Tensions avec la Chine et la Corée du Nord : le Japon dévoile un budget défense record

Avec un nouveau budget de plusieurs milliards de yens, le Japon souhaite renforcer sa défense. Tokyo s'alarme de la puissance militaire et des ambitions régionales grandissantes de Pékin, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie depuis février 2022 et du renforcement des relations sino-russes qui a suivi, ou encore des essais de missiles à répétition de la Corée du Nord.
Le gouvernement japonais a approuvé ce vendredi un budget annuel de 112.072 milliards de yens, soit environ 716 milliards d'euros.
Le gouvernement japonais a approuvé ce vendredi un budget annuel de 112.072 milliards de yens, soit environ 716 milliards d'euros. (Crédits : ISSEI KATO)

112.072 milliards de yens, soit environ 716 milliards d'euros : voilà à combien s'élève le budget annuel approuvé ce vendredi par le gouvernement japonais et qui inclut une nouvelle enveloppe record pour la défense. Dans ce nouveau budget pour l'exercice fiscal allant du 1er avril 2024 au 31 mars 2025, Tokyo prévoit, en effet, d'allouer 7.950 milliards de yens (50,7 milliards d'euros) pour la défense, une hausse de près de 17% sur un an.

En vertu de sa constitution pacifiste, le Japon limite normalement sa capacité militaire à des mesures défensives. Néanmoins, le pays a adopté fin 2022 une nouvelle doctrine nationale de sécurité qui prévoit de porter son budget de la défense à 2% du PIB d'ici à 2027, alors qu'il était auparavant implicitement plafonné à environ 1% du PIB. Un véritable tournant.

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Navires de guerre, missiles...

Dans le détail, ce budget de la défense prévoit notamment 370 milliards de yens pour la construction de deux nouveaux navires de guerre équipés du système de défense antimissile Aegis développé par les États-Unis. Le ministère de la Défense compte aussi allouer 734 milliards de yens (4,7 milliards d'euros) notamment pour renforcer les stocks de missiles du pays, y compris avec des missiles capables d'atteindre des cibles militaires dans des pays voisins, en vertu du nouveau principe nippon de « contre-attaque ». Washington a également approuvé le mois dernier la vente à Tokyo de 400 missiles de croisière Tomahawk dans ce but, pour un montant de 2,35 milliards de dollars. Quelque 75 milliards de yens (environ 480 millions d'euros) dans le prochain budget nippon de la défense seront aussi consacrés au développement de systèmes d'interception destinés à abattre des missiles hypersoniques.

Au-delà du budget, le pays du soleil-levant a également assoupli le contrôle de ses exportations d'armes. Une première depuis dix ans. Cette décision va notamment permettre au pays de vendre à son allié américain des systèmes d'interception de missiles. Cela constituerait la première exportation d'armes létales par le Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont rapporté des médias locaux. Le Japon compte également augmenter ses stocks de munitions pour faire face à un scénario de guerre longue et renforcer ses moyens dans la cyberdéfense et le domaine spatial militaire. Un recours accru aux drones et à d'autres systèmes sans pilote est également envisagé.

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Alerte en mer de Chine

Un changement de cap pour l'archipel qui s'explique par l'inquiétude croissante de ce dernier face aux menaces qui se multiplient proche de lui, à commencer par celle de la Chine, proche de Moscou. Mi-décembre, l'armée sud-coréenne a ainsi dû déployer des avions de combat quand deux avions militaires chinois et quatre avions militaires russes ont pénétré sa zone de défense aérienne.

Un incident survenu une semaine après que le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré que Washington et ses alliés asiatiques, Séoul et Tokyo, allaient « défendre » la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Pour rappel, la Chine considère Taïwan comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949. Ces dernières années, Pékin a intensifié la pression militaire sur l'île, promettant de s'en emparer un jour.

Les trois alliés ont également réitéré leur engagement en faveur de « la liberté de navigation » dans la zone contestée de la mer de Chine méridionale et multiplié le passage de navires militaires, suscitant la colère de Pékin. Les tensions se sont notamment intensifiées dans la région où la Chine se montre de plus en plus agressive. Pékin revendique pratiquement l'intégralité de la mer de Chine méridionale, y compris les eaux et les îles proches des côtes de ses voisins. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans ces eaux.

Lors du sommet de Tokyo le week-end dernier, focalisé sur la montée en puissance de la Chine, le Japon et le groupe des 10 pays d'Asie du Sud-Est ont souhaité renforcer « la coopération en matière de sécurité, notamment dans le domaine maritime ». Face aux revendications territoriales de plus en plus véhémentes de Pékin, ainsi que de son influence et de ses capacités militaires grandissantes en Asie-Pacifique. Manille a notamment convenu d'entamer des négociations en ce sens avec le Japon. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a également convenu de « rehausser les relations entre le Japon et la Malaisie au niveau d'un partenariat stratégique global ».

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Corée du Nord : une menace de plus en plus prégnante

Outre la Chine, l'archipel fait également face à la menace de la Corée du Nord qui a procédé lundi dernier à un essai de son missile balistique intercontinental le plus avancé. Le Japon a estimé que ce missile pourrait avoir la capacité de voler plus de 15.000 km, ce qui mettrait tout le territoire des Etats-Unis à sa portée. Un incident qui intervient quelques jours après des mises en garde de Séoul et Washington qui ont averti Pyongyang que « toute attaque nucléaire » contre les Etats-Unis ou leurs alliés entraînerait la fin du régime de Kim Jong Un, le dirigeant nord-coréen. La veille, Pyongyang avait tiré cette fois un missile balistique de courte portée en direction de la mer de l'Est, également connue sous le nom de mer du Japon, selon l'état-major interarmées de la Corée du Sud.

« Nous condamnons fermement » ces tirs, a averti de son côté le Premier ministre japonais Fumio Kishida à l'issue d'une réunion d'urgence du Conseil national de sécurité, estimant qu'ils représentaient une « menace pour la paix et la stabilité dans la région ». En outre, la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon ont activé, mardi, un système de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens alors que Kim Jong Un a promis jeudi une riposte atomique si son pays était « provoqué » par des armes nucléaires.

De son côté, la Chine a réitéré son « ferme soutien » à la Corée du Nord avec qui elle partage une frontière et dont elle est le principal soutien politique et économique, après le tir du missile balistique.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 22/12/2023 à 23:10
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