La crise sanitaire « fait appel à notre solidarité », avait rappelé l'Organisation des Nations Unies (ONU). Un message que les Français ont entendu. En particulier, les plus aisés, c'est à dire les foyers dont le revenu annuel net est supérieur à 120.000 euros. Selon une enquête réalisée en mars 2021 par Ipsos et la fondation des Apprentis d'Auteuil, 68% d'entre eux affirment que la pandémie a renforcé leur volonté d'aider les autres, alors que la crise a fait basculer près d'un million de personnes dans la pauvreté, selon l'Insee. Face à l'urgence, plus de la moitié des hauts revenus ont donné de l'argent à des associations ou à des organismes caritatifs depuis le début de l'année, ajoute le sondage Ipsos publié la semaine dernière. Et si cette proportion est en baisse de 10 points par rapport à mai 2020, les hauts revenus continuent de se mobiliser pour les personnes démunies, la médecine et la jeunesse surtout.
La crise économique, moteur de leur solidarité
Selon l'enquête réalisée du 5 mars au 18 mars, 39% des plus aisés ont indiqué vouloir être plus solidaires en 2021, et 32% veulent même l'être beaucoup plus. 77% ont l'intention de faire des dons d'argent d'ici à la fin de l'année, souligne l'étude. C'est autant qu'en mai 2020. Surtout, près de la moitié (48%) d'entre eux souhaitent donner plus en 2021. Dans le détail, 14% d'entre eux comptent même donner "beaucoup plus" cette année que l'année passée : près d'un tiers de plus. Bonne nouvelle aussi, la part des Français les plus aisés qui souhaitent donner moins que l'année dernière est en baisse. Elle est passée de 19% à 14% en mars, soit 5 points de moins qu'en mai 2020, ajoute l'enquête.
Signe encourageant, l'année 2020 a montré que les intentions étaient suivis d'effet, puisque sur les 82% des hauts revenus qui déclaraient vouloir donner de l'argent début 2020, 77% ont effectivement réalisé des dons. D'ailleurs l'an dernier, le montant moyen a fortement augmenté : il est passé de 2.140 euros en 2019 à 2.463 euros, soit 323 euros de plus, révèle le sondage Ispos. Une modification de la structure des sommes récoltées l'année dernière a été constatée. En effet, la proportion des hauts revenus qui effectuent des dons supérieurs à 1.000 euros est passée de 65% à 43% en 2020, soit une baisse de 22 points, note le sondage. Désormais, plus de la moitié d'entre eux donnent donc des montants inférieurs à 1000 euros.
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Défiscalisation
Parmi toutes les possibilités d'aides, la volonté d'aider les victimes économiques de la crise constitue l'une des motivations principales. En effet, 43% des plus aisés comptent donner de l'argent pour les plus démunis en 2021, soit une hausse de 5 points par rapport à mai 2020. À l'inverse, ils sont moins nombreux à vouloir donner pour la santé et la recherche : 42% contre 48% en mai 2020, soit une baisse de 6 points. Une partie des aides s'adresse aux jeunes puisque 40% des hauts revenus souhaitent donner pour eux en 2021, mais aussi pour l'éducation et l'enfance, soit 6 points de plus.
L'amélioration des aides fiscales associées aux dons contribue à faciliter les dons. L'an dernier, le plafond de déduction des dons aux associations permettant de bénéficier d'une réduction de 75% sur son impôt est passé de 552 euros à 1.000 euros en 2020. Et ce plafond a été reconduit en 2021. Un effort de communication reste néanmoins à faire. Malgré le niveau d'information, seuls 62% des plus hauts revenus connaissaient l'an dernier l'amélioration de cet avantage fiscal et seulement 42% savent aujourd'hui que ce plafond a été reconduit cette année.
Cette enquête a été réalisée en ligne auprès de 1.500 personnes, dont 500 considérées à hauts revenus, par Ipsos pour la fondation des Apprentis d'Auteuil. Une première édition a été réalisée en mai 2020.