Pour réchauffer ses relations avec la Chine, Olaf Scholz va rencontrer Xi Jinping la semaine prochaine

Le chancelier allemand Olaf Scholz va se rendre samedi en Chine pour une visite de trois jours au cours de laquelle il doit rencontrer entre autres le président Xi Jinping, a annoncé lundi son porte-parole Steffen Hebestreit. Il s'agira du deuxième voyage d'Olaf Scholz dans ce pays depuis sa prise en fonction fin 2021.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président chinois Xi Jinping, en novembre 2022.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président chinois Xi Jinping, en novembre 2022. (Crédits : Reuters)

Olaf Scholz va se rendre en Chine samedi prochain pour une visite de trois jours, a annoncé ce lundi son porte-parole, Steffen Hebestreit. Il s'agira du deuxième voyage de chancelier allemand dans ce pays depuis sa prise en fonction fin 2021.

Lors de cette visite, Olaf Scholz doit rencontrer, entre autres, le président Xi Jinping. Le programme est toujours en cours d'élaboration, mais la date de la rencontre avec le dirigeant chinois est fixée à mardi de la semaine prochaine, de même que celle prévue avec le Premier ministre chinois, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le lendemain de son arrivée sur le sol chinois, le chancelier se rendra dans la métropole de Chongqing, souvent considérée comme la plus grande ville du monde avec ses quelque 33 millions d'habitants. Il doit visiter un site de production d'une entreprise allemande spécialisée dans les moteurs à hydrogène.

Lundi, il se rendra à Shanghai pour, là aussi, visiter une usine « d'un fabricant de plastique allemand » et tiendra « un discours dans une université », a annoncé le porte-parole allemand du chancelier. Il sera accompagné par trois de ses ministres (Environnement, Agriculture et Transports) et une délégation d'industriels.

La précédente visite d'Olaf Scholz critiquée

Sa précédente visite en novembre 2022 avait été critiquée en raison de la proximité de Pékin vis-à-vis de la Russie. La Chine n'a jamais explicitement condamné la guerre d'agression russe contre l'Ukraine. « Je pense que la Chine a de l'influence sur la Russie » et « notre souhait » serait qu'elle « soit en mesure d'exercer cette influence », a souligné Steffen Hebestreit.

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Le voyage d'Olaf Scholz s'était également tenu en plein débat sur le besoin pour la première économie européenne de réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine. Sur fond de montée des tensions géopolitiques, l'Allemagne a durci, depuis un an, sa position vis-à-vis de la Chine et cherche à maintenir un équilibre délicat entre poursuite de la coopération économique et protection de ses intérêts stratégiques et sécuritaires.

Après des mois de discussions, l'Allemagne s'était alignée sur la doctrine de l'Union européenne qui ne cherche pas à se « couper » (« decoupling ») complètement du marché chinois, mais à réduire les risques (« de-risking »). Cette stratégie visait à renforcer la sécurité et réduire les dépendances unilatérales de l'Allemagne, dans un contexte d'inquiétudes croissantes en Europe et aux Etats-Unis face aux ambitions de Pékin.

La Chine, premier partenaire commercial de l'Allemagne en 2023

La Chine est restée en 2023 le premier partenaire commercial de l'Allemagne, mais ne devance désormais que de peu les Etats-Unis, a indiqué le 14 février l'Office statistique allemand Destatis, reflétant la nouvelle stratégie allemande de distanciation avec Pékin. Des marchandises d'une valeur de 253,1 milliards d'euros ont été échangées entre la Chine et l'Allemagne, soit une baisse de 15,5% sur un an. Les échanges avec les Etats-Unis, deuxième partenaire de l'Allemagne, ont pour leur part progressé de 1,1%.

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Si Pékin reste le premier partenaire commercial de Berlin pour la huitième année consécutive, le haut du classement est en mutation, et le commerce avec la Chine ne surpasse celui avec les Etats-Unis que de 0,7 milliard d'euros, alors que l'écart était de 50,1 milliards d'euros en 2022.

Avec 58,4 milliards d'euros, le déficit commercial de l'Allemagne vis-à-vis de la Chine s'est réduit sur un an, tandis que Berlin a enregistré un surplus de 63,5 milliards d'euros avec les Etats-Unis qui restent le premier débouché du « made in Germany ». Les exportations allemandes vers la Chine ont reflué de 0,6% en 2023, selon les chiffres de l'Office des statistiques Destatis publiés lundi 8 avril.

« Sauvegarder une concurrence loyale » avec l'UE

En novembre dernier, le président chinois Xi Jinping avait appelé Olaf Scholz à exhorter l'Union européenne à « sauvegarder une concurrence loyale sur les marchés » lors d'un entretien en vidéo, a rapporté le média d'Etat chinois CCTV.

« La Chine considère l'Europe comme un partenaire stratégique global et un pôle important dans un monde multipolaire », avait déclaré Xi Jinping à Olaf Scholz Scholz, selon la chaîne de télévision publique CCTV.

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« Nous espérons que l'Allemagne poussera l'UE à défendre les principes du commerce et de l'équité, et qu'elle travaillera avec la Chine pour sauvegarder une concurrence loyale sur les marchés et le libre-échange », avait ajouté le dirigeant chinois.

« Les relations entre la Chine et l'UE sont liées à la stabilité mondiale et à la prospérité du continent eurasien, et méritent tous les efforts des deux parties pour les sauvegarder et les développer », a-t-il poursuivi.

La Chine et l'Allemagne sont des « grandes puissances responsables » qui doivent « développer harmonieusement leurs relations bilatérales et donner l'exemple d'une coopération gagnant-gagnant », a encore estimé Xi Jinping.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 09/04/2024 à 10:05
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Deux glaçons se réchauffer ? On peut pas attendre l'apéro plutôt non ? ^^

à écrit le 08/04/2024 à 20:08
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A l'évidence Scholz part renégocier les termes de sa reddition économique à l'empire des Hans fabriquant l'essentiel des composants assemblés en Allemagne par une main d'oeuvre issue de Turquie. Vive le Made in Germany à défaut du Made by German...

à écrit le 08/04/2024 à 19:17
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 08/04/2024 à 18:09
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Realpolitik.

à écrit le 08/04/2024 à 17:42
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Y a t il encore un dirigeant au Monde pour parler des Droits de l'homme en Chine? Sujet fondamental qui devrait suffire à déterminer une politique commerciale vis à vis de la Chine. Avec un pays qui ne respecte pas sa propre population, ses différent...

à écrit le 08/04/2024 à 17:26
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Russie, Israël, Chine: pour l'Allemagne, les principes sont là uniquement pour bloquer l'industrie de ses "partenaires" européens, mais les valises de billets extra-européens n'ont décidément aucune odeur. Et cela venant qui plus est d'un parti se d...

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