L'UE demande à la Chine plus de « clarté » pour les entreprises étrangères

La responsable du numérique à la Commission européenne, Vera Jourova, a plaidé ce mardi en Chine pour davantage de « clarté » des réglementations locales. Nombre d'entreprises étrangères, européennes et américaines, se plaignent depuis plusieurs mois d'un « flou » juridique préjudiciable à leurs activités. Une partie d'entre elles cherchent d'ailleurs des opportunités vers d'autres marchés.
Vera Jourova, responsable du numérique de la Commission européenne et vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence, a profité de son déplacement en Chine pour faire passer le message à ses homologues chinois.
Vera Jourova, responsable du numérique de la Commission européenne et vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence, a profité de son déplacement en Chine pour faire passer le message à ses homologues chinois. (Crédits : YVES HERMAN)

Difficultés d'accès au marché chinois, contraintes réglementaires aux contours vagues et sujettes à de nombreuses d'interprétations, traitements de faveur... La législation chinoise manque de transparence, a fustigé la responsable du numérique de la Commission européenne, en déplacement à Pékin, ce mardi 19 septembre.

« Personne ne critique les lois chinoises, nous voulons simplement qu'elles soient claires et qu'il soit facile de s'y conformer », a déclaré Vera Jourova, par ailleurs vice-présidente de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence.

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La responsable dit avoir fait passer le message à ses homologues chinois lors d'entretiens lundi, notamment avec le vice-Premier ministre, Zhang Guoqing. Ces discussions, dans le cadre d'un « dialogue numérique de haut niveau », ont porté, entre autres, sur la gouvernance des données et l'intelligence artificielle.

Un climat des affaires de plus en plus flou

Les entrepreneurs étrangers se plaignent de longue date des contraintes réglementaires imposées par la Chine. Ces remarques se sont multipliées ces derniers mois avec l'entrée en vigueur de nouveaux textes.

« Toutes les entreprises européennes souhaitent se mettre en règle (...), mais il est très très difficile de le faire si nous ne savons pas à quoi nous conformer », a aussi dénoncé ce mardi la Chambre de commerce de l'Union Européenne, qui représente plus de 1.700 entreprises installées en Chine.

Une entreprise européenne sur deux fait ainsi état d'« obstacles » pour ses activités en Chine et 62% ratent des opportunités, selon cet organisme qui s'interroge sur « le type de relation que souhaite la Chine avec les entreprises étrangères ».

Les milieux d'affaires sont par ailleurs préoccupés depuis l'entrée en vigueur en juillet d'une nouvelle version de la loi anti-espionnage, dans un contexte de tensions géopolitiques avec les États-Unis. Le texte renforce sensiblement la marge de manœuvre des autorités contre ce qu'elles considèrent comme des menaces à la sécurité nationale. « Mais qu'est-ce qui constitue exactement un secret d'État ? », s'interroge la Chambre de commerce de l'Union européenne dans son enquête annuelle. « Il manque une définition de ce qu'est une donnée dite importante », appuie Vera Jourova.

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Les entreprises étrangères commencent à regarder ailleurs

Selon la Chambre de commerce de l'UE, « la perception qu'ont les entreprises européennes du marché chinois, à savoir qu'il est prévisible, fiable et efficace, s'érode progressivement ». Ce contexte a conduit 11% des entreprises européennes sondées à déplacer leurs investissements actuels vers d'autres marchés que la Chine, selon l'organisme. Elles sont néanmoins bien plus nombreuses (24%) à vouloir renforcer leur chaîne d'approvisionnement dans le pays.

De leur côté, les entreprises américaines présentes en Chine affichent un optimisme au plus bas. En conséquence, elles cherchent de plus en plus à déplacer leurs investissements hors de Chine, selon un rapport de la chambre américaine de commerce de Shanghai (AmCham) également publié ce mardi. Le ralentissement de la croissance et les tensions géopolitiques entre Pékin et Washington nuisent à la confiance des investisseurs, note le document.

Interrogée à ce sujet, une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, a loué mardi « l'énorme potentiel » de l'économie de la Chine dont « les fondamentaux sur le long terme restent inchangés ».

Subventions chinoises dans l'automobile : l'UE « ne cherche pas un découplage » avec la Chine

Le déplacement de Vera Jourova en Chine survient après l'ouverture par Bruxelles, la semaine dernière, d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques, les constructeurs de l'UE s'inquiétant d'une concurrence déloyale. Cette mesure « prise au nom d'une "concurrence loyale" », dixit le ministère du chinois du Commerce, est « ouvertement du protectionnisme » et elle « aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Union européenne », a mis en garde Pékin dans la foulée.

L'UE « ne cherche pas un découplage » avec la Chine, a voulu rassurer Vera Jourova, au moment où certains politiques en Europe et aux États-Unis veulent réduire la dépendance de leur pays au géant asiatique. Toutefois, il faut « réduire les risques liés à nos interdépendances économiques [...] afin de rester compétitifs et de protéger nos intérêts européens essentiels », a-t-elle jugé.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 20/09/2023 à 8:59
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Après avoir accepté plus de 40 ans de flou total dans le seul nom du dumping social mais maintenant la main d’œuvre est trop chère, non mais quelle hypocrisie ! Autant dire que si les américains n'avaient pas levé le petit doigt l'UE resterait le bon...

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