Convaincu par la volonté de réforme de la junte, le FMI accorde de nouvelles lignes de crédit au Burkina Faso

Déjà au chevet de l'économie du Burkina Faso, le FMI va renforcer son ancrage dans le pays avec l'attribution d'une facilité de crédit de 305 millions de dollars au pouvoir en place pour l'aider à surmonter une inflation galopante et à faire face à la crise alimentaire. En dépit d'une situation sécuritaire très compliquée et d'atteintes à la liberté de la presse, le Fonds semble convaincu par la volonté de réformes de la junte militaire.
Le capitaine Ibrahim Traoré dirige le pays depuis septembre pour une période transition qui doit s'achever en juillet 2024.
Le capitaine Ibrahim Traoré dirige le pays depuis septembre pour une période transition qui doit s'achever en juillet 2024. (Crédits : VINCENT BADO)

A la peine sur le plan économique et sécuritaire, le Burkina Faso va s'appuyer à nouveau sur le Fonds monétaire international (FMI) pour tenir le choc face à une inflation galopante. L'institution internationale a indiqué qu'elle avait validé de nouvelles lignes de crédit pour le pays d'Afrique de l'Ouest, l'un des plus pauvres du monde. Il pourra ainsi emprunter jusqu'à 305 millions de dollars au cours des quatre prochaines années. Cette somme doit permettre de « renforcer la résistance face aux chocs et réduire la pauvreté » dans le pays. L'accord doit désormais être validé par le conseil d'administration de l'institution dans les prochaines semaines.

Lire aussiGuerre en Ukraine : certains pays d'Afrique se sentent « délaissés » par les pays riches

Passer le choc inflationniste

Les équipes du FMI, et notamment la mission envoyée sur place ces derniers jours, ont visiblement été convaincues par la volonté de réforme de la junte militaire du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis le coup d'Etat de septembre 2022. Martin Schindler, chef de mission pour le Burkina Faso, a ainsi déclaré : « Les autorités burkinabè se sont engagées à mettre en œuvre un vaste programme de réformes économiques qui s'appuie sur le plan d'action pour la stabilisation et le développement (PA-SD) du gouvernement et s'attaque aux défis auxquels le pays est confronté. »

Le pays a connu une croissance de 2,5 % en 2022, mais a subi une inflation de 14,1 %, un record sur les 10 dernières années et la plus élevée dans le Sahel, selon la Banque mondiale. L'économie nationale devrait progresser de 4,5 % en 2023, tandis que l'inflation devrait revenir à 4,9 %.

Cette Facilité élargie de crédit (FEC) de 305 millions de dollars doit ainsi contribuer à la mise en place de ce plan d'action et de ses « réformes clefs (qui) visent à réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB nominal d'ici 2027, tout en protégeant les plus vulnérables et en créant un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires. La stratégie budgétaire repose sur des mesures visant à accroître la mobilisation des ressources intérieures et à rationaliser les dépenses publiques », selon Martin Schindler. Cet objectif s'accompagne de mesures de sécurité sociale et d'aides ciblées pour les ménages les plus vulnérables.

Lire aussiCrise alimentaire : l'ONU sonne l'alerte en Haïti, au Sahel et au Soudan

Terrorisme et crise alimentaire

Le FMI indique que les autorités burkinabè vont également poursuivre la mise en œuvre de mesures pour réduire l'insécurité alimentaire. L'institution financière avait déjà accordé 81 millions de dollars fin mars au titre du guichet « chocs alimentaires » de la facilité de crédit rapide (FCR). Elle indiquait alors que « l'insécurité alimentaire au Burkina Faso s'est considérablement accentuée en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, qui a entraîné le déplacement d'environ 2 millions de personnes ».

Le pays est victime depuis 2015 dans la spirale de violences jihadistes qui a débuté au Mali et au Niger quelques années auparavant avant de traverser leurs frontières. L'AFP, s'appuyant sur les rapports d'ONG, indique que les violences ont fait depuis huit ans plus de 10.000 morts, civils et militaires, et plus de deux millions de déplacés internes. Plusieurs attaques ont encore eu lieu cette semaine, entraînant la mort d'au moins 75 militaires et paramilitaires, ainsi que 80 terroristes selon Radio France internationale (Rfi).

Lire aussiDe la Sibérie au Sahel, les pièges russes pour la France

Coups d'Etat à répétition

Une situation qui déstabilise grandement le pouvoir politique. Le coup d'Etat militaire d'Ibrahim Traoré en septembre dernier était le deuxième en huit mois. Le président de transition est censé organiser élections présidentielles et législatives en juillet 2024. En attendant, il a largement coupé les ponts avec la France, demandant notamment le départ des militaires français du territoire burkinabè, au profit d'un rapprochement avec la Russie.

La junte vient également de suspendre la diffusion de la chaîne de télévision française LCI après un reportage sur une insurrection islamiste, qui aurait exagéré l'ampleur de l'insurrection et exposé de façon « séditieuse » et « erronée » les failles de la réponse militaire du Burkina Faso à la crise. Comme le rapporte Reuters, elle avait déjà suspendu RFI et France24, accusés d'avoir donné la parole à des militants islamistes, et expulsé les correspondantes au Burkina Faso du Monde et de Libération en avril dernier.

Commentaires 4
à écrit le 02/07/2023 à 9:32
Signaler
Encore du pognon qui va se perdre dans les limbes.

à écrit le 01/07/2023 à 22:01
Signaler
Le FMI se convainc qu'il ne faut pas voir arriver WAGNER où la Chine, c'est surtout cela...

à écrit le 01/07/2023 à 13:05
Signaler
Bonjour, super, maintenant l'ons donne de l'argent au dictature... Espère au moins que la bas l'ons ne massacre pas les minorités ethniques... Car malheureusement cela est si commun dans se type de pays... Mais tous vas bien....

à écrit le 01/07/2023 à 10:37
Signaler
"et d'atteintes à la liberté de la presse" Oh ils tabassent les journalistes comme en France ?!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.