
C'est un message fort de Pékin à deux mois du lancement de la COP28, qui se tiendra à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 12 décembre. Alors même que cette énième conférence internationale sur le climat devra, une nouvelle fois, tracer un chemin vers un monde désintoxiqué des hydrocarbures d'ici à quelques décennies, ceux-ci resteront en réalité indispensables, a fait valoir jeudi 21 septembre Xie Zhenhua, l'émissaire chinois sur le climat.
Et pour cause, le « caractère intermittent des énergies renouvelables » comme l'éolien ou le solaire photovoltaïque, c'est-à-dire la variabilité de leur production en fonction de la météo, « nécessitera » l'utilisation de ces combustibles fossiles pour « maintenir la stabilité du réseau, la sécurité énergétique et le développement économique », a-t-il assuré à l'occasion d'un forum sur la mondialisation organisé à Pékin, en présence des ambassadeurs européen et américain en Chine, entre autres. Si bien que les « éliminer complètement » n'est « pas réaliste », a-t-il insisté.
Source d'énergie « flexible » et « de secours »
Cela ne signifie pas pour autant que le pays fait une croix sur ses objectifs climatiques, alors que son président, Xi Jinping, s'est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2060. Pékin se montre d'ailleurs « ouvert » à l'idée de fixer un objectif mondial de développement des énergies renouvelables à l'occasion de la COP28, a souligné jeudi Xie Zhenhua.
Mais les hydrocarbures devraient, dans tous les cas, « servir de source d'énergie flexible et de secours », alors que les technologies telles que le stockage d'énergie à grande échelle et les réseaux intelligents (« smart grids ») ne sont « pas encore pleinement matures », a assuré le « monsieur climat » de la Chine.
Un discours à rebours de celui de la Commission européenne, qui espère s'appuyer sur des centrales thermiques décarbonées fonctionnant à l'hydrogène ou au gaz renouvelable, mais aussi sur la flexibilité de la demande et sur l' « effet foisonnement » (c'est-à-dire l'importation d'électricité éolienne depuis un pays où le vent souffle, au moment où celui-ci ne souffle pas sur son propre territoire, par exemple) afin de compenser l'intermittence des renouvelables, et ainsi tourner le dos aux combustibles fossiles.
Technologies de captation du CO2
Xie Zhenhua ne croit visiblement pas en cette stratégie. Et ce, alors même que la Chine est en passe de contrôler 50% des électrolyseurs (ces machines pour générer de l'hydrogène « propre ») dans le monde, affiche des records absolus d'installation d'énergies renouvelables sur son territoire, et bénéficie d'une géographie plus propice au foisonnement que le Vieux continent, avec davantage de régimes de vent.
Pour parvenir à atteindre malgré tout la neutralité carbone d'ici à 2060, le diplomate mise donc également sur le développement de la technologie de captage, d'utilisation et de stockage du carbone (CCUS). Concrètement, il s'agit d' « attraper » les gaz à effet de serre à la sortie des usines ou directement dans l'atmosphère, afin de les réinjecter dans le sous-sol terrestre ou de les réutiliser pour générer des carburants de synthèse, par exemple. Reste que ces méthodes, dont le modèle économique est très incertain, ne doivent pas être utilisées pour justifier de nouveaux investissements dans les énergies fossiles, estiment de nombreux spécialistes.
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