Crise avec le Venezuela : Londres envoie un navire de guerre au Guyana

En soutien au Guyana, dont le territoire de l'Essequibo, riche en pétrole, est convoité par le Venezuela, le gouvernement britannique va déployer un navire de patrouille. Mi-décembre, les présidents du Guyana et du Venezuela s'étaient accordés pour ne pas utiliser « la force l'un contre l'autre », sans pour autant parvenir à résoudre le différend sur le fond.
Le président guyanais Irfaan Ali arrive pour une réunion avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, à Kingstown. (
Le président guyanais Irfaan Ali arrive pour une réunion avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, à Kingstown. ( (Crédits : Reuters)

Le Royaume-Uni va déployer un navire de patrouille militaire en soutien au Guyana, en pleine crise sur l'Essequibo, territoire riche en pétrole réclamé par le Venezuela, a indiqué dimanche Londres.

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« Le HMS Trent va se rendre au Guyana, notre allié régional et partenaire dans le cadre du Commonwealth ce mois-ci pour une série d'engagements dans la région », a indiqué le ministère britannique de la Défense dans un communiqué, sans plus de précisions.

Selon la BBC, le patrouilleur doit participer à des manœuvres militaires après Noël avec d'autres alliés non précisés de l'ancienne colonie britannique, à qui Londres avait déjà affiché son soutien en dépêchant sur place son secrétaire d'Etat chargé des Amériques, David Rutley.

Le HMS Trent, d'habitude basé dans la Méditerranée, avait été envoyé début décembre dans les Caraïbes pour lutter contre les trafics de drogue.

L'or noir, objet de toutes les convoitises

A l'origine de la crise ? La découverte de vastes gisements de pétrole. Ce dernier a ravivé le vieux conflit sur l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2 administré par le Guyana et riche en ressources avec ses réserves d'or noir, de sucre, de diamants, de gaz, de bois...

Le géant américain ExxonMobil a en effet découvert d'énormes réserves de pétrole dans l'Essequibo en 2015. Avec de nouvelles découvertes en octobre, le Guyana, 800.000 habitants, possède désormais les réserves par habitant les plus élevées au monde, estimées à 11 milliards de barils, soit un niveau similaire à celui du Koweit.

Mais Caracas estime que l'opération pétrolière se déroule dans des eaux disputées et accuse le président guyanien Irfaan Ali d'être un « esclave » d'ExxonMobil.

Pourtant, le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, soit 300 milliards de barils. Son industrie pétrolière traverse néanmoins une crise, en raison d'une mauvaise gestion, de la corruption ainsi que des sanctions économiques. Sa production, en un peu plus d'une décennie, a lourdement chuté.

Conflit sur les frontières

Quelque 125.000 personnes soit un cinquième de la population du Guyana vivent dans l'Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris.

La tension était montée après le référendum du 3 décembre qui a approuvé la création d'une province vénézuélienne dans l'Essequibo. Le président vénézuélien Nicolas Maduro avait alors ordonné à la compagnie pétrolière publique PDVSA d'octroyer des licences d'exploitation de pétrole, de gaz et de minerais dans la zone contestée. Il a proposé de donner aux entreprises travaillant avec le Guyana un délai de trois mois pour se retirer de la zone et négocier avec le Venezuela

Le Guyana s'était défendu, estimant que la frontière entre les deux pays date de l'époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. C'est cette frontière qui est en vigueur. Le différend est porté devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, que le Venezuela ne reconnaît pas.

Le président guyanien Irfaan Ali et le président vénézuélien Nicolas Maduro se sont rencontrés le 15 décembre lors d'un sommet qui a contribué à faire baisser la pression -- engagement à ne pas utiliser la force -- mais n'a pas résolu le différend, les deux pays campant sur leurs positions. Le Guyana veut ainsi continuer la procédure en cours devant la CIJ. Avant la lecture de la déclaration mi-décembre, le président Irfaan Ali, qui a parlé aux journalistes, a réaffirmé « la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté ».

 Le Guyana a tout le droit (...) de faciliter tout investissement, tout partenariat (....), de délivrer toute licence, d'octroyer toute concession dans notre espace souverain », a-t-il lancé.

« Le Guyana n'est pas l'agresseur, le Guyana ne cherche pas la guerre, mais le Guyana se réserve le droit de travailler avec tous ses partenaires pour assurer la défense de notre pays », a-t-il aussi revendiqué, alors que Caracas a accusé à maintes reprises le Guyana d'être aux ordres des Etats-Unis et de la compagnie pétrolière ExxonMobil. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui a remercié le Brésil pour son « leadership », a réaffirmé jeudi la position des Etats-Unis, selon laquelle, « la frontière terrestre entre le Venezuela et le Guyana doit être respectée à moins que - ou jusqu'à ce que - les parties parviennent à un nouvel accord - ou qu'un organe juridique compétent en décide autrement ».

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 25/12/2023 à 9:59
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Bonjour, Personnellement j'éviterai de prendre position pour qui que se soit... Bien sur, la GB a sûrement des intérêts dans cette histoire... Mais, bon les frontières riche en ressources naturelles sont toujours problématique... mais bon , ils n...

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