Le manque d'investissement pourrait ralentir la croissance mondiale (OCDE)

D'après les projections économiques de l'OCDE, la croissance économique mondiale s'est affermie. Malgré de bonnes perspectives, l'institution reste très prudente sur la solidité de cette croissance en raison notamment de la faiblesse des investissements.
Grégoire Normand
L'OCDE est aussi plus optimiste sur la France mais la voit toujours évoluer en deçà de la moyenne européenne : 1,8% en 2017 comme en 2018, soit 0,1 et 0,2 point de plus que dans les précédentes prévisions, puis 1,7% en 2019.

La reprise se confirme. D'après les perspectives d'automne publiées par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la croissance mondiale pourrait s'élever à 3,6% en 2017, soit 0,1 point au-dessus de ses précédentes estimations remontant à septembre et 0,3 point au-dessus de celles d'il y a un an. Elle la voit progresser à 3,7% en 2018 (prévision inchangée) avant de revenir à 3,6% un an plus tard dans ses premières estimations pour 2019. Malgré ces signes d'éclaircie pour l'économie mondiale, Catherine Mann, responsable des études économiques de l'OCDE reste mesurée :

"L'économie mondiale est en petite forme, et un risque de turbulences financières existe [..] Nous devons nous garder de tout excès d'optimisme et nous ne pouvons pas nous permettre de penser que l'économie va aujourd'hui aussi bien qu'il lui est possible d'aller : les générations futures ont le droit d'exiger mieux."

Des projections optimistes pour la France

Les perspectives économiques pour la France s'éclaircissent. D'après une note spécifique de l'organisation internationale, la croissance économique "restera vigoureuse, avec un rythme annuel moyen d'environ 1,7% en 2018-2019, à la faveur d'un raffermissement de la demande extérieure, du rebond de l'activité touristique, de la confiance des entreprises et de la création d'emplois".

Le moral des ménages a rebondi en novembre, après quatre mois consécutifs de baisse, ceux-ci étant nettement plus optimistes sur leur situation financière future d'après un communiqué de l'Insee. L'indice a gagné deux points pour s'établir à 102 points, repassant au-dessus à sa moyenne de longue période (100). Les craintes sur l'évolution dues au chômage sont également en baisse.

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Malgré un système bancaire et financier jugé relativement solide par l'OCDE, l'endettement des ménages et celui des entreprises en particulier pourraient fragiliser cette reprise.

"L'endettement des ménages et celui des entreprises augmentent : à la fin de 2016, ce dernier dépassait 70 % du PIB, contre une moyenne de 63,5% dans la zone euro. Si elle se poursuit, cette tendance pourrait fragiliser les entreprises dans l'éventualité d'une remontée des taux d'intérêt plus rapide que prévu."

Une croissance solide pour la zone euro

En ce qui concerne la zone euro, la croissance du PIB devrait rester "robuste" au moins en 2018 (2,1%) avant de retomber à 1.9% en 2019.  "La croissance repose sur une large assise, étant tirée à la fois par la demande intérieure et extérieure." La zone monétaire pourrait ainsi représenter le moteur économique des pays développés.

L'évolution des salaires devrait rester modérée et l'inflation devrait atteindre un niveau proche de 2%. La banque centrale européenne a annoncé en octobre dernier une réduction de ses achats d'actifs, "justifiée par l'amélioration des perspectives économiques et par la nécessité de réduire le risque de déséquilibres financiers".

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L'enjeu des économies émergentes

Dans les pays émergents, l'activité se redresse, portée notamment par un rebond des investissements dans les infrastructures en Chine et un relèvement des prix des matières premières. Elle demeure cependant moins vigoureuse que dans le passé notamment en raison du ralentissement "des efforts de réforme et de l'existence de vulnérabilités financières liées au niveau élevé de l'endettement". Ce fléchissement peut s'expliquer en partie par des perspectives de ralentissement de la croissance pour le régime communiste. "En Chine, la croissance devrait atteindre 6.8% en 2017 et se modérer quelque peu pour s'établir à 6,6% en 2018 et 6,4% en 2019."

Un manque d'investissement

Lors de la conférence de presse, Catherine Mann, responsable des études économiques de l'OCDE est restée très prudente sur les projections à venir en termes de croissance.

"La situation paraît vraiment bonne aujourd'hui. Mais si l'on ne voit pas d'activité robuste et de renouvellement du stock de capital dans le secteur privé, ce qui permettra de générer des salaires plus élevés, on ne réussira pas à maintenir le rythme de croissance actuel [..]Il y a encore du travail à faire, on se repose confortablement sur les statistiques qui tombent, qui bénéficient du soutien des politiques budgétaires et monétaires", a-t-elle ajouté.

L'experte pointe notamment l'insuffisance des investissements des entreprises, que ce soit pour pallier la dépréciation de leurs actifs existants ou pour se développer, pour alimenter la croissance future. "Depuis la crise financière, la modeste progression de la demande mondiale et l'accroissement des incertitudes entourant l'action publique et la réglementation contribuent à la faiblesse persistante de l'investissement", souligne l'organisation pour expliquer ce déficit.

Si les experts de l'institution expliquent que les investissements publics et privés devraient croître dans les trois années à venir, les dépenses d'investissement en 2018-2019 devraient s'établir à un niveau inférieur d'environ 15% "à celui qu'il faudrait pour garantir que le stock de capital productif net augmente au même rythme annuel moyen que pendant la période 1990-2007".

Modération salariale

Outre le manque d'investissement, les économistes du Château de la Muette -le siège de l'organisation- ont également mis en exergue la modération salariale des économies avancées dans les années à venir, malgré des améliorations notables sur le marché du travail.

"Dans la zone OCDE considérée dans son ensemble, la croissance des salaires réels devrait rester modérée, dépassant tout juste 0,6% par an en moyenne, au cours de la période 2017-2019, sachant qu'elle s'est établie à 0,4% par an en moyenne sur la période 2014-2016."

Cette croissance limitée des salaires peut s'expliquer en partie "par l'atonie des gains de productivité et la faiblesse de l'inflation". La part croissante des emplois à temps partiel sur le marché du travail, souvent moins bien rémunérés, a pu également avoir une influence sur la modération salariale.

Pour renforcer cette reprise, le Secrétaire général de l'OCDE M. Angel Gurría a déclaré que "les mesures structurelles et budgétaires doivent viser en priorité à renforcer le potentiel à long terme à mesure que les instruments de politique monétaire seront moins sollicités pour soutenir l'activité".

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Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 29/11/2017 à 16:38
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C'est un raisonnement d'un économiste du Moyen Age qui ne tient pas compte du role de l'énergie.

à écrit le 29/11/2017 à 16:31
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A mettre en perspective avec votre extraordinaire article: "Distribution de dividendes : toujours plus !" https://www.latribune.fr/entreprises-finance/distribution-de-dividendes-toujours-plus-593518.html L'économie c'est simple à comprendre domma...

à écrit le 29/11/2017 à 16:14
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La croissance mondiale, ou, la grenouille qui veut se faire plus grosse que la boeuf. Pouvez-vous nous rappeler, combien il nous faudrait de planète pour subvenir à la gabegie actuelle de l'humanité ?

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