Inflation, chute du Yen... Le Japon évite de justesse la récession

La Japon a évité de peu la récession technique en 2023, avec un PIB révisé à la hausse au quatrième trimestre. Le pays souffre en effet de la hausse du niveau général des prix et de la chute de sa monnaie, le yen.
Le pays a finalement évité une récession technique fin 2023.
Le pays a finalement évité une récession technique fin 2023. (Crédits : KIM KYUNG-HOON)

Soulagement pour le Japon. Le pays du Soleil Levant a finalement évité une récession technique fin 2023, son produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre ayant été révisé ce lundi en hausse, à 0,1% en termes réels sur un trimestre, contre -0,1% lors de la première estimation mi-février.

Dans le détail, cette révision s'explique par des investissements non résidentiels des entreprises privées bien plus robustes qu'initialement annoncé (+2% contre -0,1% au départ), selon de nouveaux chiffres publiés par le gouvernement. Sur l'ensemble de l'année dernière, la croissance économique du pays est cependant restée inchangée (+1,9%, après +1% en 2022). Le PIB japonais s'était contracté de 0,8% au troisième trimestre.

Malgré cette bonne nouvelle, Tokyo a connu sa pire séance depuis cinq mois, avec une baisse de 2,19% en clôture après avoir perdu plus de 3% en séance. L'indice souffre notamment de la remontée du yen, qui a pris autour de 2,5% en sept jours.

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Quatrième place

D'autant qu'en termes nominaux, c'est-à-dire sans corriger l'effet de l'inflation, le PIB nippon a été rétrogradé en 2023 au quatrième rang mondial, ayant été dépassé par l'Allemagne. Au Japon, les médias locaux ont abondamment commenté la perte par le pays de son troisième rang économique mondial. Car au-delà de l'impact exceptionnel de la chute du yen, de puissants facteurs fondamentaux négatifs sont aussi à l'œuvre. À l'instar du déclin démographique accéléré de l'archipel et la faiblesse chronique de sa productivité.

« Le petit rebond au dernier trimestre a permis d'éviter l'épouvantail de la « récession technique », défini par deux trimestres consécutifs de contraction du PIB. Mais cela ne change pas le fait que l'économie japonaise se porte mal », a réagi lundi Stefan Angrick dans une note de Moody's.

Qui plus est, la consommation des ménages est en panne au Japon, à cause de l'effet combiné de l'inflation et du yen faible, couplé à la politique monétaire du pays. Au quatrième trimestre, cette composante clé du PIB est restée négative (-0,3%, chiffre inchangé). Et le début de cette année s'annonce difficile, la consommation des ménages ayant connu en janvier sa pire chute depuis trois ans (-6,3% sur un an). Il s'agit du onzième mois consécutif de baisse de cet indicateur.

« La faiblesse de la consommation privée est particulièrement préoccupante, étant en déclin depuis trois trimestres consécutifs », a aussi rappelé Yoshiki Shinke, de l'institut de recherche de l'assureur japonais Dai-ichi Life. Avant d'ajouter :

« Tant la demande intérieure que la demande extérieure sont ternes actuellement, ce qui fait que l'économie japonaise n'a pas de catalyseur ».

Comme l'Allemagne, le Japon est également une puissance industrielle et exportatrice, mais ce statut est en perte de vitesse depuis longtemps. En témoigne d'ailleurs le fait que la Chine l'a détrôné en tant que premier exportateur mondial de voitures en 2023.

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Une politique monétaire à contre-courant

De nombreux économistes s'attendent toutefois à ce que la Banque du Japon (BoJ) amorce dès ce mois-ci ou en avril le processus de normalisation de sa politique monétaire. En effet, la Banque du Japon (BoJ) n'a pas suivi le chemin classique de l'Europe ou encore des Etats-Unis concernant sa politique monétaire. La BoJ conserve ainsi pour le moment une politique monétaire dite ultra-accommodante, à contre-courant des hausses successives de taux de la Fed et de la BCE. L'institution veut soutenir l'économie nippone qui reste fragile, et est aidée par une inflation plus faible que dans la plupart des autres pays riches.

La BoJ pourrait cependant dès ce mois-ci mettre fin à sa politique de taux négatifs, si elle estime atteindre son objectif d'une inflation stable et durable de 2%, qui pourrait éventuellement relancer la consommation et la croissance à l'avenir.

Les négociations salariales annuelles qui se tiennent chaque printemps au Japon (« shunto ») devraient ainsi livrer des résultats préliminaires cette semaine. La confédération syndicale Rengo réclame une hausse des salaires de 5% ou plus, après avoir obtenu une augmentation moyenne supérieure à 3,5% en 2023. Il s'agissait d'une hausse des salaires record depuis 30 ans au Japon, où les salaires ont stagné pendant des décennies en raison d'une croissance économique en panne et d'une tendance déflationniste.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 11/03/2024 à 11:44
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Je vous invite à lire sur wikipidédia "démographie japonaise". Depuis 2009 le pays a perdu 4.5 millions d'habitants avec des japonais toujours plus vieux et donc toujours moins nombreux, que leur économie vacille, ben oui le miracle technologique enc...

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