Russie : l'opposant emprisonné Alexeï Navalny donne de ses nouvelles après son transfert en Arctique

Lundi, la porte-parole de l'opposant russe a indiqué avoir retrouvé sa trace, perdue depuis début décembre, dans une colonie pénitentiaire située à Kharp. Une région reculée du Nord de la Russie au-delà du cercle polaire et où « les conditions sont difficiles », selon l'un de ses collaborateurs. Alexeï Navalny, qui purge actuellement une peine de 19 ans de détention pour « extrémisme », a pu donner de ses nouvelles ce mardi via le réseau social X (ex-Twitter).
L'opposant Alexeï Navalny lors de sa détention en mai 2022. (Photo d'illustration).
L'opposant Alexeï Navalny lors de sa détention en mai 2022. (Photo d'illustration). (Crédits : EVGENIA NOVOZHENINA)

[Article publié le mardi 26 décembre à 8h12 et mis à jour à 9h57]. « Nous avons trouvé Navalny. Il est dans la colonie pénitentiaire numéro 3 de la localité de Kharp ». Ces mots sont ceux de la porte-parole de l'opposant politique russe lundi sur X (ex-Twitter) indiquant qu'il « va bien » et que son avocat lui a rendu visite. Une nouvelle confirmée ce mardi par Alexeï Navalny lui-même. Sur les réseaux sociaux, il a affirmé qu'il allait « bien », après son transfert vers une colonie pénitentiaire dans l'Arctique russe. Le voyage vers son nouveau lieu de détention, qui a duré 20 jours, était « assez fatigant », a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter). « Quoi qu'il en soit, ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais bien. Je suis soulagé d'être enfin arrivé », a-t-il ajouté.

C'est donc à Kharp, petite localité d'environ 5.000 habitants située en Iamalo-Nénétsie, région reculée du Nord de la Russie, que l'on a retrouvé la trace d'Alexeï Navalny après avoir été sans nouvelle de lui depuis décembre. Il avait disparu de la colonie pénitentiaire de la région de Vladimir, à 250 kilomètres à l'est de Moscou, où il était jusque-là détenu. Les transferts d'une colonie pénitentiaire à une autre en Russie prennent souvent plusieurs semaines de voyage par train avec des étapes, les proches des détenus restant sans nouvelles pendant cette période.

Selon l'un de ses proches collaborateurs, Ivan Jdanov, Kharp est « l'une des colonies les plus septentrionales et les plus éloignées » de Russie, au-delà du cercle polaire. « Les conditions y sont difficiles », a-t-il expliqué sur X. « Il est très difficile de s'y rendre et il n'y a pas de système de distribution de lettres ou (d'accès téléphonique) », a-t-il ajouté.

La France dénonce des « violations patentes des droits de l'homme »

Peu après l'annonce de la porte-parole, Kira Iarmych, la France a dénoncé le transfert de l'opposant.

« Le secret gardé pendant près de dix jours par la Russie sur la situation d'Alexei Navalny et son transfert vers un lieu de détention particulièrement isolé, pour le couper encore davantage de ses proches alors que son état de santé s'est gravement détérioré depuis son incarcération, constituent de nouveaux développements inacceptables et des violations patentes des droits de l'homme », a ainsi réagi une porte-parole du Quai d'Orsay.

« La France rappelle que la Russie est, au titre du droit international, entièrement responsable de la santé de ses détenus », a également ajouté la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Paris appelle enfin à libérer tous les prisonniers politiques, « immédiatement et sans condition, et à cesser toute persécution judiciaire à leur encontre ».

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De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé lundi être « profondément inquiets » des « conditions de détention » d'Alexeï Navalny. « Nous nous réjouissons des informations selon lesquelles Alexeï Navalny a été localisé », a déclaré un porte-parole du département d'Etat. « Cependant, nous restons profondément inquiets du sort d'Alexeï  Navalny et de ses conditions de détention injustes », a-t-il indiqué dans un communiqué. Washington a une nouvelle fois exigé la « libération immédiate » du quadragénaire, exhortant Moscou à mettre fin à la « répression croissante des voix indépendantes en Russie » et au « ciblage pernicieux » d'Alexeï Navalny.

Colonie à « régime spécial »

À 47 ans, il avait été arrêté en janvier 2021 à son retour de Russie d'une convalescence en Allemagne pour un empoisonnement qu'il impute au Kremlin et purge désormais une peine de 19 ans de détention pour « extrémisme ». Or, le charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine est détenu dans des conditions particulièrement difficiles, sa peine devant être effectuée dans une colonie à « régime spécial ». Une catégorie d'établissements où les conditions de détention sont les plus rudes et qui sont d'ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux. Une colonie à « régime spécial » est justement située à Kharp, la colonie numéro 18 « Hibou polaire », bien qu'Alexeï Navalny soit actuellement détenu dans une autre. Début décembre, les autorités russes ont engagé de nouvelles poursuites pour « vandalisme » contre Alexeï Navalny, ce qui pourrait ajouter trois années de détention supplémentaires à sa peine.

« Dès le début, il est apparu clairement que les autorités voulaient isoler Alexeï, en particulier avant l'élection » présidentielle prévue en mars 2024, a réagi son collaborateur Ivan Jdanov. Face à une opposition laminée et la répression de toute voix critique dans le pays, Vladimir Poutine vise, en effet, un nouveau mandat de six ans au Kremlin, ce qui le porterait jusqu'en 2030, année de ses 78 ans.

La directrice de son Fonds de lutte contre la corruption visée par un avis de recherche

Le mouvement d'Alexeï Navalny a été méthodiquement éradiqué ces dernières années par les autorités, poussant ses collaborateurs et alliés à l'exil ou en prison. Son Fonds de lutte contre la corruption a été déclaré « extrémiste » en 2021 et les autorités ont lancé jeudi dernier un avis de recherche contre la directrice du conseil d'administration de ce fonds, Maria Pevtchikh, qui a fui à l'étranger. Elle a ainsi été incluse dans la liste des personnes recherchées. « Maria Konstantinovna Pevtchikh est recherchée en vertu d'un article du code pénal », peut-on ainsi lire sur la base de données du ministère russe de l'Intérieur, sans qu'il ne soit précisé en vertu de quel article celle qui vit en exil à Londres et qui est déjà considérée par les autorités comme « agente de l'étranger », est recherchée.

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Dans les faits, cela l'empêche de rentrer en Russie sous peine de se faire arrêter. « Dangereuse ! », a-t-elle ironisé en réaction sur le réseau social X (ex-Twitter) en accompagnant son message de sa photo sur le site du ministère russe. Elle a également précisé les charges qui pèsent contre elles : « Organisation d'une communauté extrémiste en utilisant sa position officielle »« diffusion de fausses informations sur les forces armées russes » et « vandalisme commis par un groupe de personnes pour des raisons d'hostilité politique ».

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 27/12/2023 à 12:56
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Est-on bien sûr que c'est lui qui s'exprime? Sinon, on croirait que les prisons russes sont des colonies de vacances, chose bien peu vraisemblable.

à écrit le 26/12/2023 à 12:59
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Selon le message publie a sa place par la Tcheka tolerante, il va tres bien. Pravda !

le 27/12/2023 à 11:10
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ce n'est pas un opposant mais bien un terroristes ce n'est pas un gouvernement qui legitime action direct qui vas nous faire la morale et oui offrir une tribune dans une universite a ces individus est une approuvassions de leur delits

à écrit le 26/12/2023 à 9:13
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Ce quidam là est bien médiatisé pour faire opposition ! Par contre, d'autres bien réels sont mis au silence ! Bref, nous avons droit à de la pub ! ;-)

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