Le Venezuela tend les bras aux entreprises françaises qui veulent produire du pétrole et du gaz

Lors du sommet du G7 en Allemagne, la France a plaidé pour une « diversification des approvisionnements » de pétrole vers l'Iran et le Venezuela afin de freiner l'envolée des prix provoquée par la guerre en Ukraine. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, s'est dans la foulée déclaré prêt à accueillir les entreprises françaises qui veulent produire du pétrole et du gaz. En parallèle, Paris appelle les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production « de manière exceptionnelle ».
« Le pétrole vénézuélien doit pouvoir être remis sur le marché », considère l'Elysée.
« Le pétrole vénézuélien doit pouvoir être remis sur le marché », considère l'Elysée. (Crédits : Carlos Jasso)

Le pétrole vénézuélien et iranien, soumis depuis plusieurs années à des sanctions internationales, pourraient faire leur retour sur le marché. C'est en tout cas le souhait de la France, afin que ce surcroît d'offre permette d'atténuer la flambée des prix liée à la baisse d'approvisionnements énergétiques en provenance de Russie.

Cette annonce, faite en marge du sommet du G7 à Elmau en Allemagne ce lundi 27 juin, n'a pas tardé à faire réagir le gouvernement vénézuélien.

« Président Macron ! Le Venezuela est prêt à accueillir toutes les entreprises françaises qui voudraient venir produire du pétrole et du gaz », a lancé le président Nicolas Maduro à la télévision publique dans la soirée.

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Deux pays sous sanctions...

Les États-Unis et le Venezuela ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019 après la réélection de Nicolas Maduro pour un second mandat un an plus tôt, lors d'un scrutin boycotté par l'opposition. Dans le but de l'évincer du pouvoir, Washington a reconnu le leader de l'opposition Juan Guaido comme président intérimaire, imposant une batterie de sanctions à Caracas. Ces mesures comprennent notamment un embargo depuis avril 2019 qui empêche le Venezuela d'échanger son pétrole brut - qui représentait alors 96% des revenus du pays - sur le marché américain. Depuis lors, Nicolas Maduro a reçu un soutien important de la Russie pour pouvoir continuer à exporter du pétrole malgré les mesures punitives.

Dans le sillage américain, la France avait aussi reconnu Juan Guaido comme président intérimaire, déclenchant l'ire de Nicolas Maduro. Mais, le poids du leader de l'opposition a considérablement baissé ces derniers mois.

Outre le pétrole vénézuélien, les capacités de l'Iran sont également soumises à des sanctions américaines. « La négociation sur le dossier nucléaire iranien est aujourd'hui bouclée en ce qui concerne le nucléaire mais ne l'est pas en ce qui concerne la relation entre l'Iran et les États-Unis sur une question spécifique, les sanctions américaines liées au terrorisme. Donc il y a un nœud à dénouer le cas échéant » afin que le pétrole iranien puisse être « remis sur les marchés », a-t-elle précisé.

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... en cours d'allègement pour le Venezuela

Alors que le pétrole vénézuélien était sous le feu des projecteurs lundi lors de la réunion du G7 en Allemagne, une délégation américaine était reçue au Venezuela par le président de l'Assemblée nationale Jorge Rodriguez. L'annonce a été faite par le président Maduro, sans plus de détails. Cette visite devrait avoir pour but de prolonger les discussions amorcées en mars entre Caracas et Washington à la surprise générale. Selon plusieurs observateurs, elles ont pour but de tenter d'éloigner le Venezuela d'un de ses principaux alliés (la Russie) et d'envisager un assouplissement des sanctions américaines sur le pétrole dans un contexte de tension à la hausse du prix du baril.

Après ces discussions, Caracas avait libéré deux Américains détenus au Venezuela, une action considérée comme un geste de bonne volonté du président vénézuélien. En mai, Washington a annoncé qu'il allait assouplir de manière limitée certaines sanctions contre le Venezuela, dont une liée à la compagnie pétrolière Chevron, afin de promouvoir le dialogue entre le gouvernement de Maduro et l'opposition.

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Un appel à augmenter la production de pétrole

La France a par ailleurs appelé les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production. « Nous avons besoin que les pays producteurs produisent davantage de manière exceptionnelle », le temps de passer le cap de la crise, a déclaré la présidence française. Rappelant au passage que « l'objectif de la neutralité carbone reste clairement réaffirmé ».

Le président américain Joe Biden doit en discuter à l'occasion de sa visite en Arabie saoudite en juillet. Emmanuel Macron est aussi « en contact » avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, ainsi qu'avec le nouveau président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, a relevé l'Elysée.

Au cours d'un échange capté par les caméras à Elmau, lieu du rendez-vous des dirigeants du G7, le président français a d'ailleurs rapporté à Joe Biden la teneur d'un appel avec son homologue des Emirats concernant les capacités des pays producteurs de pétrole. « Il m'a dit deux choses : la première "je suis au maximum, maximum"», s'agissant du nombre des barils mis sur le marché par les Emirats. « Et puis il a dit que (les) Saoudiens pouvaient augmenter de 150 (milliers de barils par jour). Peut-être un peu plus, mais ils n'ont pas d'énormes capacités avant six mois », selon Emmanuel Macron.

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Lors de leur dernière réunion début juin, les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, le premier exportateur mondial d' « or noir », ont accepté d'ouvrir un peu plus les vannes. Mais les Occidentaux souhaiteraient qu'ils dopent davantage leur production pour stabiliser le marché.

Enfin, la France est favorable à la proposition américaine de plafonnement des prix du pétrole ("price cap") mais juge nécessaire de l'élargir au gaz et à tous les acteurs du marché. « Le principe d'un price cap est acceptable, il peut être soutenu mais son mode d'emploi est assez incertain. Il faut qu'il soit le plus large possible », a estimé la présidence française, appelant à des « discussions approfondies ».

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(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 28/06/2022 à 16:37
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Selon le principe de l'extraterritorialité des lois US, toute entreprise française qui irait là bas pourrait prendre des amendes de la part des US, donc méfiance.

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