Etats-Unis : l’accès au crédit va encore se durcir pour les ménages et les entreprises (Fed)

Selon une enquête réalisée par la banque centrale américaine publiée lundi 8 mai, les établissements bancaires américains ont réduit l'accès au crédit depuis le début de l'année. Cette tendance devrait se poursuivre en 2023, les récentes faillites de banques aux Etats-Unis ayant rendu les établissements frileux pour prêter de l'argent à leurs clients.
Afin de lutter contre l'inflation galopante, accélérée en raison de la guerre en Ukraine, la Fed a relevé son taux directeur depuis mars 2022.
Afin de lutter contre l'inflation galopante, accélérée en raison de la guerre en Ukraine, la Fed a relevé son taux directeur depuis mars 2022. (Crédits : Jason Reed)

Les ménages et les entreprises américaines ont connu davantage de difficultés pour emprunter en ce début d'année. Cette tendance devrait se poursuivre, si l'on en croit les résultats d'une enquête trimestrielle, réalisée auprès de 84 banques aux Etats-Unis, baptisée « Senior loan officer opinion survey on bank lending practices » (SLOOS), publiée le lundi 8 mai.

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Dans le détail, cette étude a été réalisée entre le 27 mars et le 7 avril. Elle a permis d'interroger 65 banques américaines, ainsi que des branches américaines de 19 banques étrangères. Résultat, les établissements interrogés « ont déclaré s'attendre à resserrer les normes dans toutes les catégories de prêts » jusqu'à la fin de l'année.

« En ce qui concerne les prêts aux entreprises, les répondants à l'enquête ont signalé, dans l'ensemble, des normes plus strictes et une demande plus faible » de la part des entreprises de toutes tailles au 1er trimestre, détaille cette enquête de la Fed.

Un mouvement similaire en zone euro

Pour les emprunts des ménages aussi, « les normes de prêts se sont durcies », et, « parallèlement, la demande s'est affaiblie », qu'il s'agisse des prêts immobiliers, automobiles, ou à la consommation, souligne l'enquête. Elle est en revanche « restée pratiquement inchangée pour les cartes de crédit », ajoute le document.

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Les récentes faillites de banques aux Etats-Unis, qui ont fait flancher l'ensemble du secteur, ont rendu les établissements plus frileux pour prêter de l'argent à leurs clients. Cette crise est intervenue alors qu'il était déjà devenu plus onéreux d'emprunter de l'argent. Afin de lutter contre l'inflation galopante, accélérée en raison de la guerre en Ukraine, la Fed a relevé son taux directeur depuis mars 2022.

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Si le contexte bancaire américain est marqué par de nombreuses faillites en ce début d'année, force est de constater que l'accès au crédit se révèle plus difficile outre-Atlantique également. Les banques de la zone euro ont, en effet, durci leurs critères d'octroi de prêts à l'économie au premier trimestre au rythme le plus élevé depuis la crise de la dette souveraine en 2011, a souligné la Banque centrale européenne (BCE), le 2 mai dernier.

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Un ralentissement de l'activité économique à venir ?

De janvier à mars, « les critères d'approbation des prêts et lignes de crédit aux entreprises ont encore été sensiblement resserrés » en net, selon un rapport trimestriel. La baisse de la demande de crédits s'avère, elle, la plus forte « depuis la crise financière mondiale », a complété l'institution européenne. En France, Bercy réfléchit sérieusement à un assouplissement des conditions actuelles d'octroi du crédit immobilier. Une piste qui est encore loin de faire l'unanimité. Dans une note publiée début avril, la Banque de France alertait sur le fait qu'une telle mesure « risquerait de pousser nombre de ménages vers des situations de surendettement ».

Le resserrement des conditions d'accès au crédit ces derniers mois n'est pas sans conséquence sur le dynamisme de l'économie. Lundi 8 mai, la Fed souligne dans un document distinct - son rapport semi-annuel de stabilité financière - que « les tensions persistantes dans le système bancaire pourraient entraîner une contraction plus large du crédit, entraînant un ralentissement marqué de l'activité économique ».

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a de son côté, de nouveau assuré que le système bancaire américain est « bien capitalisé », lundi sur la chaîne CNBC.

Les Etats-Unis planchent sur le risque de contagion bancaire

Interrogée sur un éventuel relèvement de l'assurance des dépôts au-delà du plafond de 250.000 dollars par client, comme cela a été fait pour les clients des banques SVB et Signature Bank, elle a renvoyé à un récent rapport de l'Agence de garantie des dépôts (FDIC) sur le sujet.

« Nous examinons cela et nous serions prêts à travailler avec le Congrès pour voir si des changements doivent être apportés. Mais pour l'instant, nous avons (...) d'autres outils que nous utilisons, et que nous pouvons utiliser à nouveau, si nous pensons que les déboires d'une banque créent un risque de contagion », a souligné la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden.

Quant à une éventuelle suspension des ventes à découvert ou short-selling, comme en 2008 lors de la crise financière, elle a souligné qu'il s'agit d'une mesure « qui a rarement été (utilisée) », mais que lorsque ce fut le cas, « il n'est pas clair que cela a amélioré les choses, cela a peut-être empiré les choses ».

Elle a cependant jugé nécessaire de « mettre en place des mesures de contrôle » sur ce procédé qui consiste à emprunter des actions, les vendre, puis attendre la baisse du cours pour racheter des titres moins chers sur le marché et les rendre au prêteur.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 09/05/2023 à 16:56
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Avec cette forte inflation des ménages emprunteurs vont se retrouver dans la panade. Obligés de vendre? Comme un crocodile attendons de voir!

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