
L'Inde est déterminée à obtenir un rôle central dans l'économie mondiale. Après avoir signé un accord avec les Etats-Unis autour de l'importation de produits agricoles, ce week-end, lors du sommet du G20 à New Delhi, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a salué, ce lundi, un partenariat « stratégique » avec l'Arabie saoudite dans le cadre d'un ambitieux projet de « couloir » logistique reliant l'Inde et l'Europe au Moyen-Orient.
« Ensemble, nous avons pris un départ historique en établissant un couloir économique », a déclaré Narendra Modi au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, au lendemain du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui s'est tenu à New Delhi, samedi et dimanche.
Augmenter les échanges de marchandises
A l'occasion du sommet, un accord de principe a déjà été signé samedi entre les Etats-Unis, l'Inde, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Union européenne, la France, l'Allemagne et l'Italie en faveur d'un ambitieux projet de transport maritime et ferroviaire traversant le Moyen-Orient pour relier l'Inde à l'Europe. Le président américain Joe Biden avait alors qualifié l'accord « d'historique ». De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué samedi « un pont vert et numérique entre les continents et les civilisations ».
« Ce couloir ne reliera pas seulement les deux pays, mais (permettra) aussi la coopération économique et la connectivité numérique entre l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe », s'est félicité Narendra Modi.
Cet accord commercial est basé sur des arguments économiques. Pour New Delhi et Riyad, le plus grand exportateur de brut, il s'agit d'une nouvelle étape dans leur rapprochement tandis que le commerce bilatéral s'élevait déjà à 42,8 milliards de dollars l'an dernier, selon le ministère saoudien de l'investissement. « Notre coopération mutuelle est importante pour la paix et la stabilité de toute la région », a souligné Narendra Modi, ajoutant que « pour l'Inde, l'Arabie saoudite est l'un des partenaires stratégiques les plus importants ».
De source proche du dossier, le projet prévoit aussi un réseau de transport d'hydrogène qui relierait notamment Dubaï aux Emirats arabes unis, et Djeddah, en Arabie saoudite, au port israélien de Haïfa et ensuite à des ports européens. La France espère bien tirer un avantage de ces nouveaux échanges. Ainsi, Emmanuel Macron a affirmé que Marseille pourrait être la « tête de pont » européenne du chantier, en vantant « l'expertise » des entreprises françaises en matière de transports et d'énergie.
Un projet aussi politique
Ce nouveau projet pourrait avoir été motivé par l'envie de contrer le vaste programme d'investissements et d'infrastructures chinois dit « des nouvelles routes de la soie ».
Bien que fortement axé sur le commerce, ce projet pourrait aussi avoir de vastes implications, notamment le développement de contacts entre Israël et l'Arabie saoudite, ennemis de longue date. Une délégation israélienne s'est rendue à Riyad lundi pour participer à une réunion de l'UNESCO, a indiqué un responsable israélien à l'AFP. Il s'agit de la première visite publique de représentants israéliens en Arabie saoudite. L'administration américaine incite activement Riyad à normaliser ses liens avec Israël après des décennies de conflit et de fermeture des frontières.
(Avec AFP)
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