% contre 48% en mai 2020, soit une baisse de 6 points. Une partie des aides s'adresse aux jeunes puisque 40% des hauts revenus souhaitent donner pour eux en 2021, mais aussi pour l'éducation et l'enfance, soit 6 points de plus.

L'amélioration des aides fiscales associées aux dons contribue à faciliter les dons. L'an dernier, le plafond de déduction des dons aux associations permettant de bénéficier d'une réduction de 75% sur son impôt est passé de 552 euros à 1.000 euros en 2020. Et ce plafond a été reconduit en 2021. Un effort de communication reste néanmoins à faire. Malgré le niveau d'information, seuls 62% des plus hauts revenus connaissaient l'an dernier l'amélioration de cet avantage fiscal et seulement 42% savent aujourd'hui que ce plafond a été reconduit cette année.

Cette enquête a été réalisée en ligne auprès de 1.500 personnes, dont 500 considérées à hauts revenus, par Ipsos pour la fondation des Apprentis d'Auteuil. Une première édition a été réalisée en mai 2020.

Commentaires 4
à écrit le 23/04/2021 à 22:50
Signaler
La solidarité passe par la très forte progressivité de l'impôt sur le revenu.

à écrit le 23/04/2021 à 13:44
Signaler
La déduction fiscale de 66% est certes la même pour tout le monde, mais elle bénéficie beaucoup plus aux très riches qu'aux gens modestes qui pour beaucoup ne payent pas d'impôts donc ne bénéficient d'aucun abattement. Comme on l'avait souligné a...

à écrit le 23/04/2021 à 9:53
Signaler
Ce n'est plus de la solidarité, c'est de la charité depuis que l’État pense plus a ses élites qu'au commun des français!

à écrit le 23/04/2021 à 9:08
Signaler
"c'est à dire les foyers dont le revenu annuel net est supérieur à 120.000 euros" Tandis que ceux qui touchent 120 millions d'euros mettent leur argent dans les paradis fiscaux préférant créer des organismes et autres associations qui vont capter...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.