En pleine campagne présidentielle, Biden s'oppose au rachat de US Steel par Nippon Steel pour des questions de sécurité nationale

Joe Biden a jugé jeudi qu'il était « vital » que le sidérurgiste US Steel, engagé dans une procédure de rachat par le japonais Nippon Steel, « reste une société américaine, contrôlée et gérée depuis les Etats-Unis ».
Joe Bien soutient les ouvriers de la sidérurgie.
Joe Bien soutient les ouvriers de la sidérurgie. (Crédits : Kevin Lamarque)

A sept mois de l'élection présidentielle qui l'opposera à Donald Trump, Joe Biden joue la carte « souverainiste ». Après s'être dit inquiet en décembre par l'annonce du rachat du sidérurgiste américain US Steel par le japonais Nippon Steele, le président américain a déclaré qu'il s'opposait à ce rapprochement pour des questions de sécurité nationale. Pour lui, il est « vital » que le sidérurgiste US Steel, créé en 1901 « reste une société américaine, contrôlée et gérée depuis les Etats-Unis ».

« Il est important que nous maintenions des entreprises sidérurgiques américaines solides, opérées par des travailleurs américains. J'ai promis aux ouvriers de la sidérurgie américains que je les soutiendrais et je n'ai qu'une parole », a rappelé le président Biden.

Fin décembre, estimant l'achat de cette entreprise américaine emblématique par une entité étrangère - même celle d'un allié proche-, Joe Biden avait appelé à « un examen approfondi » en termes de sécurité nationale et de fiabilité de la chaîne d'approvisionnement.

Position délicate

 Annoncé en décembre, ce projet de rapprochement a placé le président démocrate, qui se pose en défenseur de la souveraineté industrielle de l'Amérique, dans une position très délicate. Y compris dans son propre camp politique, alors qu'il ne peut pas se mêler ouvertement des affaires d'entreprises privées.

Une enquête est en cours par l'agence gouvernementale américaine chargée d'évaluer le risque des investissements étrangers, le CFIUS, auquel les deux groupes ont soumis leur projet de rapprochement. Si le CFIUS considère qu'il existe un risque, il en réfère au président des Etats-Unis, qui prend la décision finale (validation, interdiction ou feu vert sous conditions).

Plus important groupe sidérurgique japonais, Nippon Steel a annoncé en décembre vouloir racheter US Steel pour environ 14,9 milliards de dollars, hors reprise de la dette, une acquisition qui augmenterait considérablement la production actuelle de Nippon Steel aux Etats-Unis. U.S. Steel avait lancé une revue stratégique en août après avoir reçu plusieurs offres non sollicitées pour un rachat partiel ou total. L'entreprise avait rejeté à l'époque une offre de son concurrent américain Cleveland-Cliffs qui valorisait sa cible à environ 10 milliards de dollars.

La saisine du CFIUS est souvent réalisée par les entreprises elles-mêmes lorsqu'elles veulent recevoir un blanc-seing pour une opération transfrontière dans un secteur susceptible d'être considéré comme crucial pour la sécurité nationale américaine.

Les multinationales basées aux Etats-Unis s'inquiètent

Fin janvier, La Global Business Alliance (GBA), un groupement de multinationales installées aux Etats-Unis, avait déclaré que ce rachat devrait être observé uniquement via « les faits pour identifier et réduire de potentiels risques à la sécurité nationale », sans considérations politiques,

Elle s'inquiétait de « la rhétorique adoptée de part et d'autre du spectre politique » concernant cette acquisition potentielle, selon un courrier transmis à la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et publié sur leur site internet. Rappelant que « les entreprises internationales ont créé plus d'un demi-million d'emplois industriels sur les cinq dernières années alors que le nombre d'emplois des entreprises américaines du secteur est resté stable », la GBA appelle au respect « des principes éprouvés du Comité américain sur l'investissement étranger (CFIUS) » qu'elle estimait menacés par certains élus demandant d'ignorer » les règles existantes.

« L'un des facteurs essentiels pour l'attractivité des Etats-Unis est le respect de l'Etat de droit dans notre pays ainsi que la prévisibilité et la stabilité de notre cadre de régulation », a ajouté la GBA dans son courrier, souhaitant que Janet Yellen « maintienne ces standards et continue à résister aux efforts visant à influencer excessivement » le travail du CFIUS.

Commentaires 9
à écrit le 16/03/2024 à 8:43
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A l'instar du rachat d'Arcelor par Mittal, le vendredi 15 mars 2024 le management chez Nippon Steal a fait officiellement la *promesse* de ne pas supprimer d'emplois ou de fermer de site de production résultant de l'acquisition de son concurrent U...

à écrit le 15/03/2024 à 2:30
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Le "big guy" serait plus enclin à fermer les yeux si c'était une OPA hostile issue d'une holding du PCC possiblement de Hong Kong ou Taïwan, or Nippon Steel sert un rival de l'empire des Han dont la prédation sur le juteux marché auto américain ne...

à écrit le 14/03/2024 à 21:53
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Et Pk US steel est dans cette situation economique mauvaise?

le 15/03/2024 à 2:56
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"Et Pk US steel est dans cette situation economique mauvaise?" Son dirigeant millionnaire 65+ ans sorti de sa retraite de chez Caterpillar est un incapable ayant demandé plus d'une fois des subventions à l'instar du dirigeant millionnaire actuel...

à écrit le 14/03/2024 à 19:01
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Un exemple parmi d'autres qui montre que si les USA veulent la liberté de marché totale en Europe, ils ne la veulent certainement pas chez eux.

à écrit le 14/03/2024 à 17:30
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Si on veut sécuriser l'acier pour fabriquer des tanks et des obus, il vaut mieux disposer d'une sidérurgie nationale.

à écrit le 14/03/2024 à 15:12
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Ce n'est pas comme la France qui à laissé Usinor/Sacilor aux mains de l'Indien Mital et abandonner des milliers de travailleurs.

le 14/03/2024 à 16:34
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100% avec vous. Et en prime, Mittal vient de prendre une participation significative dans Vallourec, en rachetant la part d'un fond d'investissement américain. Rien de bon en perspective : on continue de brader l'industrie française, sous couvert du ...

à écrit le 14/03/2024 à 14:39
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Decision logique, tout les pays qui ont des entreprises stratégiques font pareil. La France a récemment fait pareil avec plusieurs sociétés dont la dernière fabriquait la robinetterie des SNLE et des SNA français.

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