"No Billag" : c'était le slogan de cette initiative appelant les citoyens de la Confédération helvétique à se prononcer en faveur de la fin de la redevance audiovisuelle, en référence à Billag, le nom de la société chargée de la perception de cette taxe imposée à tous. Les Suisses ont largement rejeté cette proposition très controversée lors d'une votation ce dimanche. Selon les premières projections fournies par gfs.bern pour la chaîne publique SRF, le "non" l'a emporté à 71,6% des votants et la totalité des cantons. La marge d'erreur est de 3%.
La redevance en Suisse est l'une des plus chères d'Europe : elle s'élève actuellement à 451 francs suisses (392 euros). En 2019, son montant sera abaissé à 365 francs (319 euros) soit 1,2 milliard de francs suisses pour la Radio Télévisions Suisse (RTS), qui en tire 75% de ses ressources et emploie 6.000 personnes. Cette taxe sera désormais payée par tous, même ceux qui n'ont pas de poste de télévision ou de radio, les autorités ayant fait valoir que la télévision et la radio étaient désormais regardées et écoutées sur internet.
La proposition "No Billag" a été élaborée par le mouvement de jeunesse du parti Libéral radical, notamment au nom de la liberté de choix du consommateur :
"En forçant tout ménage à payer plus de 450 francs suisses chaque année pour une redevance radio et télévision, on porte atteinte à son droit à l'autodétermination" explique l'initiative sur son site, qui ajoute dans son argumentaire que "la suppression de la redevance permettrait de libérer un pouvoir d'achat de 1,35 milliard de francs suisses chaque année".
Autre critique : "Les privilèges accordés par l'Etat à la SSR (le groupe public propriétaire de la RTS) font d'elle une entreprise quasi-monopolistique qui possède de bien meilleures armes que la concurrence. Ce qui fausse le marché."
Question de cohésion nationale
La RTS est la seule radio-TV nationale de la Confédération : elle diffuse des programmes dans les quatre langues officielles du pays (allemand, français, italien et romanche). Sa société-mère, la SSR, propose 17 stations radio et 7 chaînes tv : elle "distribue les recettes de la redevance et de la publicité à ses unités radio/tv des quatre régions linguistiques selon une clé de répartition qui soutient les régions linguistiques minoritaires" explique le groupe média sur son site, qui souligne qu'il s'agit d'une "question de cohésion nationale".
Le Parlement suisse avait recommandé le rejet de cette initiative populaire. Seule l'Union démocratique du centre, le premier parti de Suisse (droite populiste) avait apporté son soutien à cette proposition, très clivante, mais qui n'a pas fait ressortir d'antagonismes par canton.
"Le rejet le plus important de cette proposition revient à Neuchâtel avec 78,25% devant le Jura 78,09%. Côté romand, Fribourg dit non à 77,62%, Vaud à 76,47%, Berne à 75,10%, Genève à 74,80% et le Valais à 71,16%" détaille la RTS sur son site.