Les grandes banques chinoises réduisent des taux pour décourager l'épargne

Les principales banques publiques chinoises ont annoncé ce jeudi baisser les taux d'une série de produits de dépôt. Cette mesure est destinée à soutenir l’activité et donc une croissance à la peine dans la deuxième économie mondiale. Les derniers indicateurs économiques de la Chine, qui viennent d’être publiés, se révèlent en effet décevants avec notamment une baisse des exportations et de l’activité manufacturière. Le gouvernement maintient toutefois ses objectifs de croissance.
Les principales banques chinoises avaient déjà réduit en septembre leur taux de rémunération des dépôts, une première depuis 2015.
Les principales banques chinoises avaient déjà réduit en septembre leur taux de rémunération des dépôts, une première depuis 2015. (Crédits : ATHIT PERAWONGMETHA)

La reprise économique post-Covid tant espérée de la Chine après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 tend ces dernières semaines à s'essouffler, tandis qu'elle a du mal à se concrétiser dans certains secteurs. Résultat, les grandes banques du pays ont décidé d'agir. Pour décourager l'épargne, et ainsi favoriser l'activité, et in fine soutenir l'économie, elles viennent d'annoncer des réductions de taux pour la rémunération des dépôts.

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Ainsi, la plus grosse banque de Chine en matière d'actifs, ICBC, sa concurrente China Construction Bank (CCB), ainsi que la première banque commerciale de Chine (BOC) et Agricultural Bank of China (ABC) ont notamment réduit de 15 points de base certains taux de dépôt. Cette mesure, qui répond à une demande du pouvoir chinois, est effective depuis ce jeudi 8 juin.

« Les petites banques vont probablement suivre le mouvement », présage l'analyste Ting Lu, de la banque Nomura.

Cette décision est loin d'être inédite. Les principales banques chinoises avaient déjà réduit en septembre leur taux de rémunération des dépôts. Une première depuis 2015.

Une laborieuse reprise économique

Des réductions de taux de la Banque centrale sont aussi à prévoir, compte tenu de la « détérioration rapide » de plusieurs indicateurs économiques, prévient Ting Lu. La Chine a en effet dévoilé mercredi des indicateurs décevants. Les exportations, historiquement un levier de croissance pour le pays, se sont contractées le mois dernier de 7,5% sur un an. Surtout, elles s'affichent quasi constamment dans le rouge depuis octobre 2022, à l'exception d'un bref rebond en mars et avril. La menace de récession aux États-Unis et en Europe, combinée à une inflation galopante, contribue à affaiblir la demande internationale en produits chinois.

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Quant à l'activité manufacturière, elle a connu en mai un repli pour le deuxième mois consécutif.

« L'indice PMI de l'industrie manufacturière chinoise est encore en baisse, ce qui indique que la reprise économique se heurte à des difficultés », commentait la semaine dernière l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

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Un nouveau plan de relance pour l'immobilier ?

L'activité chinoise est plombée par différents facteurs : le surendettement du secteur immobilier, traditionnellement un moteur de l'économie chinoise, une confiance des consommateurs en berne et le ralentissement économique mondial.

« La Chine est en partie dépendante de la santé des industries européenne et américaine qui réalisent l'assemblage de leurs produits en Chine », remarquait récemment Guillaume Dejean, analyste macro et change pour le groupe financier Convera. « Or l'inflation élevée et la remontée des taux d'intérêt dans ces régions ont sérieusement pénalisé la demande ».

Pour soutenir son économie, Pékin pourrait mettre en place un « nouveau plan de relance pour le secteur immobilier » et décréter des baisses de taux, presse l'analyste Ken Cheung, de la banque japonaise Mizuho. Pour relancer le secteur de l'immobilier, le gouvernement chinois avait déjà annoncé en novembre des mesures de soutien ciblées aux promoteurs les plus sains financièrement.

La croissance toujours attendue

Malgré ce contexte, le gouvernement chinois maintient ses objectifs de croissance pour 2023, fixés à environ +5%. Ce serait l'un des plus faibles depuis des décennies. Et encore, il ne sera « pas facile » à atteindre comme a déjà prévenu le Premier ministre Li Qiang. Le produit intérieur brut (PIB) chinois a progressé sur un an de 4,5% au premier trimestre 2023, son rythme le plus élevé en un an.

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Les institutions internationales le considèrent vraisemblablement possibles. Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance de la Chine de +5,3% cette année, puis +5,4% en 2024. Quant à l'OCDE, elle vient de relever ses prévisions à la hausse par rapport à ses précédentes de mars, s'attendant désormais à +5,4% en 2023 (+0,1 point) et 5,1% en 2024 (+0,2 point).

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 08/06/2023 à 19:01
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J'essaie de plus en plus d'éviter d'acheter made in RPC. Aujourd'hui face au peril que fait courir la Chine à l'occident nous devons réfléchir si possible à cesser d'alimenter le régime chinois qui est un risque pour les occidentaux au premier chef l...

à écrit le 08/06/2023 à 16:08
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Houlà il tangue le bateau Chine en ce moment.

à écrit le 08/06/2023 à 13:39
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Voilà une saine gestion de la monnaie, la monnaie est un moyen et non un but, permettant l'échange, elle doit circuler le plus rapidement possible ! ;-)

à écrit le 08/06/2023 à 11:30
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Conséquence, les Chinois vont épargner encore plus car ils vont se douter que quelque chose ne tourne pas rond au pays de Monsieur XI.

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