Défense : feu vert de Tokyo pour lancer à l’export le nouvel avion de chasse commun avec le Royaume-Uni et l’Italie

Les trois pays ont signé un accord, ce vendredi, approuvant l'exportation d'avions de chasse de nouvelle génération développés conjointement avec le Royaume-Uni et l'Italie dont la production devrait débuter d'ici 2035. Un accord rare pour Tokyo qui contrôle fortement ses exportations d'armes.
Les partis au pouvoir au Japon se sont mis d'accord ce vendredi pour approuver l'exportation d'avions de chasse de nouvelle génération.
Les partis au pouvoir au Japon se sont mis d'accord ce vendredi pour approuver l'exportation d'avions de chasse de nouvelle génération. (Crédits : ISSEI KATO)

Nouvelle annonce dans l'armement : les partis au pouvoir au Japon se sont mis d'accord ce vendredi pour approuver l'exportation d'avions de chasse de nouvelle génération développés conjointement avec le Royaume-Uni et l'Italie dans le cadre d'un programme baptisé GCAP (Global Combat Air Programme).

Le Japon et les deux pays européens ont signé en décembre un traité formalisant les projets de mise en commun des ressources nécessaires au développement conjoint de cet avion de combat qui, espèrent-ils, prendra son envol d'ici 2035. Ce futur avion de combat succédera à l'avion de chasse Mitsubishi F-2, conçu par Mitsubishi Heavy Industries avec l'américain Lockheed Martin et mis en service en 2000. L'industriel japonais, le britannique BAE Systems et l'italien Leonardo seront au centre du nouveau projet, selon le quotidien économique japonais Nikkei.

Les détails concernant le coût du projet n'ont pas encore été finalisés, selon un responsable du ministère japonais de la Défense qui a précisé que la production devrait commencer vers 2030 ou 2031 afin de pouvoir déployer un prototype d'ici à 2035. Son développement devrait notamment intégrer les avancées du projet d'avion de combat Tempest, porté par le Royaume-Uni, et dont un pré-prototype est annoncé « dans les cinq prochaines années ».

Tokyo contrôle drastiquement ses exportations d'armes

Si la nouvelle fait du bruit, c'est parce que l'archipel exerce un strict contrôle de ses exportations d'armes en vertu de sa constitution pacifiste, qui limite sa capacité militaire à des mesures défensives.

Mais le pays avait déjà assoupli en décembre dernier ses règles de contrôle des exportations d'armes, pour la première fois depuis près de dix ans. Il avait ainsi autorisé la vente de systèmes d'interception de missiles à son allié américain. Au total, le Japon dispose actuellement d'accords de ventes d'armes avec quinze pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Australie ou les Philippines.

Ce vendredi, Yosuke Takagi, responsable de la politique du Komeito - le parti de centre-droit allié au Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) du Premier ministre Fumio Kishida -, a déclaré lors d'une réunion des deux formations de la majorité que celles-ci s'étaient mises d'accord pour, de nouveau, assouplir les règles d'exportation de l'avion de chasse. Mais chaque exportation devra recevoir l'aval du gouvernement, et les avions ne pourront être fournis qu'à des pays n'étant pas impliqués dans des conflits actifs et ayant conclu des accords de défense avec le Japon, selon la chaîne de télévision publique NHK.

Le Japon se réarme

Mais Tokyo ne fait pas qu'exporter des armes. Il en achète aussi de plus en plus. Ainsi, le pays a formellement signé en janvier un contrat d'acquisition de 400 missiles de croisière américains Tomahawk. Cette vente avait été approuvée par Washington en novembre dernier, pour une somme maximum de 2,35 milliards de dollars. Mais c'est finalement pour un montant de 1,8 milliard de dollars pour les missiles et des équipements associés que le contrat a été signé. La livraison devrait commencer en 2025-2026, a précisé un responsable du ministère japonais de la Défense devant la presse.

La signature de ce contrat intervient alors que le Japon a prévu de porter son budget de la Défense à 2% du PIB d'ici 2027. Il plafonnait auparavant ses dépenses militaires à environ 1% du PIB national.

Lire aussiTensions avec la Chine et la Corée du Nord : le Japon dévoile un budget défense record

Dans sa nouvelle doctrine nationale de sécurité adoptée fin 2022, le pays du Soleil levant a, en effet, introduit un principe de « contre-attaque », pour se donner la capacité de frapper des cibles militaires dans des pays voisins qui présenteraient une menace directe, à des fins de dissuasion. Mais ce principe n'a rien d'évident pour le Japon, dont la Constitution pacifiste en vigueur depuis 1947 postule qu'il renonce « à jamais » à faire la guerre. Actuellement, l'archipel nippon dépend étroitement des Etats-Unis et du parapluie nucléaire américain pour garantir sa sécurité.

Tensions croissantes en Asie

Le Japon augmente ainsi son budget face à la Chine qui se montre de plus en plus agressive et revendique pratiquement l'intégralité de la mer de Chine méridionale, y compris les eaux et les îles proches des côtes de ses voisins. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans ces eaux. Face aux velléités de Pékin dans la région, Tokyo renforce donc sa défense et ses alliés. Avec 10 pays d'Asie du Sud-Est, le Japon s'est engagé à renforcer « la coopération en matière de sécurité, notamment dans le domaine maritime » lors du sommet de Tokyo qui a eu lieu en décembre.

Et le pays du Soleil levant a accentué ses relations avec la Malaisie fin 2023.

« Alors que le monde est à un tournant de son histoire, le Japon attache une grande importance au renforcement de la coopération avec la Malaisie et le reste de l'ASEAN, dans le but de maintenir et de renforcer un ordre international libre et ouvert fondé sur l'État de droit », avait ainsi souligné mi-décembre le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Tokyo a également entamé des pourparlers avec les Philippines sur un accord d'accès réciproque (RAA), un traité bilatéral de défense comprenant des dispositions pour le déploiement de troupes sur le territoire de l'autre.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 16/03/2024 à 14:23
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La seule nouvelle, maheureusement, intéressante est la présence de l'Italie. Un fois l'arrogance habituelle de Dassault, et les réticences allemandes levées, on aurait pu espérer que le SCAF s'impose. Mais non... certains veulent se différencier... A...

à écrit le 16/03/2024 à 10:24
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Bravo le Japon ! Les restrictions sur le développement, la production et les exportations d’armes étaient des exigences des puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale. Ces restrictions ont encore un impact aujourd’hui. Afin de ne pas reste...

à écrit le 16/03/2024 à 10:23
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Bravo le Japon ! Les restrictions sur le développement, la production et les exportations d’armes étaient des exigences des puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale. Ces restrictions ont encore un impact aujourd’hui. Afin de ne pas reste...

à écrit le 15/03/2024 à 23:15
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Tokyo s'allie avec l'Albion perfide? Méfiez-vous Japon. Les britanniques ne veulent que votre argent. Et cherchez qui contrôle le "Government Stock".

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