Eliminer complètement les combustibles fossiles n’est « pas réaliste », affirme le « Monsieur climat » de la Chine

Le caractère intermittent des énergies renouvelables nécessitera une « utilisation flexible » des combustibles fossiles afin de « maintenir la stabilité du réseau, la sécurité énergétique et le développement économique », a affirmé jeudi 21 septembre l’émissaire chinois sur le climat, Xie Zhenhua, à deux mois de la COP28. Pour parvenir tout de même à la neutralité carbone en 2060, Pékin compte ainsi s’appuyer sur des technologies de captage du CO2.
Marine Godelier
Xie Zhenhua, représentant spécial pour les affaires de changement climatique de la Chine au Sommet mondial sur l'action pour le climat de 2018.
Xie Zhenhua, représentant spécial pour les affaires de changement climatique de la Chine au Sommet mondial sur l'action pour le climat de 2018. (Crédits : Sommet mondial sur l’action pour le climat, Nikki Ritcher Photography)

C'est un message fort de Pékin à deux mois du lancement de la COP28, qui se tiendra à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 12 décembre. Alors même que cette énième conférence internationale sur le climat devra, une nouvelle fois, tracer un chemin vers un monde désintoxiqué des hydrocarbures d'ici à quelques décennies, ceux-ci resteront en réalité indispensables, a fait valoir jeudi 21 septembre Xie Zhenhua, l'émissaire chinois sur le climat.

Et pour cause, le « caractère intermittent des énergies renouvelables » comme l'éolien ou le solaire photovoltaïque, c'est-à-dire la variabilité de leur production en fonction de la météo, « nécessitera » l'utilisation de ces combustibles fossiles pour « maintenir la stabilité du réseau, la sécurité énergétique et le développement économique », a-t-il assuré à l'occasion d'un forum sur la mondialisation organisé à Pékin, en présence des ambassadeurs européen et américain en Chine, entre autres. Si bien que les « éliminer complètement » n'est « pas réaliste », a-t-il insisté.

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Source d'énergie « flexible » et « de secours »

Cela ne signifie pas pour autant que le pays fait une croix sur ses objectifs climatiques, alors que son président, Xi Jinping, s'est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2060. Pékin se montre d'ailleurs « ouvert » à l'idée de fixer un objectif mondial de développement des énergies renouvelables à l'occasion de la COP28, a souligné jeudi Xie Zhenhua.

Mais les hydrocarbures devraient, dans tous les cas, « servir de source d'énergie flexible et de secours », alors que les technologies telles que le stockage d'énergie à grande échelle et les réseaux intelligents (« smart grids ») ne sont « pas encore pleinement matures », a assuré le « monsieur climat » de la Chine.

Un discours à rebours de celui de la Commission européenne, qui espère s'appuyer sur des centrales thermiques décarbonées fonctionnant à l'hydrogène ou au gaz renouvelable, mais aussi sur la flexibilité de la demande et sur l' « effet foisonnement » (c'est-à-dire l'importation d'électricité éolienne depuis un pays où le vent souffle, au moment où celui-ci ne souffle pas sur son propre territoire, par exemple) afin de compenser l'intermittence des renouvelables, et ainsi tourner le dos aux combustibles fossiles.

Technologies de captation du CO2

Xie Zhenhua ne croit visiblement pas en cette stratégie. Et ce, alors même que la Chine est en passe de contrôler 50% des électrolyseurs (ces machines pour générer de l'hydrogène « propre ») dans le monde, affiche des records absolus d'installation d'énergies renouvelables sur son territoire, et bénéficie d'une géographie plus propice au foisonnement que le Vieux continent, avec davantage de régimes de vent.

Pour parvenir à atteindre malgré tout la neutralité carbone d'ici à 2060, le diplomate mise donc également sur le développement de la technologie de captage, d'utilisation et de stockage du carbone (CCUS). Concrètement, il s'agit d' « attraper » les gaz à effet de serre à la sortie des usines ou directement dans l'atmosphère, afin de les réinjecter dans le sous-sol terrestre ou de les réutiliser pour générer des carburants de synthèse, par exemple. Reste que ces méthodes, dont le modèle économique est très incertain, ne doivent pas être utilisées pour justifier de nouveaux investissements dans les énergies fossiles, estiment de nombreux spécialistes.

Lire aussiStocker le CO2 émis par les usines : pourquoi cette solution d'avenir ne décolle pas

Marine Godelier

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Commentaires 10
à écrit le 28/09/2023 à 10:50
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Le monsieur climat de la Chine changera d'avis, comme tout le monde, quand il comprendra que tout ce que l'on sort de la Terre pour le transformer en chaleur, à une fin ! Mais il changera d'avis bien avant.

à écrit le 23/09/2023 à 19:55
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"Éliminer complètement les combustibles fossiles n’est « pas réaliste »" sauf quand il y aura des moyens de stockage de quantités massives d'électricité. Des allemands ont mis au point un système de stockage par inertie (un système qui tourne à haute...

à écrit le 23/09/2023 à 11:07
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Pour les énergies renouvelables éoliennes ou solaires il faut un équivalent d'énergie fossiles pour compenser le manque de ces énergies renouvelables. De plus le manque de vent en Europe en 2021et 2022 de 15% contrairement à nos experts qui avaient p...

le 28/09/2023 à 10:54
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Encore un qui croit que quand il y a un gros nuages au dessus de sa tête et pas de vent, c'est. Est pareil sur toute la planète. Un conseil : regardez les cartes meteou à la TV 😁😃😂

à écrit le 23/09/2023 à 9:07
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Tout est question de postulat. Si l'on suppose que le développement économique doit être préservé, alors oui les hydrocarbures sont indispensables. Si l'on suppose que la température moyenne de la terre doit être préservée, alors non ils ne le sont p...

le 23/09/2023 à 9:18
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commençons par dénoncer ceux qui profite du petrole comme le secretaire de l'onu et tous le dirigeants qui se goinfre comme des hypôcrites et m macron qui se deplace en jet pour un paris le touquet

à écrit le 23/09/2023 à 8:58
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Ok mais quid de leurs milliers d'usines polluantes ?!

à écrit le 23/09/2023 à 6:10
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Soutien à ce monsieur qui ne cède pas à la mode écologique qui paralyse l'Europe ces temps ci

à écrit le 22/09/2023 à 18:53
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Eh ben on va lui taxer ses voitures électriques construites avec du pétrole et du charbon ...pour commencer.

le 23/09/2023 à 12:54
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Qui ??? Vous ?

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