Le gouvernement britannique doit éviter de retirer brusquement les mesures de soutien à l'économie une fois les restrictions assouplies face à la pandémie et avant d'envisager toute hausse d'impôt pour réduire l'énorme déficit, estime mardi le centre de recherche IFS.
L'Institute for Fiscal Studies (IFS), très écouté sur les questions de finances publiques, dévoile dans un communiqué une série de préconisations à destination du ministre des Finances Rishi Sunak avant la présentation du budget le 3 mars.
Depuis son arrivée à ce poste il y a un an tout juste, ce sera le deuxième budget pour le ministre mais la 15e fois qu'il fera des annonces, signe du défi qu'a représenté la réponse à la crise sanitaire.
Soutien prolongé aux ménages et aux employeurs
Le prochain budget doit "comprendre des prolongements ciblés du soutien aux ménages et aux employeurs au cours des prochains mois" et "établir un plan pour leur retrait" progressif, selon l'IFS.
Il évoque par exemple l'extension au-delà d'avril du dispositif du chômage partiel mais seulement pour certains secteurs très touchés comme l'aviation par exemple, ainsi que le maintien du coup de pouce de 20 livres par semaine aux minimas sociaux.
Au total, il s'agit de permettre une reprise de l'économie après le choc de la pandémie et une chute du produit intérieur brut de 9,9% en 2020, mais également d'affronter les conséquences du Brexit et de la transition énergétique.
À rebours des patrons, des conservateurs plaident pour un tour de vis...
Ce rapport intervient alors le ministre devra faire des choix difficiles, au moment où le pays envisage une sortie prochaine de son troisième confinement.
D'un coté, patronat et syndicats pressent M. Sunak de prolonger de plusieurs mois les aides afin d'éviter des pertes d'emplois et d'assurer la reprise.
Mais de l'autre des députés conservateurs plaident pour un premier tour de vis budgétaire pour s'attaquer à un déficit et une dette qui ont explosé depuis l'année dernière.
... au risque de rompre leur promesse de ne pas augmenter les impôts
Selon le Financial Times, Rishi Sunak a assuré à des députés conservateurs vouloir faire de la discipline budgétaire une "ligne de séparation" avec l'opposition travailliste.
Les conservateurs sont toutefois tenus par leur promesse de ne pas augmenter les impôts sur le revenu, les contributions sociales et la TVA. Ils pourraient toutefois toucher à la taxe sur les sociétés ou à l'impôt sur le capital.
L'IFS juge de son côté que l'évolution des finances publiques n'est pas tenable, avec des dépenses évaluées à 250 milliards de livres pour aider l'économie depuis le début de la crise sanitaire.
Mais, prévient-il, si une hausse d'impôts sera sans doute nécessaire à un moment, elle ne devra pas être d'actualité pour le prochain budget.
"Pour l'instant, M. Sunak doit se concentrer sur les mesures d'aide et la reprise", selon Paul Johnson, directeur de l'IFS.
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NOTE sur l'IFS
L'Institute for Fiscal Studies (IFS) explique sa genèse sur son site en ces termes : il a vu le jour parce que quatre professionnels du monde de la finance - un banquier (Will Hopper), un gestionnaire de fonds d'investissement (Bob Buist), un agent de change (Nils Taube) et un conseiller fiscal (John Chown) - ont été consternés par la loi de finances de 1965 (Financial Act), qui a introduit l'impôt sur les plus-values. Les domaines de recherche de l'Institut comprennent les finances et les dépenses publiques, les pensions et l'épargne, la fiscalité des entreprises, le comportement des consommateurs et la pauvreté et les inégalités.
(avec AFP)