
De quoi crisper davantage les relations déjà tendues entre la Chine et l'Union européenne. Alors que la Chine crie à la « distorsion de concurrence » après la décision de Bruxelles d'enquêter sur les subventions accordées par Pékin à son secteur automobile, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis a de son côté dénoncé des « discriminations » dont feraient l'objet les entreprises européennes en Chine. En visite depuis samedi dans l'ex-empire du Milieu, il a énuméré ce lundi devant les étudiants de la prestigieuse université Tsinghua de Pékin une liste de griefs assez inquiétante.
« Cela s'est traduit par une moindre transparence, un accès inégal aux marchés publics, des discriminations sur les normes et exigences en matière de sécurité, ainsi que des exigences en matière de localisation et de transfert de données », a-t-il dit.
Et le commissaire letton d'ajouter : « La nouvelle loi sur les relations étrangères et la nouvelle version de la loi anti-espionnage inquiètent grandement notre communauté d'affaires » car « leur ambiguïté laisse trop de marge d'interprétation ». Et de conclure que cet « environnement commercial plus politisé » inquiète les entreprises européennes.
« Flou des réglementations »
En déplacement à Pékin la semaine dernière, la responsable du numérique de la Commission européenne, Vera Jourova, n'avait pas dit autre chose et avait plaidé pour davantage de « clarté » des réglementations locales.
Vera Jourova et Valdis Dombrovskis rejoignent les conclusions du récent rapport annuel de la Chambre de commerce de l'Union européenne qui dénonçait un climat des affaires « de plus en plus ambigu » et le « flou » des réglementations les expose à davantage de « risques ». A tel point que 11% des entreprises européennes sondées ont déplacé leurs investissements actuels hors de Chine, selon la Chambre.
Pour autant, pas question de couper les ponts. La Chine reset un « partenaire, concurrent et rival » selon la doctrine stratégique européenne. Derrière la passe d'arme sur l'automobile, l'Europe veut éviter un conflit funeste et « maintenir le dialogue ouvert » avec son premier partenaire commercial, avait souligné samedi Valdis Dombrovskis. Mais Bruxelles entend aussi protéger son industrie automobile face à une déferlante d'importations chinoises bon marché. L'UE pourrait décider de taxer les véhicules importés de Chine, au-delà des 10% actuels. Mais il n'est pas sûr qu'elle y ait intérêt. Et réunir les preuves s'annonce complexe. Pour Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research (CAR) en Allemagne, le succès chinois dans les véhicules électriques ne provient pas de mesures protectionnistes mais plutôt d'une politique « intelligente » menée « sur le long terme ».Très en retard sur les motorisations essence et diesel, Pékin a investi très tôt dans les batteries, un secteur dont elle est devenue le champion mondial en s'assurant aussi un contrôle des filières de matières premières. Pour rappel, L'Europe avait subi un échec cuisant face à Pékin sur le marché des panneaux photovoltaïques. Après avoir imposé des mesures anti-dumping, elle les avait retirées en 2018, abandonnant complètement le marché aux concurrents chinois.
Le refus de Pékin de condamner l'invasion russe en Ukraine « nuit à l'image » de la Chine Le refus de Pékin de condamner l'invasion russe en Ukraine « nuit à l'image » de la Chine, a prévenu lundi le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis. « Il y a (...) un risque en termes de réputation pour la Chine », a déclaré le commissaire, et cette posture « nuit à l'image du pays, non seulement vis-à-vis des consommateurs européens, mais aussi des entreprises ». « L'intégrité territoriale a toujours été un principe-clé pour la Chine dans la diplomatie internationale », mais « la guerre menée par la Russie constitue une violation flagrante de ce principe », a-t-il souligné. « En outre, la Chine a toujours plaidé pour que chaque pays soit libre de choisir sa propre voie de développement », a ajouté Valdis Dombrovskis. « Il est donc très difficile pour nous de comprendre la position de la Chine sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine, car elle viole les principes fondamentaux de la Chine ». (AFP)
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