C'est un appel à la prudence que lance l'Esma, le régulateur européen des marchés financiers. Dans son rapport 2023 sur les tendances, les risques et la vulnérabilité des marchés, publié ce jeudi 9 février, il estime qu' « il n'y aucune raison de baisser la garde » car « les niveaux élevés d'incertitude et une liquidité fragile de marché limitent la résilience du système financier contre de nouveaux chocs externes ».
« Les marchés restent dans un état de grandes incertitudes », insiste l'Esma, avertissant que « les investisseurs devraient être préparés à de nouvelles corrections de marché » et que « les chocs de marché pourraient être amplifiés par des déséquilibres entre l'offre et la demande de liquidités ».
Les marchés financiers ont connu une année morose en 2022, focalisés sur l'inflation et la remontée des taux directeurs des banques centrales pour la juguler, avec des craintes de récession à la clé. Face à une inflation qui régresse et des données économiques plus positives que prévu, ils ont néanmoins retrouvé confiance depuis le début de l'année.
Les marchés financiers déconnectés de la réalité
Cet avertissement de l'Esma suit celui lancé la semaine dernière par le Fonds monétaire international. Pour l'institution, il existe actuellement une déconnexion frappante entre les marchés financiers et le discours des banques centrales. Un net assouplissement des conditions financières est en effet observé depuis octobre, les investisseurs ayant pris le ralentissement récent de l'inflation comme le signal d'un prochain pivot sur la politique monétaire des banques centrales alors même que celles-ci poursuivent la remontée de leurs taux d'intérêt.
En témoigne d'ailleurs la position des investisseurs aux États-Unis, qui tablent sur une baisse des taux au second semestre alors que le président de la Réserve fédérale américaine affirme qu'il n'y aura pas de baisse cette année. Les taux de la Fed se situent actuellement entre 4,50 à 4,75% et ceux de la BCE entre 2,5% et 3,25%, chacune des deux institutions ayant procédé à une hausse la semaine dernière. De nouvelles augmentations sont d'ores et déjà prévues cette année.
L'Esma prévient que malgré « des données récemment plus positives sur les perspectives macroéconomiques pour 2023 », la « guerre en cours en Ukraine et l'incertitude sur l'évolution de la politique monétaire combinées à des signes de décélération de l'activité économique aux États-Unis et en Chine pourraient peser sur les marchés financiers ».
Le FMI recommande d'ailleurs aux banques centrales mondiales de faire comprendre aux marchés financiers qu'il est probable que les taux d'intérêt resteront élevés pour longtemps afin de ramener durablement l'inflation sous leur cible et d'éviter un rebond des prix. Ce qu'ont précisément fait le président de la Fed Jerome Powell ou la membre du directoire de la BCE Isabel Schnabel cette semaine, sans visiblement être entendus.
(Avec AFP)
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