« À Gaza, c’est une guerre, une sale guerre » (Alona Fisher-Kamm, ambassadrice d'Israël en France)

ENTRETIEN - La diplomate affirme qu’Israël ne vise pas les civils palestiniens même si elle admet des erreurs.
Alona Fisher-Kamm dans son bureau à l’ambassade à Paris.
Alona Fisher-Kamm dans son bureau à l’ambassade à Paris. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vos objectifs étaient de mettre le Hamas hors d'état de nuire, et de faire revenir tous les otages. Aujourd'hui, le Hamas est toujours actif et il détient plus de 100 otages. Est-ce un échec ?

ALONA FISHER-KAMM - Non, les deux objectifs restent les mêmes : libérer les otages et démanteler le Hamas. Mais vous avez raison, le Hamas détient encore 133 otages. En même temps, nous avons déjà détruit 80 % de son dispositif militaire, récupéré d'importants stocks d'armes cachés dans des infrastructures civiles, comme des écoles, des mosquées, des hôpitaux... Nous avons démantelé son centre de communication, arrêté de nombreux terroristes, ce qui nous a permis d'obtenir des informations importantes pour le vaincre. Nous n'avons pas le choix. Cette guerre nous a été imposée. Ce n'est pas une action de représailles, mais il s'agit d'éviter un nouveau 7 octobre. Car les terroristes le disent eux-mêmes, ce massacre n'est qu'une étape pour détruire l'État d'Israël.

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Mais aujourd'hui le Hamas n'est plus au pouvoir à Gaza, qui est totalement détruit...

Le Hamas continue de tenter de conserver son pouvoir, et se sert de sa propre population comme boucliers humains. Ce n'est pas le choix des Gazaouis qui ne sont pas nos ennemis. Ils sont eux-mêmes victimes du régime que leur a imposé le Hamas.

Les civils sont pourtant visés...

Non, nous ne visons pas la population civile, nous prenons toutes les précautions possibles. Nous déplorons les morts des civils gazaouis dont, je le répète, la responsabilité pèse sur le Hamas.

Plus de 13 000 enfants ont été tués. Ils ne portaient pas d'armes...

Nous contestons ces chiffres, qui émanent du ministère de la Santé du Hamas. Pour notre part, nous nous en tenons aux plus de 15 000 terroristes que nous avons éliminés sur les 30 000 combattants estimés. Oui, il y a des victimes civiles, et il y a des erreurs commises du côté israélien. Mais ce n'est pas le massacre intentionnel qui a eu lieu le 7 octobre, commis par des groupes du Hamas qui ont tué, violé, brûlé, torturé, amputé des civils israéliens. À Gaza, c'est une guerre, une sale guerre avec de nombreuses victimes. Nous faisons tout notre possible pour éviter la mort de civils. C'est ce que nous faisons aujourd'hui à Rafah, où se trouvent les combattants du Hamas au milieu de la population. Quand nous parlons d'éliminer le Hamas, l'idée n'est pas d'aller chercher chaque terroriste, mais il ne doit plus être une menace. Aujourd'hui, plus de 100.000 Israéliens, à la frontière nord avec le Liban, ou au sud près de Gaza, ne peuvent pas rentrer chez eux, soit parce que leurs maisons ont été détruites soit parce qu'ils sont menacés.

Vous remettez en question les chiffres du Hamas. Pourtant, durant les précédentes guerres, les chiffres donnés par les Palestiniens ont été corroborés par des chercheurs indépendants et même Israël...

Je ne dis pas qu'ils sont exacts ou pas. Ce n'est pas à moi d'en décider. Mais, je pense qu'ils sont gonflés. Depuis le 7 octobre, il y a eu de nombreuses campagnes de désinformation venant de Gaza. Il est dans l'intérêt du Hamas d'infliger autant de souffrances à sa propre population, pendant que les terroristes se cachent et combattent à l'intérieur des tunnels. Alors qu'Israël fait des efforts substantiels pour éviter les pertes civiles, le Hamas fait exactement le contraire.

Pourquoi Israël ne laisse-t-il pas entrer des journalistes étrangers pour le vérifier ?

Il est de notre responsabilité d'assurer la sécurité des journalistes. Gaza est une zone de guerre où, quasiment tous les jours, des roquettes sont lancées par le Hamas depuis des zones peuplées de Palestiniens pour viser les localités et villes israéliennes.

Avez-vous des informations sur les otages ? Sont-ils vivants ?

Je ne peux pas vous dire s'ils sont vivants ou non. Personne en Israël n'aurait pensé que cette prise d'otages durerait aussi longtemps. C'est une tragédie pour les familles, qui sont complètement désespérées de n'avoir aucune nouvelle depuis cent quatre-vingt-trois jours. C'est une torture qui relève d'ailleurs de la guerre psychologique menée par le Hamas. Cette situation est inacceptable, et c'est la raison pour laquelle nous exigeons la libération immédiate et sans condition des otages.

Que compte faire Israël de la bande de Gaza une fois ses objectifs atteints ?

C'est une question ouverte. Ce que je peux dire, c'est qu'il n'y aura pas de déplacement de la population hors de Gaza et qu'Israël n'a pas l'intention de diriger le territoire. Mais nous tirons les leçons de notre retrait en 2005. Nous ne laisserons pas Gaza redevenir une menace pour nous. Il y a un avant et un après-7 octobre. En Israël, des paradigmes se sont effondrés. Nous devons réfléchir avant de prendre des décisions pour penser un avenir meilleur pour nous, mais aussi pour les Palestiniens et les Gazaouis. Israël est une démocratie. Une fois la guerre terminée, il y aura des enquêtes pour établir les responsabilités qui ont mené au 7 octobre.

Commentaires 2
à écrit le 07/04/2024 à 17:55
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Ce n'est pas qu'en France les gens ne regarde que ce qui est en Français que l'on peut laisser croire qu'il s'agit d'une guerre ! pour cela il aurait fallut qu'israel respecte les lois de la guerre , ce qui n'est pas le cas, que vous osiez venir expl...

à écrit le 07/04/2024 à 11:22
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Propos justes, ce qui n'empêche pas que ce qui se passe à Gaza est le résultat du sionisme, de l'intégrisme religieux et du jusqu'au boutisme de Netanyahu.

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