Attaques de drones par l'Ukraine : en Russie, deux sites énergétiques en feu

En Russie, une raffinerie de pétrole ainsi qu'un complexe de carburant ont été touchés par des attaques de drones menées par l'Ukraine. Les assauts de ce type se multiplient depuis l'été dernier.
Depuis l'été dernier, l'armée ukrainienne a multiplié les attaques de drones contre la Russie (photo d'illustration).
Depuis l'été dernier, l'armée ukrainienne a multiplié les attaques de drones contre la Russie (photo d'illustration). (Crédits : STRINGER)

Les attaques de drones sont toujours aussi intensives. En Russie, deux sites énergétiques ont été ravagés par des incendies, dont l'un à des centaines de kilomètres du front, après une importante attaque de drones ukrainiens dans la nuit de lundi à mardi. Une attaque qui intervient à trois jours du début de la présidentielle russe, où Vladimir Poutine est bien parti pour l'emporter, en l'absence de toute opposition.

Le ministère russe de la Défense a lui affirmé avoir abattu, dans le détail, 25 appareils ukrainiens dans la région de Moscou (2), de Léningrad (1), ainsi que dans celles de Belgorod (11), de Koursk (11) et de Briansk (1), toutes trois frontalières de l'Ukraine.

Lire aussiL'Ukraine va recevoir quelque 800.000 obus financés par une coalition de 18 pays, dont la France

Des sites énergétiques en feu

Selon les autorités russes, les drones ont visé notamment Orel et Kstovo, deux villes russes situées respectivement à quelque 160 km et à 800 km de la frontière ukrainienne.

Dans la zone industrielle de Kstovo, dans la région russe de Nijni Novgorod, une raffinerie de pétrole était donc en feu selon le gouverneur régional, Gleb Nikitine, assurant que les secours utilisaient tous « les moyens nécessaires » pour maîtriser l'incendie. La raffinerie qui appartient au géant pétrolier russe Loukoïl est l'un des plus grands producteurs de carburant en Russie, selon des informations disponibles sur son site officiel.

« Il y a suffisamment de moyens et d'effectifs pour maîtriser l'incendie », a assuré quelques heures plus tard après son déclenchement Gleb Nikitine, en précisant qu'un train de pompiers y a notamment été déployé.

Le gouverneur de la région d'Orel, Andreï Klytchkov, a lui aussi annoncé qu'un complexe de carburant avait été attaqué et que les pompiers là aussi étaient « sur les lieux pour maîtriser l'incendie ». Selon un responsable des services de secours cité par l'agence Ria Novosti, un réservoir contenant des produits pétroliers a pris feu. A 10 heures locales (8 heures à Paris), Andreï Klytchkov a assuré que l'incendie avait été circonscrit et que la « situation était entièrement sous contrôle ».

Lire aussiMunitions pour l'Ukraine : la France participera à l'initiative de la République tchèque

Des coupures d'électricité

Des drones ukrainiens ont également attaqué dans la nuit de lundi à mardi la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, sans faire de blessé, mais en endommageant une ligne électrique, selon le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov. Selon lui, sept communes sont privées d'électricité à cause de cette attaque.

La région a également été la cible de frappes ukrainiennes qui ont visé mardi matin le district de Graïvoron et la ville de Chebekino où une femme a été blessée au visage par des éclats d'obus, selon Viatcheslav Gladkov.

Outre les attaques ukrainiennes, l'armée russe a également bombardé de son côté la ville de Koupiansk (nord-est ukrainien), le district de Kremenets (ouest, région de Ternopil) et deux villes de la région de Dnipropetrovsk (sud), selon les autorités ukrainiennes, qui ont fait état de trois blessés, d'incendies et d'habitations endommagées dans des zones résidentielles.

Lire aussiMunitions pour l'Ukraine : pourquoi la France a des doutes sur l'initiative de la République tchèque

Les drones : une industrie en plein essor en Ukraine

Le Kremlin a longtemps affirmé que l'offensive qu'il a lancée contre l'Ukraine le 24 février 2022 n'affecterait pas le territoire russe. Mais les autorités ukrainiennes ont elles juré de ne pas épargner la Russie. Ainsi, depuis l'été dernier, l'armée ukrainienne a multiplié les attaques de drones contre la Russie, frappant de plus en plus loin dans le territoire russe. Si la plupart des appareils sont abattus, les cibles sont régulièrement des sites énergétiques et industriels.

Encore samedi, la Russie avait affirmé avoir détruit 47 drones ukrainiens dans la nuit, principalement dans la région de Rostov-sur-le-Don, frontalière de l'Ukraine, attaque qui pourrait avoir visé entre autres une usine d'aviation.

Depuis les premiers mois de l'invasion russe, en 2022, le nombre d'entreprises ukrainiennes fabriquant des drones a plus que doublé, selon les autorités, qui en dénombrent environ 200. « Il y a eu un boom l'an dernier, elles [les entreprises, ndlr] poussaient comme des champignons », explique Vadym Iounyk, président de l'association nationale des fabricants de drones et co-fondateur de ISR Defence, une compagnie qui en produit.

Même si « actuellement, il est impossible d'assembler un drone 100% ukrainien », admet-il, car les batteries, microcircuits ou puces doivent être importés. D'après lui, les drones peuvent rebattre les cartes, car « une seule personne peut en contrôler une nuée ». « C'est pour cela qu'on doit investir toutes nos forces là-dedans ».

Toutes ces entreprises produisent des appareils aux fonctions variées, du drone kamikaze peu cher à l'engin perfectionné, dont certains sont capables de s'adapter à différentes situations. L'engin star de ISR Defence, le « R18 », peut ainsi larguer des explosifs sur les troupes russes mais aussi transporter des munitions ou du ravitaillement aux soldats, quand le transport en véhicule est trop risqué.

L'Ukraine entend ainsi muscler son industrie de la défense, un effort perçu comme essentiel compte tenu des carences de l'aide occidentale mais qui sera long et très coûteux. Les drones, eux, sont relativement faciles à fabriquer et souvent bon marché. Bien conscient de leurs atouts, le président Volodymyr Zelensky a fixé pour objectif d'en produire un million en 2024.

Des volontaires russes combattant pour l'Ukraine disent avoir attaqué un village russe

Après les multiples attaques de drones de la nuit dernière, des volontaires russes combattant pour l'Ukraine ont affirmé ce mardi avoir attaqué un village russe situé près de la frontière ukrainienne. Confronté depuis deux ans à l'invasion russe, Kiev attaque régulièrement des régions russes à l'aide de drones, mais les incursions menées en territoire russe sont très rares.

« Nous avons traversé la frontière », a affirmé dans la matinée l'unité baptisée Légion Liberté de la Russie sur Telegram, en publiant une vidéo sur laquelle on peut voir trois véhicules blindés rouler dans le noir sur un chemin de campagne. Peu après, l'unité a affirmé avoir « détruit » un blindé russe dans le village Tiotkino de la région de Koursk, située à l'est de l'Ukraine.

Une unité, appelée le bataillon Sibir a de son côté déclaré sur Telegram : « Comme promis, nous apportons la liberté et la justice sur notre terre russe ». Cette unité a en outre appelé les Russes « à ignorer l'élection » présidentielle des 15-16-17 mars. « On ne peut changer les choses pour le mieux que les armes à la main », a-t-elle indiqué, qualifiant le scrutin de fiction.

Le gouverneur russe de la région de Koursk a confirmé l'attaque en cours sur le village et fait état d'un blessé léger, mais a nié toute « percée » des assaillants.

Un porte-parole du renseignement militaire ukrainien a tout de même déclaré que les groupes de volontaires russes n'agissaient pas sous les ordres de Kiev. « Sur le territoire de la Fédération de Russie, ils agissent de manière absolument autonome, de leur propre chef », a déclaré Andriï Ioussov cité par des médias ukrainiens.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 12/03/2024 à 19:26
Signaler
La bonne opération serait de détruire le Pont de Kertch juste avant l'élection de Poutine.

à écrit le 12/03/2024 à 15:51
Signaler
Encore un facteur qui joue en faveur de l'Ukraine. Les attaques russes sur l'Ukraine sont majoritairement neutralisées (défense anti-aérienne, outils radio anti-drone, mauvaise précision d'une grande part de missiles russes), en plus il y a beaucoup ...

à écrit le 12/03/2024 à 14:59
Signaler
"Des volontaires russes combattant pour l'Ukraine" C'est pas nouveau : Selon l'historien Cyrill Alexandrov, ont servi comme militaires du côté allemand entre 1941 et 1945 environ 1,24 million de citoyens d'URSS : 400 000 Russes (parmi eux 80 000...

le 12/03/2024 à 15:08
Signaler
@lachose: a). Il faut rajouter que la langue principale de l'armée ukrainienne en zone de combat est russe. Plein de russes ethniques ou russophones de l'Ukraine combattent de côté ukrainien. Les volontaires russes venus de la Russie sont relativemen...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.