Pakistan : l'ex-Premier ministre Imran Khan condamné à trois ans de prison pour corruption

L'ancien Premier ministre appelle à manifester après que le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir vendu des cadeaux d'État reçus lors de visites à l'étranger, lorsqu’il était Premier ministre de 2018 à 2022.
(Crédits : YANA PASKOVA)

L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été condamné à trois ans de prison après avoir été reconnu coupable dans un procès pour corruption, un verdict qui le disqualifie pour exercer des fonctions politiques.

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Imran Khan, Premier ministre jusqu'en avril 2022, qui n'était pas présent à l'audience, a été arrêté à son domicile de Lahore après la décision du tribunal et conduit dans la capital, a déclaré son parti, Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI). Son arrestation a été confirmée par l'entourage de l'actuel Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif.

Accusation de vente de cadeaux d'Etat

Le procès portait sur une enquête menée par la commission électorale qui a reconnu Imran Khan Khan coupable d'avoir vendu illégalement des cadeaux d'État pendant son mandat de Premier ministre, de 2018 à 2022. Le joueur de cricket de 70 ans devenu politicien a en effet été accusé d'avoir abusé de son statut pour acheter et vendre des cadeaux en possession de l'État qui ont été reçus lors de visites à l'étranger, d'une valeur de plus de 140 millions de roupies pakistanaises (635.000 dollars).

« Sa malhonnêteté a été établie sans aucun doute [...] Il a été reconnu coupable de pratiques de corruption en cachant volontairement et intentionnellement les avantages qu'il a tirés du Trésor public », a écrit le juge Humayun Dilawar dans la décision.

Le verdict comprend également une amende de 100.000 roupies (355 $) qui, si elle n'est pas payée, pourrait équivaloir à six mois de prison supplémentaires.

Vidéo sur les réseaux sociaux

L'avocat d'Imran Khan, Intezar Panjotha, a déclaré à l'agence de presse Reuters que la police avait arrêté Khan à sa résidence à Lahore. Les médias pakistanais ont décrit la police entourant son domicile après la publication du verdict. PTI a déclaré qu'un recours au nom de Khan a été déposé devant la Cour suprême contre la décision.

L'ancien Premier ministre, qui avait accédé au pouvoir en 2018 grâce à une vague de soutien populaire, à un manifeste anti-corruption et au soutien de la puissante armée pakistanaise, a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible. « Il est important de mentionner qu'il n'y a eu aucune possibilité de présenter des témoins et qu'aucun moment n'a été alloué pour rassembler les arguments », a déclaré un membre de l'équipe de M. Khan.

Dans une vidéo enregistrée avant son arrestation et publiée sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter, Imran Khan a exhorté ses partisans à rester « pacifiques et forts », mais aussi à descendre dans la rue pour protester.

« Je n'ai qu'une seule demande, un seul appel pour vous. Vous ne devez pas vous asseoir tranquillement à l'intérieur de vos maisons. La lutte que je mène n'est pas pour moi-même, c'est pour ma nation, pour vous. Pour l'avenir de vos enfants », a-t-il déclaré.

Intertitre

Ce n'est pas la première fois qu'Imran Khan est arrêté. Le 9 mai, l'ancienne star de cricket avait été placée sous écrou pour corruption, avant d'être remis en liberté trois jours plus tard. L'affaire avait déclenché violents affrontements entre ses partisans et sa police, avec au moins neuf personnes étaient décédées, et plusieurs hauts dirigeants du parti avaient été détenus pendant les troubles.

Imran Khan, qui avait été évincé du pouvoir par une motion de censure, estime d'ailleurs que le gouvernement cherche à tout prix à l'écarter des prochaines élections. Dans son message publié sur les réseaux sociaux, celui-ci a fait référence au « Plan de Londres », un terme qu'il utilise pour désigner un complot présumé entre l'actuel chef de l'armée, le général Asim Munir, et l'ancien Premier ministre à trois reprises Nawaz Sharif, qui s'est exilé à Londres depuis 2019. Selon Imran Khan, le le gouvernement aurait travaillé avec les États-Unis dans un complot visant à le destituer, ce que les deux parties ont rejeté.

L'armée a précédemment rejeté les affirmations d'Imran Khan selon lesquelles il avait quelque chose à voir avec de prétendues tentatives passées d'assassinat.

Les affirmations de l'ancien joueur de cricket international ont touché une corde sensible auprès d'une population jeune, dans un pays où la colère et la désillusion à l'égard de l'establishment politique et militaire sont alimentées par une crise du coût de la vie croissante et où le sentiment anti-américain est répandu.

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(Avec agences)

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